Partie 1 – Ma quarantaine
J’ai écrit ce blogue presque comme si je m’adressais à mon cher journal intime, que je délaisse trop souvent puisqu’il m’apparaît un peu lourd de jeter sur papier tous les états d’âme qui me rendent visite!
J’avais l’habitude d’exprimer mes états d’âme à mon entourage. Mais depuis les dernières années, inconsciemment, je me suis refermée. Peut-être parce que je pensais que je ne pouvais pas me permettre de tomber trop bas ou d’être trop vulnérable, avec tout ce que je dois gérer autour de moi ainsi que pour tous les gens qui y gravitent. À part plusieurs «étrangers rencontrés dans le train» lors de périples et quelques amies très proches – qui sont devenues des sœurs – je sens que j’ai quelque peu perdu l’art de me raconter!
Bref, j’ai eu envie de vous parler comment j’ai vécu ma quarantaine en premier lieu. Vous prendrez bien ce qui vous convient et laisserez de côté ce qui fait moins votre affaire!
De la Tunisie…
Il peut sembler difficile de comprendre pourquoi ai-je quand même décidé de me rendre en Tunisie par affaires – accompagnée de mon amie journaliste Sarah-Émilie – du 7 au 14 mars. Toutefois, avant notre départ, la conjoncture était tout autre. Nous n’aurions jamais pris la décision de voyager une semaine plus tard.
Malgré que je travaille dans l’industrie du tourisme et que je suis de très près la crise depuis les derniers mois, lorsque l'on ne vit pas une situation de l'intérieur, il est plus difficile de comprendre l'ampleur des répercussions de celle-ci. Quoique je n’aie jamais dédramatisé la réalité des atteints du COVID-19 et à risque, je crois tout de même que j'avais un peu pris les faits à la légère à cette époque.
Je ne réalisais pas à mon retour la chance de pouvoir rentrer au pays – presque sans anicroche – lorsque quelques jours plus tard, tous les vols se sont annulés un par un.
Pour en savoir plus sur mon arrivée ET mon retour – un peu mouvementé – de la Tunisie, lire mon histoire publiée sur la page Facebook du webzine féminin Les Voyageuses du Québec.
Quarantaine…
Le 14 mars, on s’est dépêchées à rentrer et à se confiner dans le charmant 4 et demi de Sarah-Émilie. À ce moment, on n’y a même pas pensé à deux fois – ça allait de soi – par respect pour les autres et bien sûr afin de suivre les recommandations gouvernementales. On a lavé nos vêtements à l’eau chaude et désinfecté toutes nos trouvailles et surfaces dans la maison (je dois rappeler que je ne suis normalement pas très axé sur le ménage. Mais depuis ce temps, je nettoie! Un bon côté de ce que la crise a amené!).
Malgré que l’on n’ait pas présenté la majorité des symptômes identifiés de la COVID-19 – par exemple des difficultés respiratoires – (même si on sait maintenant que plusieurs individus atteints sont aussi asymptomatiques), on est prises avec des maux de tête assez quotidiens (je suis aussi sujette aux migraines dans la vie de tous les jours) et des douleurs musculaires assez importantes. Malgré tout, je crois que le fait de rester enfermées, d’être constamment sollicitées par les nouvelles ainsi que de devoir gérer de nombreuses urgences au travail, n’aident sûrement pas à se sentir bien physiquement.
Ma routine se passe pas mal ainsi: je passe du lit, à la salle à manger, au bureau et au sofa en soirée. Et quelquefois, lorsque j’y pense, je m’offre une trop courte pause sur le balcon de fortune. J’avoue que je passe trop de temps devant mon ordinateur - comme je souhaite tellement tout faire pour rassurer mes voyageurs (j’ai fondé une agence de voyages) ainsi qu'écrire que ce soit qu’un dernier article (la grande majorité des contrats d’articles, de livres et de conférences sont tombés comme ce fut le cas pour presque tous mes collègues). On prend notre température au moins deux fois par jour, on se lave les mains jusqu’au point où elles ont pris un coup de vieux et on boit de l’eau sans arrêt.
Sarah-Émilie insiste pour que tout soit comme à l’habitude. Moi, j’ai du mal. C'est surtout elle qui continue de me faire rire, qui me console lorsque je pleure (j’ai pleuré beaucoup la première semaine!), qui me pousse à laisser de côté à l'occasion mon ordinateur, qui me force même à sortir de mon pyjama (car je porte même ses vêtements), de prendre ma douche et même de manger un morceau (et de me gâter avec quelques flûtes de bulles!).
Les incontournables de mes journées: la visite de mon chum qui m’apporte le café, accompagné de mon bébé chien, des amis qui viennent nous porter des cadeaux, des fleurs et des vives. Et que dire de tous ces appels vidéo avec les amis aux quatre coins du monde? Tous ces amis extraordinaires d’ici et d’ailleurs, souvent rencontrés en voyage. Tous ces merveilleux individus croisés pendant des congrès ou voyages de presse au Kenya, Ouganda, Pays basque espagnol, Australie, Nouvelle-Zélande, Antarctique, Arctique,… avec qui je garde des liens serrés via nos groupes WhatsApp. Merci la technologie! J’en ai presque les larmes aux yeux lorsque j’y pense! Je n’aurai jamais autant texté (avec ma sœur et mes parents) et parlé au téléphone qu’en période de quarantaine et de confinement. Ça semble être le cas pour plusieurs d’entre nous et c’est génial de se rapprocher! C’est dans les moments de crises et d'instabilité que l’on se rend compte qui sont nos vrais amis!
Ça m’a fait mal au coeur d’entendre tous les jours des histoires de voyageurs qui étaient rentrés au pays dernièrement et qui continuaient de vivre leur vie librement, sans aucune considération pour les autres. «On ne vous demande pas de partir au front, on vous demande seulement de rester chez vous!» Je pensais souvent à mes parents, âgés et à la santé plus fragile, que ces «voyageurs» pourraient croiser. Heureusement que depuis le 25 mars, des mesures draconiennes ont été mises en place. Mais ça me dépasse encore de réaliser que certaines personnes ne respectent pas les consignes et recommandations!
J’en profite pour vous joindre l’un des articles pratiques que j’ai écrit!