Ça peut paraître bizarre à dire parce que 90% des gens adorent voyager ; c’est normal d’aimer ça. Une dépendance ça sonne mauvais. Une dépendance au jeu, à l’alcool, à la drogue ; c’est un asservissement. Le comportement répété n’est plus un choix, mais une obligation. Tu en as besoin partout dans ta tête et dans ton corps. Ça vient combler quelque chose, mais quoi? Pour moi, c’était d’échapper et de fuir mon anxiété. 

J’ai pris l’avion pour la première fois à 24 ans, une semaine avant de fêter mes 25 ans. J’en rêvais depuis tellement longtemps, mais j’avais peur. J’étais anxieuse, au maximum. Je m’empêchais de faire tellement de choses. Un jour, j’ai réussi à me sortir de ça. C’est là que pour moi tout a changé. J’ai commencé par faire des roadtrips ; Hampton Beach, Boston, New York, Toronto, Old Orchard, etc. Puis, après la dixième fois à New York, j’avais envie de plus. C’était maintenant le temps de prendre l’avion. J’avais un partenaire de voyage, assez d’argent, et des vacances et je n’avais plus peur, enfin tous les éléments étaient réunis, let’s go!

Je me souviens très bien de mon premier vol. C’était en début de soirée fin mai. Un peu plus de 4h00 de vol, Montréal-Calgary avec West Jet. Je n’étais pas stressée, j’étais juste vraiment excitée. J’avais choisie un banc au milieu de l’avion, on m’avait dit que c’était l’endroit le plus stable. Le vol s’est super bien passé, aucune turbulence, aucun problème. Je me souviens du moment où, après avoir pris possession de notre Jeep loué, j’ai vu les montagnes des rocheuses pour la première fois. Je me souviens de mon réveil, le lendemain matin à Banff. Je me souviens d’avoir ouvert les rideaux et de voir ces montagnes aux sommets enneigés dans ma face, et de m’être dépêchée à sortir dehors pour contacter  mes parents par vidéo pour leur montrer. J’étais tellement fière d’avoir réussi, d’être partie en voyage, sans même avoir peur. J’avais officiellement, et ce dès que l’avion avait décollé, eu la piqûre des voyages. Je le savais déjà que ce serait le premier d’une longue liste.

Vue d'avionSource image : Unsplash

Bien que mon train de vie ne me permette pas de voyager autant que je le voudrais, je pense que je n’ai pas à me plaindre. Je viens d’avoir 28 ans. Nous sommes à l’été 2020, et j’ai pris l’avion la première fois en 2017. En trois ans, j’ai pris l’avion au total 17 fois. Miami, Las Vegas, Paris, Rome, les îles grecques… Je sais, c’est intense et j’ai aucunement à me plaindre. Je suis une personne intense. Je vis ma vie au maximum. L’important, pour moi, c’est de toujours avoir du plaisir dans la vie sinon, c’est zéro. J’ai toujours été intense, mais l’intensité de mon désir de voyager, je pensais que c’était positif. On découvre de nouveaux endroits, de nouvelles cultures, de nouvelles langues… Mais, est-ce que ce l’est vraiment quand ça devient aussi intense?

Dans un monde idéal, je partirais en voyage à tous les 2-3 mois. Des petits voyages, d’une durée d’une semaine, maximum deux. Ne croyez pas que je ne suis pas bien chez moi. Au contraire, j’adore ma maison. C’est la mienne, juste à moi. Je l’ai vraiment mise à mon goût et j’en suis fière. J’ai ma petite «famille» à moi ici. J’ai un chien, un chat, un lapin, des poules. Je les adore. Je m’ennuie immédiatement de mon chien dès que je quitte la maison. Mais, mon désir de voyager ne me retiendrait pas éternellement à la maison, même si je suis bien chez moi. J’ai un énorme besoin de bouger, d’aventures et de découvertes. Quand j’étais jeune, je pouvais faire le tour de ma liste d’amis pour ne pas être seule un jour de fin de semaine. Est-ce parce que je suis enfant unique? Peut-être. Mais, j’ai besoin de bouger, de faire des activités. Pour moi, c’est impensable ne rien faire une belle journée d’été où je suis en congé. Je suis hyperactive d’activités.

