Je déteste les articles du genre : 10 choses que seules les mamans savent. Et que c'est une liste exhaustive qui t'explique pourquoi tu ne seras pas vraiment heureuse dans ta future vie chaotique. Ce n'est pas dit comme ça, bien sûr. Sinon personne ne voudrait avoir d'enfants. Mais c'est bien ce qui se cache entre les ''Tu vas toujours manger froid'', les ''Tu vas faire beaucoup de lavage'' et les ''Faire des activités n'est jamais relaxant''.

Mettons, on jase là, même si je sais pertinemment que toutes ces phrases sont vraies, est-ce qu'on peut juste s'encourager entre mamans?

Et pas s'encourager en se disant ''Tu vas voir comme ta vie va devenir difficile hihihi!'', mais plus dans le genre ''Les choses vont changer, mais je vais être là si jamais tu as besoin!''. Se soutenir vraiment, entre femmes, entre mamans. Pourquoi est-ce que ça doit toujours être un genre d'hymne de bienvenue dans la misère de la maternité? Un genre de ''We are all in this together'', mais pour de quoi de pas si le fun, finalement?

Oui, ce genre d'article se termine toujours sur une bonne note, en disant que voir sourire ton enfant est la plus belle chose sur la terre. Alors pourquoi les neuf autres choses me donnent déjà un mal de tête et l'envie de retourner mon enfant à l'expéditeur avant même son arrivée?

Je ne suis pas en train de dire que je n'ai pas hâte d'être maman ou que je regrette mon choix d'être enceinte. Pas du tout.

D'ailleurs, le documentaire de Patricia Beaulieu et Jessica Barker, qui est sortie à Canal Vie le 26 janvier à 19h et qui sera ensuite disponible sur Noovo.ca et Crave, semble aborder le sujet de la santé mentale périnatale de manière totalement pertinente. Ça vaut la peine! C'est quelque chose qui existe et dont il faut plus parler! Plusieurs femmes passent à travers des dépressions, troubles anxieux, allant même jusqu'à la psychose, à la suite de leur accouchement.

Être maman, ce n'est pas une farce. 

Je trouve simplement difficile que, sous prétexte de me prévenir de ce qui m'attend, on me fasse une liste exhaustive de tout ce qui va me manquer et de tout ce que je vais perdre. Le temps pour moi : perdu. Prendre une douche? Plus maintenant. Le sommeil? N'en parlons même pas, ce mot n'existe plus. Ça ne donne pas envie. Mais derrière ça, il faut tout de même montrer l'image parfaite de la maman qui fait tous ses repas maison et qui est organisée pour tout? Est-ce qu'être parents se résume à ça?

Je comprends le principe de changement. Je sais qu'il y a de l'adaptation à faire et que rien ne sera plus comme avant. Je ne l'enregistre probablement pas encore à 100%, mais ça se fera en temps et lieu. Ce sont les presque menaces du ''Tu vas voir...'', avec un air qui semble en savoir dont ben beaucoup sur la vie, qui me tue. Pas le fait de me faire dire que ce sera probablement difficile et différent. Ça, je n'en doute pas une seconde.

Alors, future maman, je m'adresse à toi, d'égale à égale. Parce que je suis dans le même sac à couches que toi. Je veux juste te dire une petite chose :

Oui, ça ne sera pas facile tous les jours. Oui, des fois, tu ne sauras plus où donner de la tête. Oui, tu vas peut-être te sentir mal de regretter un peu ta vie d'avant et, à ça, on va surement te répondre quelque chose qui te fera te sentir encore plus mal de l'avoir dit à voix haute. Oui, ça se peut que toutes les choses dont on t'a parlé sur la vie de maman soient vraies. Mais c'est possible que non. Ou c'est possible que tu t'en foutes un peu, en bout de ligne. Que, finalement, ces choses que seules les mamans savent sont simplement les conséquences d'une vie différente. Oui, causé par un enfant, mais ça aurait aussi très bien pu être autre chose. Un nouvel emploi, un nouvel amoureux, un décès ou une rupture.

Aussi, pour finir, je veux te dire que c'est correct d'aller chercher de l'aide si tu passes des moments où tu ne te reconnais plus. Tu n'es pas obligée de te battre toute seule. Tu peux être découragée et en détresse psychologique. Ce qui n'est pas correct, c'est qu'une autre maman te dise sur un ton presque victorieux : Tu voix, je te l'avais dit!

Là, tu as le droit de la frapper dans les côtes.

Source de l'image de couverture : Unsplash
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