Le cœur gros, la tête baissée entre les épaules et les mains jointes, je regarde mes souliers. Je les trouve fades, pas assez colorés. Je suis assise sur une balançoire dans un parc et je pense à toi. Puis, je pense à moi. Je pense à comment je me sens et j’imagine comment toi tu te sens en ce moment.

Moi je me sens triste. J’ai le regard perdu et je m’ennuie de l'ancienne moi. Pas celle que j’étais quand je sortais avec toi, mais celle que j’étais avant toi. Celle qui se maquillait un jour sur deux et qui aimait la couleur de ses cheveux après une journée au soleil. Celle qui avait des projets, des rêves et des passions. Celle qui, dans son regard, n’avait que de l’amour pour les gens qui l’entourent. Celle qui aimait voyager et appréciait la beauté des paysages. Celle qui était spontanée, enjouée et franche. Celle qui ne se posait pas de questions, celle qui était impulsive et en même temps vulnérable. Je m’ennuie, au fond, de cette confiance et de cette insouciance qui faisaient qui j’étais.

femme fenêtre triste sombreSource image: Unsplash

Cette légèreté qui m’habitait me manque. Le jour que tu es arrivé dans ma vie, tu me l’as prise. Ce n’est pas de ta faute, je te l’ai donnée, je n’étais pas si solide que ça en fin de compte. La vie avec toi était comme mes souliers, fade et pas assez colorée. Tu étais anxieux. Anxieux que je sorte, anxieux que j’aie du plaisir sans toi, anxieux que je voie mes amies, anxieux que tes amis m’apprécient, anxieux que je rencontre quelqu’un d’autre au travail, à l’épicerie, aux magasins ou au dépanneur. Tu étais anxieux de me perdre.

Ta jalousie prenait une grande place dans notre couple et brimait ma liberté. Je t’aimais si fort, mais les chicanes se multipliaient et du coup, les sourires s’effaçaient. Tu me faisais vivre de la culpabilité. Tu me faisais me sentir mal de ne pas être capable de répondre à toutes tes inquiétudes. Pourtant, tu avais tout. Tu avais la beauté, l’intelligence et l’agréabilité. Tu avais tout, mais finalement la jalousie t’a tout pris.

Aujourd’hui je m’en veux d’avoir resté dans tes bras trop longtemps le matin. Je m’en veux de ne plus avoir cette joie de vivre qui m’habitait autrefois. Je sais qu’elle va revenir puisqu’elle fait partie de moi, de qui je suis, mais pour l’instant j’ai du travail à faire. Les jours où je me trouve belle sont rares et c’est la raison pour laquelle je dois reconstruire cette confiance en moi.

Je sais que le temps va arranger les choses et pour commencer je vais m’acheter de nouveaux souliers colorés.

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