Je me répète, mais je n’ai pas à me plaindre. Je n’ai peut-être pas fait les 5-6 voyages par année que j’aimerais (si j’étais riche, et que j’avais plein de temps libre) mais, dans les trois dernières années, j’en ai fait 2-3 par années, en plus de plusieurs roadtrips lors de longs weekends. Je pense que j’ai bien entretenu cette passion, même que je l’ai alimentée, et puisque je suis une personne intense, je l’ai peut-être transformée en dépendance.

Pourquoi je parle de dépendance? Je m’explique : les voyages, c’est mon sujet de conversation numéro un, avec tout le monde, même ceux qui n’aiment pas vraiment ça. Je connais les pays, leurs villes et leurs capitales, pas mal toutes par cœur. Je passe minimum une heure par semaine à regarder mes photos de voyage sur mon ordinateur ou sur mon cellulaire. Des photos de voyage, j’en ai pris des tonnes! Je vais à tous les jours sur Pinterest pour enregistrer des photos de voyage. J’ai 19 tableaux de voyages, pour plusieurs pays ou itinéraires que je voudrais faire éventuellement. En tout, j’ai près de 4000 photos de voyage enregistrées dans mes différents tableaux. J’achète compulsivement des livres de voyages, d’itinéraires ou pays en particulier, de «choses à faire ou voir» dans telle ou telle région du monde. Ulysse, Lonely planet, Routard, National Geographic, name it. Je les lis religieusement chaque soir avant de me coucher. À la maison, j’ai plusieurs cahiers Canada remplis d’itinéraires de voyage, prêts pour quand viendra le temps de partir. D’ailleurs, on me demande souvent des conseils pour organiser des voyages. L’an dernier, on m’a dit à la blague « Coudonc, es-tu encore citoyenne canadienne? » parce que j’étais toujours partie aux États-Unis. Au moins une fois par mois. C’est con, mais pour moi, c’était un méga compliment. C’est comme si j’avais atteint mon but ultime dans la vie. J’ai relu ce commentaire au moins 30 fois en souriant.

Planification voyageSource image : Unsplash

Mais, il y a aussi la question de l’argent. Les voyages ça coûte cher. Très cher. Et comme j’ai dit plus tôt, j’ai ma maison, mes animaux… ça aussi ça coûte cher! Je ne suis pas riche, j’ai une job dans la moyenne, un salaire raisonnable, mais sans plus. Je vis bien, mais je me paye pas mal de luxe aussi. J’aime beaucoup aller magasiner. C’est dur pour moi de faire un choix, de faire un compromis, je veux tout avoir. Mais, avoir des dettes me rend anxieuse à mort, donc j’essaye fort de ne pas me rendre jusqu’à là. Pour moi, avoir 1000$ sur ma carte de crédit, c’est un cauchemar. J’ai souvent l’air cheap. Je ne suis pas la fille qui fait les plus gros cadeaux, ni qui donne le plus gros pourboire au restaurant, ou qui donne à des œuvres de charité. Je travaille fort pour me payer mes voyages. J’économise ailleurs. Ça m’arrive de manger des sandwichs aux œufs trois jours de suite. Ça m’arrive, encore même à presque 30 ans de «têter» de l’argent à mes parents. Ça m’arrive de vendre des vieux objets sur Kijiji ou sur Marketplace pour me faire plus d’argent, et ça m’arrive de négocier (à chaque année) tous mes contrats afin d’obtenir de meilleurs prix. À la fin du mois, l’argent qui me reste de côté, je la mets dans mon compte voyage. C’est ça qui m’importe. Pour moi, c’est ça ma motivation à me lever le matin. Savoir que je vais gagner de l’argent en vue de futurs voyages, de nouvelles aventures. J’adore vivre ces moments, mais j’adore tout autant les planifier. Je suis une excellente planificatrice de voyages. Je connais tous les sites d’hôtels à rabais, les sites de transporteurs aériens, de locations de voitures…. Je peux passer des heures et des heures chaque semaine à planifier mon prochain voyage. Je regarde des photos, je lis des blogues. Je ne veux rien manquer, et surtout je veux le meilleur, au meilleur prix!

Jusqu’ici, aucun problème, non? Pour lire la suite, c'est ici!

Source image de couverture : Unsplash
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