Pas plus, pas moins. C'est le vaisseau de chair qui nous transporte d'une aventure à une autre, c'est lui qui nous permet l'amour et la douleur, c'est le nid qui permet à la vie d'éclore. C'est ce qui nous rend humain, vulnérable, fragile et fort. C'est beau, un corps.

La nudité ne devrait pas être perçue comme étant avant tout sexuelle. La nudité ne devrait être rien de plus que ce qu'elle est réellement : douce et rugueuse, parsemée de cicatrices ou de constellations de gains de beauté et de parfaites imperfections.

À l'époque de l'antiquité grecque, la nudité était synonyme d'art, de poésie et de beauté. Nous nous sommes tellement éloignés de cette définition du corps humain que c'en est déplorable. Le pire dans tout ça, c'est que nous n'y sommes pour rien. Chaque humain possédant un corps à cet instant même n'est qu'un triste résultat d'une série de facteurs et une seule coupable est concevable. La société.

La société et le corps version abrégée:

C'est la religion qui nous a appris à en avoir honte et le cacher sous prétexte qu'il est dégradant pour une femme de découvrir ses chevilles.

C'est la propagande publicitaire qui nous a convaincu que le tour de taille, la pigmentation de la peau et le bone structure sont des critères déterminant l'accès ou non au cercle très restreint de la beauté.

C'est l'industrie pornographique qui nous a vendu l'idée que de faire l'amour est synonyme de chatte rasée, et corps nu, synonyme de sexualité.

C'est à l'école qu'on nous a inculqué que des épaules dénudées et des cuisses de préados sont des motifs justifiés pour renvoyer une élève à la maison.

C'est aux nouvelles et dans les journaux que nous avons constaté que la question  « comment était-elle habillée » est valable lors d'un procès pour agression sexuelle.

Et c'est dans les réseaux sociaux qu'on nous a finalement offert un très joli éventail de corps sveltes et d'influenceurs bronzés continuellement en voyage qui nous font regretter notre lifestyle boulot-vino-dodo avec amertume. Et n'osez surtout pas un poil, une poitrine asymétrique ou un bourrelet qui dépasse sur la toile trimée carré d'Instagram... Ce serait bien trop représentatif de la réalité et c'est pas avec ça qu'on récolte des dizaines de K d'abonnés. Mais je ne vous apprends rien.

 
Source: Tumblr

Je ne dis pas nécessairement que l'on doit tous et toutes se découvrir et apposer le sceau #freethenipple à grandeur de nos comptes interweb. Cela peut même souvent choquer les gens, que d'observer la désinvolture avec laquelle certaines dénudent leur propre corps devant l'objectif. En le publiant même ensuite sur les réseaux sociaux. Avec des convictions féministes et libératrices en plus. #Tragédie.

Pourquoi le corps devrait-il être perçu comme provoquant, désirable, disgracieux ou enviable? Pourquoi le corps n'est-il pas ni plus ni moins que l'enveloppe charnelle nous permettant la chose que l'on prend tous pour acquis qui est de vivre?

Parce que l'humain se fait dicter ce qu'il doit penser et ressentir depuis des lustres. Et c'est pas en criant vulve! que ça va changer. Mais j'ai confiance que nous continuerons d'utiliser la tribune qui nous est offerte aujourd'hui afin de léguer un message d'acceptation et une image de soi réaliste pour les générations futures. Je crois qu'on a droit à notre p'tite révolution, une vergeture et un bouton sur le menton à la fois. Faut dire que c'est pas en allant magasiner son nouveau kit pour le BeachClub que Jeanne D'Arc a ébranlé le patriarcat en 1430.

Après tout, on nait et on meurt tous vêtus du même costume.

Accueil