Dans la première partie de cet article, nous avons abordé comment l’estime de soi se construit au cours de l’enfance. Ici, nous tenterons de vous illustrer comment le résultat de cette construction de l’estime, peut influencer notre façon d’être en relation, et ce, toujours selon la théorie de la PGRO (Psychothérapie Gestaltite des Relations d’Objet).
Saine ou fragile?
La personne qui a une estime de soi saine aura une vision positive d’elle-même plutôt stable sur le long terme, et elle ne s’effondrera pas face aux échecs ou aux critiques. Elle aura tendance à apprendre des critiques plutôt que de chercher à s’en défendre. Elle considérera qu’elle a de la valeur, même si elle est imparfaite, sera capable d’accepter les compliments, de s’attribuer ses réussites, de s’affirmer et de savoir se faire respecter. Elle aura une bonne connaissance de ses forces et faiblesses. Elle ne changera pas d’attitude en fonction du contexte et restera authentique dans sa façon d’agir pour être en accord avec ses valeurs. Elle n’aura pas besoin de rechercher le prestige ou le pouvoir, pour s’estimer et être estimée des autres, bien qu’elle puisse l’apprécier. Elle entretiendra aussi une considération sincère pour les autres et leurs idées. Enfin, elle ne cherchera pas à exploiter ou à dévaloriser autrui.
La personne qui a une estime de soi fragile, peut avoir certains traits de personnalité qui dénotent cette fragilité, parfois ces traits sont si nombreux et importants qu’on parle d’un trouble de la personnalité narcissique. Néanmoins, les enjeux d’estime de soi sont loin de toujours s’exprimer comme un trouble de la personnalité, mais sont fréquents, alors il est pertinent de comprendre de quelles façons ils se manifestent.
La dualité des enjeux
Ce qui est particulier et qui peut sembler paradoxal, c’est que ces enjeux d’estime peuvent s’illustrer soit comme une apparence de trop grande assurance, ou à l’inverse par une grande insécurité, mais les deux cachent une blessure d’estime. Ainsi, voici ce que l’on peut observer à différents niveaux chez des personnes qui auraient des enjeux d’estime de soi. Ces personnes pourraient avoir tendance à avoir une préoccupation excessive pour leur sentiment de valeur et l’image qu’elles projettent qui doivent être « parfaite ».
Elles pourraient alterner entre des sentiments irréalistes de supériorité comme se sentir bonnes, grandioses, meilleures que les autres, pour se protéger du sentiment de honte de soi, et des sentiments d’infériorité. Parfois, les personnes ayant des enjeux d’estime de soi ne le réalisent pas, parce qu’elles se croient réellement supérieures et meilleures que les autres. Elles ont toutefois tendance à se sentir insuffisantes, inadéquates et pas à la hauteur, et pourront ressentir une insécurité́ dans leurs relations sociales et amoureuses. Elles risquent d’avoir peur du jugement des autres, de craindre le rejet et de ne pas être aimées.
Les personnes ayant une estime fragile pourraient craindre l’échec.
Celui-ci les amène à se sentir honteuses, vide et sans valeur. Elles pourraient envier les autres qui réussissent et mépriser ceux et celles qu’elles jugent comme inférieurs. Elles pourraient aussi avoir tendance à rechercher le pouvoir à tout prix. En effet, pour elles le pouvoir sera confondu avec le sentiment de valeur, où plus la personne est prospère et puissante, plus, elle a de la valeur.
La honte, la déception chromique et la dévalorisation sont des sentiments qu’elles vivent souvent. Ces émotions peuvent provenir de la perception qu’il y a un écart entre ce qu’elles ont l’impression d’être et ce qu’elles souhaitent être. Évidemment, elles seront sans doute susceptibles à la critique, qui est vécue comme dévastatrice, et chercheront à se défendre vigoureusement face à un reproche. Quand elles vivent une réussite, elles pourraient se sentir comme un imposteur qui ne mérite pas vraiment ces éloges ou encore minimiseront leur contribution ou attribueront leur succès à des facteurs externes.
« Afin d’apaiser le sentiment d’infériorité qui l’habite, elles pourraient rechercher anxieusement l’admiration et la gratification des autres.»
De façon tout à fait contraire, elles pourraient avoir tendance à se vanter, à utiliser la séduction, le charme et à avoir des relations extra-conjugales puisque l’accumulation de conquêtes les rehausse dans leur sentiment de valeur, de façon artificielle, un peu comme un ballon d’hélium. 🎈
Vous pouvez commencer à imaginer comment les enjeux d’estime de soi peuvent contribuer à de l’instabilité au sein des relations conjugales. Nous vous invitons à lire la suite pour mieux prendre conscience de l’impact de ces enjeux individuels sur les dynamiques de couple.
Dre Aline Gauchat, Ph. D., psychologue
Dre Nathalie Gauthier, Ph. D., psychologue