Pour lire la partie 1 de mon texte, c'est ici!
Quelqu’un qui fume la cigarette depuis des années, il n’y voit pas de problème jusqu’à temps qu’il arrive quelque chose, comme un cancer du poumon. Là, il doit arrêter. Ouf, c’est là qu’il s’aperçoit que c’est difficile. Impossible presque. C’est ça une dépendance. Ok, il y en a peut-être des pires que d’autres. Mais ça reste dur sur le corps et l’esprit, peu importe la dépendance, ça nous joue dans la tête.
Le problème ici, c’est 2020. C’est la COVID-19. Ce virus qui nous a frappé de plein fouet en mars, et qui nous empêche de mener une vie normale. C’est sur qu’il y a pire, je suis en santé, ma famille et mes amis aussi. Mais pour moi, l’accro aux voyages, aux activités en tout genre, aux aventures, la fille qui doit toujours bouger, c’est difficile. C’est un peu comme être en prison. Il y a même un moment où on nous conseillait de ne pas sortir de notre région. Pratiquement même de rester à la maison. Je ne l’ai pas trouvé drôle.
Mon dernier voyage, c’était juste avant Noël, dans un tout-inclus à Saint-Martin. Je prévoyais repartir en mai pour ma fête, comme je le fais chaque année. Six mois d’écart entre les deux voyages, pas mal. J’avais trouvé le vol, les hôtels, les activités, il ne restait qu’à réserver. Quelques jours plus tard, la COVID-19 avait frappé le monde entier. Je me suis dit: « pas grave, c’est encore loin, la fin mai! » Mais le temps avance, et la pandémie ne nous quitte pas. Les cas ont diminué certes, mais nos droits ont été restreints. Le port du masque est obligatoire partout. Pas de ci, pas de ça. C’est correct, il faut se protéger et protéger les autres. Mais le plus dur, c’est de ne pas savoir quand ça va finir.
Source image: Unsplash
Les douanes avec les États-Unis sont fermées depuis maintenant cinq mois. Le gouvernement du Canada nous conseille d’éviter tout voyage non essentiel à l’extérieur du pays. Si on quitte le pays, les assurances ne couvrent pas la COVID. Et au retour au pays, une quarantaine de 14 jours est obligatoire sous peine d’amandes très salées. Voyager en ce moment, c’est pratiquement impossible. Donc, seule option raisonnable pour mes vacances d’été : visiter le Québec, chose que j’ai déjà faite et refaite et qui ne m’intéresse pas plus qu’il faut.
Ça fait des mois que je pense à un plan b. À partir dans l’Ouest pour mes vacances, deux semaines tant attendues prévues à la fin août. Mais est-ce réellement une bonne idée? Prendre l’avion en temps de pandémie. Vancouver, c’est un vol de presque six heures, sans compter le temps d’attente dans les aéroports, je devrai porter un masque plusieurs heures consécutives. Une fois rendue là-bas, c’est la même chose qu’ici, endroits fermées ou restreints, files d’attente, masques obligatoires, distanciation partout… Je me suis donc posé la question au moins 1000 fois, est-ce que ça vaut la peine? Est-ce que je veux réellement dépenser 2000$ pour un voyage avec des restrictions? La réponse, c’est sûrement non, mais la panique s’empare ensuite de moi. « Mais si je ne pars pas là, quand vais-je reprendre l’avion? » Ça fait déjà huit mois que je n’ai pas pris l’avion. Ce n’est pas arrivé depuis que j’ai commencé à voyager. Pour moi, ne pas pouvoir voler pendant un an, c’est impensable. Quand je m’arrête pour penser, et que je me dis que je ne prendrai pas l’avion avant encore plusieurs mois (parce que personne ne sait quand on pourra recommencer à voyager), je capote. Vraiment. Ça me fait mal en dedans, ce n’est pas une blague. J’angoisse, j’ai envie de pleurer, j’ai plus le goût de rien faire. C’est grave là. C’est ma « raison de vivre », ma motivation qui part en fumée. C’est dur. Oui ça l’air con, mais pour moi, c’est ça ma réalité. C’est là que je me rends compte que c’est plus qu’une passion. C’est surtout quand mon chum me dit « prends ça positif, c’est comme un sevrage! » Ça m’a comme donné un choc. J’ai besoin d’un sevrage de voyage? Mais tout ce que je pense dans ma tête, c’est: « Non! Je ne veux pas! Aucunement envie! » Mais maintenant, je fais quoi? J’y vais, ou j’y vais pas. Mon cerveau y pense toute la journée. J’ai de la misère à me concentrer sur autre chose. J’essaye de me convaincre que c’est correct d’y aller. « J’ai vu deux filles sur Instagram prendre l’avion la semaine passée. » Oui, pour leur travail. Moi, est-ce que j’en ai vraiment besoin? Est-ce que ce serait mieux de faire un « sevrage » de voyage?