Je parle souvent de la société et des cases qu’elle nous impose. Des stéréotypes et des préjugés qui nous collent au cul. D’un peuple malade. Je parle souvent de l’importance de l’écoute, de l’empathie et du respect. Je parle de tendre la main à ceux qui en ont besoin.

Bin je suis hypocrite.

Parce que ce combat, je ne le mène pas seulement contre la société. Je le mène contre moi. Je prône l’écoute, mais je n’ai pas été capable de saisir les signaux d’alarme de mon propre corps. J’ai attendu trop longtemps. J’ai attendu que le stress me paralyse. J’ai attendu que les larmes me caressent les joues tous les matins, tous les soirs. J’ai attendu d’être bouffée tout rond par ce grand trou noir qu’est l’anxiété. L’anxiété qui est bien chum avec la dépression. Ces mots que personne ne veut prononcer. Ces mots qui sonnent grave, qui sonnent malade. Ces mots qui sont incompris.

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Je prône l’empathie, mais j’étais la première à étouffer mes émotions. Je préférais être engourdie. Engourdie de l’intérieur. Sachant très bien que ce n’était pas moi. Comme si justement, je voulais m’en éloigner. Je ne voulais plus être cette fille sensible. Cette fille qui a l’estime déséquilibrée. Cette fille qui remet sa valeur entre les mains de la société, entre les mains des autres qui ne savent pas en prendre soin. Et un cerveau, c’est intelligent. Les émotions, ça représentait un danger. Le danger d’être vulnérable à nouveau. D’être incomprise, surtout. Le danger lié à mon discours intérieur, à la petite voix qui me jugeait, qui me trouvait conne, qui m’influençait tout le temps. Je ne voulais plus. Je n’avais pu la force. Ça m’apportait rien de bon, qu’un cœur inconsolable. Alors mon cerveau, il a compris. Il s’est mis à me protéger. Il a développé son propre système. Quand une émotion montait, elle était aussitôt aspirée. Ni vu ni connu. C’est bien beau tout ça, mais quand mon système s’est brisé, parce qu’il n’y a rien d’infaillible, ç’a été incontrôlable… Des émotions à n’en plus finir. Des émotions démesurées. Des émotions qui s’étaient accumulées. Des émotions qui, au fond, voulaient juste être reconnues. Écoutées. Réconfortées. Comme une enfant. Comme l’enfant en dedans de moi.

Je prône le respect, mais si je vous parlais comme la petite voix dans ma tête me parle, la solitude serait ma meilleure amie. C’est agressant. C’est méchant. C’est gratuit. Le pire, c’est qu’on s’habitue. Mon discours intérieur, il était ancré. Je ne l’entendais plus, mais j’agissais en conséquence. Je ressentais en conséquence. Je m’étais imposé de grandes exigences. Des exigences liées aux attentes de la société surtout. Je voulais tellement les atteindre, quitte à ce que j’ai de la misère à reprendre mon souffle. Quitte à me rendre malade du corps et de l’esprit. Quand ma vie a commencé à s’éloigner de tout ce que j’avais pu imaginer, j’ai vu en moi qu’un échec. Et c’est une étiquette qui est lourde. Comme un boulet à la cheville, on n’avance pas. On s’enfonce. Un ami, je l’aurais aidé sans hésiter, mais c’était juste moi. C’est ça que je me disais.

Jusqu’à ce que je m’arrête. Que je regarde les dégâts. Les dégâts que j’avais moi-même causés sans le savoir.

Jusqu’à ce que j’aille chercher l’aide nécessaire pour ramasser tous ces débris-là. Parce qu’à deux, ça va plus vite.

J’apprends encore à m’écouter, à gérer mes émotions, à m’exprimer sainement.

J’apprends encore à être indulgente envers moi-même, envers mon parcours.

J’apprends encore à refuser les étiquettes sociétales.

J’apprends encore à protéger mon cœur des gens malhonnêtes, malintentionnés.

J’apprends encore à me respecter, à m’accepter dans mon entièreté.

J’apprends encore, toujours, tout le temps.

C’est donc un continuel combat que j’ai su transformer en apprentissage.

Aujourd’hui, je me tends la main.

C’est fini l’hypocrisie.

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