Ça fait drôle à dire, mais j’ai suivi mon propre conseil dernièrement et j’ai fait de bien belles découvertes. En effet, j’ai récemment fait de la recherche pour un article sur 10 québécois.es à suivre sur Instagram pour s’éduquer et j’ai décidé de moi-même m’abonner aux pages que je vous ai conseillées! Parmi celles-ci, j’ai découvert une designer graphique super inspirante et talentueuse qui fait toutes sortes de projets vraiment importants. Je veux donc vous la faire découvrir sous toutes ses facettes à vous aussi au travers de notre entrevue ensemble! Voici donc une porte d’entrée dans l’univers de Niti Mueth...
1) Décris-moi Niti Mueth en quelques mots
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Je suis une artiste multidisciplinaire basée à Montréal. J’ai 24 ans, bientôt 25. Je suis d’origine Camerounaise et Haïtienne. Je suis réservée, je n’aime pas trop parler de moi ou de ma vie ou parler tout court. C’est pour ça que je le fais à travers l’art et que j'écris et pense beaucoup. J’utilise la narration visuelle pour concevoir des expériences significatives. Mon travail se forme par différents médiums tels que l’illustration, le design graphique, l’animation ainsi que la sérigraphie et s’articule autour d’une réflexion sur les expériences des femmes de couleur.
2) Parle-moi un peu de ton parcours
J’ai toujours été une artiste. En maternelle déjà on me commissionnait mes premiers portraits. Depuis lors, j’explore plusieurs avenues artistiques. Je suis designer graphique de formation et directrice artistique de profession. Selon moi, il n’y a pas de limite à ce qui est réalisable. Je suis une touche à tout, rien ne peut arrêter mon ambition.
3) Qu’est-ce qu’on devrait savoir sur la conception graphique?
Être designer graphique consiste à concevoir des solutions de communication visuelle claires afin de traduire des idées par la création de concepts imprimés et numériques. Ou tout simplement, à analyser un problème de communication visuelle, évaluer les besoins et proposer des solutions permettant de le résoudre.
4) En quoi consiste ton travail plus précisément?
Mon travail est tellement varié. Il consiste principalement à passer des heures devant un écran, à réfléchir et à se poser des questions. La plupart du temps je suis designer graphique, illustratrice et directrice artistique, mais j’aime prendre un moment pour me concentrer sur mes projets personnels en faisant de la sérigraphie, des animations et des moodboards. Les clients avec qui je collabore sont souvent des entreprises qui reflètent des valeurs communes aux miennes, plusieurs sont féministes. Je m’estime chanceuse de pouvoir faire ce que j’aime au quotidien et de pouvoir en vivre.
5) Qu’est-ce qui t’inspire à créer au quotidien?
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La représentation. Je suis ma propre muse. Étant un être complexe qui cherche à créer sa place dans cette société, mon travail est un peu un journal intime auquel les gens peuvent s’identifier. Un journal qui reflète des expériences partagées par tellement de gens, car malgré nos différences, on est pas mal tous pareils.
6) Comment as-tu trouvé le processus de créer ta propre collection de vêtements?
C’est encore en processus en fait, j’ai tellement à apprendre. J’aimerais pouvoir collaborer avec des designers d’ici qui partagent mes valeurs. Sinon pour l’instant, c’est moi qui fait tout, de la création à l’impression. C’est beaucoup de travail, mais j’aime ça!
7) Qu’est-ce que tu penses du mouvement contre le racisme, le privilège blanc et la brutalité policière qui se passe en ce moment?
Ça fait longtemps que ça se produit et même ici au Canada. Ces prises de conscience, plusieurs d’entres nous les ont eues depuis longtemps. Je pense qu’à ce stade-ci, on est juste tannés. J’ai appris beaucoup sur la société dans laquelle on vit, maintenant c’est aux autres d’apprendre, d’écouter et d’agir.
8) Considères-tu ton art comme une forme de militantisme?
Ça m’a pris du temps avant de le réaliser, car je veux que mon travail soit une pratique authentique empreinte de joie. Même s'il y a des moments où mon être cherche à résister à cet effort en tant qu’individu prise avec des expériences de marginalisation. Mon but est donc de rendre nos histoires visibles, donc oui, c’est une forme de militantisme.
9) Est-ce que Montréal est une bonne place pour s’épanouir en tant qu’artiste?
Oui et non. Oui parce qu’il y a plusieurs opportunités, mais elles ne sont pas toutes accessibles. Oui, parce qu’il y a tellement une grande communauté de laquelle on peut apprendre et s’enrichir, mais cette communauté manque de diversité.
10) Parle-moi un peu du projet de la murale « La vie des noir.e.s compte – Black Lives Matter » à Montréal
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Ce projet a été initié par la Fondation Dynastie (et non par la ville de Montréal) en collaboration avec Never Was Average. J'ai eu l'opportunité de pouvoir faire la direction artistique et de contribuer à la fresque en tant qu'artiste en collaboration avec 17 autres artistes noir.e.s de Montréal. Cette fresque est une opportunité de pousser la discussion plus loin. Mais ce n'est pas parce que Montréal a une fresque que le racisme va disparaître comme par magie. L'art est un moyen de s'exprimer, de passer un message, de se poser des questions et d'avoir des discussions. Mais il y a encore beaucoup d'actions à poser afin d'arriver à une société plus inclusive.
11) À quoi peut-on s’attendre de toi dans le futur en tant qu’artiste?
J’ai pas vraiment d’objectifs ou de plan, je vis ma vie au jour le jour. Je me concentre sur ce que fais aujourd'hui et je le récolte plus tard. On peut s’attendre à rien d’autre que moi qui fait de l’art, la façon dont cela se manifestera sera une surprise pour vous et moi donc restez à l'affût :)
J'espère que vous avez apprécié autant que moi de découvrir cette femme très talentueuse et inspirante! Allez jeter un coup d'oeil à la page de Niti sur Instagram : @nitimueth