Chère moi,
Je suis désolée.
Je suis désolée de constamment ignorer les émotions que tu ressens, et de prendre pour acquis ta capacité à dénier ton propre malheur jusqu’à ce qu’il se console de lui-même. Je suis désolée de prendre de ton temps à aider ton prochain, sans jamais me questionner sur ce que je peux faire pour t’aider toi. De ne jamais prendre le temps de te laisser aller mieux. D’être à l’écoute de tous et chacun sans jamais te questionner sur comment tu te sens, toi…
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Je suis désolée d’avoir longtemps cru que tu te plaisais dans l’inaction. De t’avoir convaincue que tes envies devaient se teinter de celles des autres, que tu devais constamment adapter tes passions aux passions des gens qui te côtoient. Je t’ai menti. Je suis désolée d’avoir ignoré les pulsions qui résonnaient au creux de ton cœur, de peur que le changement t’assomme et que tu ne puisses te relever. D’avoir forcé le « peu importe » au fond de ta gorge jusqu’à ce que tu le dises comme un réflexe, alors que tout t’importe, en réalité...
Je suis désolée de t’avoir fait ressentir ce que tu croyais être de l’amour pour des gens qui ne le méritaient pas. De leur avoir donné tout ce que tu possèdes, sans jamais ne te demander si tu consentais à l’échange. D’avoir implanté dans ta tête des sentiments qui n’étaient pas les tiens, d’avoir tant joué sur le déni et l’ignorance que tu en finissais par ne plus savoir quels sentiments tu possédais vraiment. Je t’ai bernée, je suis désolée…
Je suis désolée de t’avoir souvent fait sentir comme un échec, comme un être peu désirable. De te fixer des objectifs irréalistes et de t’en vouloir de ne pas réaliser l’impossible. De te juger et de te parler comme à une moins que rien. Je suis désolée d’avoir cultivé les mauvaises herbes qui poussaient au fond de ta conscience. De t’évaluer à coup de comparaisons malsaines, et de te laisser moisir dans le sentiment d’insatisfaction sans ne rien faire pour que tu te sentes mieux. J’ai fait pousser en toi des pensées qu’aucun être humain ne devrait posséder…
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Je suis désolée de devoir encore m’excuser, car je finis toujours par te mettre dans cette position-là. La position dans laquelle tu es encore insatisfaite de tes agissements, la position dans laquelle tu t’évalues par rapport à l’amour que tu n’as pas su te donner à toi-même.
Et je ne vais pas te promettre que tout ça va changer, car j’ai décidé de ne plus te faire de promesses que je ne suis pas capable de tenir. Mais par contre, je veux que tu saches que je suis consciente de tout ce que je te fais vivre. Que je travaille fort, et que je vais continuer de travailler fort, pour te démontrer que je tiens à toi et que je veux que tu te sentes bien. Parce qu’au final, tu es tout ce que j’ai. Et tout ce que j’ai, c’est la base de tout ce que je peux mettre en place pour nous deux.