Une noirceur instable gronde au fond de moi. Je suis comme un volcan, prêt à exploser. Je suis une mer au milieu de l’orage, qui s’agite au rythme du tonnerre. Je bouillonne d’émotions vives, je suis imprévisible. Comme une lionne cachée dans les hautes herbes qui attend pour attaquer sa proie, on ne sait jamais quand je déciderai de bondir.

La situation de ma terre ne me convient plus. Je ne tolère plus les décisions communes, je ne veux plus faire partie de ces faux pas.

Parfois, je me surprends, dans l’élan de rage, à me demander pourquoi je crie si fort, pourquoi ma mâchoire est si crispée et mes veines pulsent à la surface de ma peau humide. Je suis fatiguée de hocher la tête et de faire « comme si ».

Alors je m’enflamme, comme la nature sauvage.

Être prise au piège me pousse à réagir souvent trop franchement aux choses qui m’arrivent. Il ne faut pas me forcer à accepter des idées qui ne sont pas les miennes, à naviguer contre mes valeurs et mes convictions.

L’humain, lorsqu’il est au pouvoir, a tendance à emprisonner les choses pour les contrôler, plutôt que de les apprivoiser. Je ne suis pas faite pour être mise en cage. Je ne suis pas faite pour cette façon de cloisonner le monde. Les frontières invisibles me font grimacer, je suis de ceux qui ne peuvent pas prétendre que la hiérarchie me convient.

Trop souvent dans le passé, les idéaux préconçus ont déchiré mes rêves, ont écorché mon esprit jusqu’à le plonger dans des recoins obscurs. C’est cette fragilité, qui réside maintenant dans mon cœur, que ma tête tente de protéger. Et lorsqu’on me parle de choses qui ne font aucun sens, je ne peux contenir les ténèbres en moi.

Je suis presque quasi certaine que la liberté nous est due. Et ceux qui tentent de la brimer utilisent des outils tangibles sur un concept abstrait. C’est comme essayer d’attraper le vent dans un bocal, de contenir le brouillard dans un filet à papillons. La nature est sauvage, nous faisons partie de la nature. Nous ne faisons qu’un.

Pourquoi semble-t-il impératif de capturer tout ce qui est libre ? De clôturer la Terre, de la délimiter ? De s’approprier des territoires et des peuples ? Pourquoi vouloir posséder le monde ?

Jusqu’où iront les hommes menés par leur cupidité ?

Image de couverture par Matt Palmer
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