Je ne suis pas folle, je suis TPL

Depuis maintenant 2 ans, j’ai mon diagnostic de trouble de la personnalité limite (TPL). J’ai envie de vous dire, il était temps! Les premiers traits se sont manifestés lors de mon adolescence, déjà là, je me sentais en contradiction avec tous les autres. J’ai toujours vécu les émotions de façon intense. Mon pédopsychiatre me disait continuellement : Ludivine, tu vois toujours tout soit en blanc, soit en noir, mais il existe du gris. Cette phrase est le résumé parfait du trouble avec lequel je vis chaque jour.

Le trouble de la personnalité limite touche 1,4% de la population. La population en général a beaucoup de préjugés sur les personnes qui ont ce trouble. Nous sommes perçues comme des personnes qui sont trop intenses, qui sont colériques, impulsives, violentes et agressives. Aujourd’hui je vais démystifier ce trouble.

Premièrement, le trouble de la personnalité limite est une réponse à un ou des traumatismes dans l’enfance.

En effet, les personnes atteintes ont vécu soit de la négligence, des abus physiques ou sexuels, la perte subite d’un être cher, ou d’autres événements indécents. Vivre des événements, comme ceux-ci ont un impact direct sur le cerveau. Entre autres, sur la partie responsable des émotions, l'amygdale, qui est dans notre cas, hyperactive. C’est pour cette raison que nous passons par une large gamme d’émotions intenses dans une même journée. La mémoire peut aussi être un grand défi lorsqu’on a ce trouble. La partie responsable de la mémoire est l'hippocampe, qui, dans notre cas, à des difficultés à encoder les souvenirs. C’est notamment pour cette raison que la plupart d’entre nous ont des difficultés à se souvenir de certains moments de l’enfance ou de la vie en général.

Deuxièmement, le trouble de la personnalité est un spectre, donc chaque personne qui en est atteinte le vit de façon différente.

Par exemple, moi je le vis de façon assez silencieuse. Ce qui veut dire que je le vis par en dedans, c’est rare que je l’extériorise, sauf en période de crise ou avec mon entourage très proche. Certaines personnes vont le vivre beaucoup plus intensément que d’autres, comme n’importe quel autre trouble. C’est entre autres pour cette raison que les symptômes sont aussi vastes. En passant par les comportements autodestructeurs comme l’automutilation, en allant jusqu’à la peur intense d’être abandonnés, les personnes atteintes de ce trouble se retrouvent facilement prises dans un tourbillon d’émotions qui enchaînent sur des comportements qui affectent leur façon d’agir. En bref, ce trouble agit donc sur les émotions, les relations avec les autres, les comportements et sa propre image de soi.

Troisièmement, le trouble de la personnalité limite peut entrer en comorbidité avec d’autres troubles de santé mentale.

En effet, une personne atteinte peut aussi avoir des troubles alimentaires, des problèmes de dépendance, un choc post-traumatique et même un trouble bipolaire. La comorbidité des troubles fait souvent en sorte qu’il est difficile de savoir quels comportements font partie de quels troubles. Un des plus gros symptômes associés à presque tous les troubles de santé mentale est les pensées suicidaires. Saviez-vous que le trouble de la personnalité limite est le trouble qui cause le plus de tentatives de suicide et de suicides ? Les personnes qui en sont atteintes souffrent énormément. Les crises suicidaires ne sont pas à prendre à la légère.

Si vous avez quelqu’un dans votre entourage qui en souffre, renseignez-vous sur ce trouble.

Discutez avec elle, demandez-lui ce que vous pouvez faire pour l’aider en cas de crise. De savoir que les gens autour de nous, nous soutiennent et s’intéressent à ce qu’on vit, est une très grande preuve d’amour et d’amitié. De plus, ne soyez pas gêné d’aborder le terme du suicide lors d’une crise. Demandez clairement à la personne si elle a des idées noires, si elle a un plan ou si elle a envie de mourir. C’est difficile et inconfortable de poser ces questions, mais dites-vous que vous pouvez sauver une vie. Si la personne devant vous répond oui à toutes ces questions, vous devez l’amener immédiatement à l’urgence. Si vous n’êtes pas sûrs de quoi faire ou de comment réagir, il existe les centres de crises qui peuvent vous aider et vous guider dans les bons comportements à avoir.

N’oubliez pas que les personnes atteintes du trouble de personnalité limite sont des personnes qui souffrent, qui sont traumatisés et rappelez-vous que notre cerveau est seulement différent du vôtre.

Pour plus d’informations :

Image de couverture de Marcus Dall Col