On évolue dans un drôle de monde. Un monde d'image. À un point tel qu'on en consomme sans cesse de ces images. Que ce soit à la télévision, sur notre cellulaire, à l'ordinateur, dans les revues: on regarde et souvent on ne lit pas. Instagram est de plus en plus populaire... l'image. On veut voir. Et je suis bien placée pour parler: je nourris la bête au quotidien. Ce monde, je tente de le changer, un peu, parfois, à ma façon. Je le vis comme tous, je n'ai pas d'armure. Et de l'intérieur, ça peut être un sacré tourbillon. Ça nous étourdit et on embarque sans trop se poser de questions alors qu'au contraire, on devrait s'arrêter. L'image. La photo parfaite. L'angle sans faille. Éclaircir pour faire ressortir les blancs. Penser à un cadrage carré pour Instagram. Penser à faire du contenu parce que ça fait trop d'heures qu'on n’a rien mis. Et lire ensuite les commentaires.
Ces commentaires qu'on n’attend pas. Et je peux dire qu'on est chanceuses chez LeCahier, on reçoit de nombreux témoignages d'amour qui nous touche droit au coeur et peu de mots négatifs. Ça fait du bien. Mais chacun de ces mots, on les relit vingt fois. Et ils frappent plus fort que les compliments. Je sais, c'est ridicule. On se sent blessé et ça nous frappe directement dans le coeur. L'ordinateur n'est pas un bouclier. Il nous éloigne et nous rapproche à la fois.
Quand j'étais petite, je ne pensais pas être la favorite de ma classe. Je m'en suis toujours bien tirée ayant un imaginaire débordant, je pouvais m'enfermer dans mes histoires quand ça allait moins bien. Mais une fois chez moi, j'étais dans mon cocon, bien. On ne vit plus cela de nos jours. On peut nous rejoindre en tout temps - si on laisse les gens le faire-. Et je suis prise dans ce cercle vicieux où je lis chacun des commentaires sur LeCahier et Camille Dg et je me pose des questions. C'est le phénomène d'infobésité (L'infobésité est issue de la contraction entre les termes "information"et "obésité". Elle désigne la surcharge d'informations à laquelle nous sommes tous les jours confrontés). Et je suis accro à cette information. Je regarde mes appareils électroniques de manière maniaque. J'ai la peur constante de manquer l'information importante. J'ai du mal à lâcher ce monde, ce fil de presse en continu. Mais j'apprends. Surtout auprès de mes amies qui sont mamans, à laisser mon téléphone au fond de mon sac. Parce qu'il y a tellement plus important. On peut être joignable facilement. Mais en tout temps? Vraiment? Pas obligé.
J'ai envie de me rapprocher de vous, que l'écran serve à cela. Je vous ai déjà parlé de ma relation amour-haine avec l'image (c'est par ICI pour «On est malades en gang»). Depuis deux ans, je l'ai moins facile via le web par moment. J'ai perdu du poids. C'est vrai. Plusieurs l'ont remarqué. Je me le suis fait écrire maintes fois sous mes photos, je me suis fait chicaner et féliciter, bref ça n'a pas passé inaperçu. J'ai perdu presque 20 livres. C'est dit. Non, je ne voulais pas en parler, parce que je ne veux pas commencer à devenir un genre de gourou de la perte de poids. Mon gain de poids n'allait pas avec mon corps. Toute ma vie j'avais été sportive. Puis, après l'université, en me lançant dans l'entrepreneuriat à fond, j'ai cessé de prendre soin de moi. Et les chiffres sur la balance se sont accumulés. Mais je n'étais pas si mal au début, ça m'allait. Puis, mes pantalons ne m'allaient plus. Ça allait moins. Puis, j'étirais mes pulls. Ça n'allait plus. Puis, mon copain, qui avait aussi pris du poids, a voulu se prendre en main et je l'ai fait avec lui. Ça a fonctionné. Lentement, mais sûrement. Et les murmures ont commencé. Les questionnements. Les gens en parlaient entre eux, mais pas à moi. Ou ils l'écrivaient sur le web. Puis, un jour je me suis fait dire: «mange un sandwich». J'ai été froissée et j'ai ri en même temps. C'est mon lunch presque tous les jours un sandwich! Je l'achète au District ou à la Panthère verte (vive le Mile-End). Mais j'ai été frappé par le fait qu'on m'applaudissait alors que je pesais 20 livres de plus, mais que là, de retour au poids que j'ai eu de 16 à 19 ans et de 21 à 23 ans, ça n'allait plus. Je ne suis pas maigre ni grosse. Et je suis bien. Mes jeans me vont, je mange du dessert et je bouge. Je me suis retrouvée. Vous voyez un drôle de trou à 20 ans? Oui. J'ai sombré peu longtemps dans le cycle infernal de l'anorexie et j'ai cessé de manger. Alors oui, ça me blesse quand on m'accuse d'être retombée dans cela alors que je vais bien.
Et je lis beaucoup ce qui se dit sur le web sur moi et les autres.
On est toujours là pour critiquer, pour commenter, pour mémérer. Et si on laissait vivre? Si on intervenait que lorsque la situation dépasse les bornes et que la santé est en jeu? Et dans de tels cas, si on intervenait avec tact et non pas avec des commentaires blessants? Et si on laissait vivre et on applaudissait la beauté quelque soit?
Cette image qui prend tant de place est souvent une image unique, formatée pour plaire. Je ne veux pas être ce format prédéfini par d'autres. Je veux être moi et être bien. Toi?
Je suis Camille Dg. Blogueuse et Entrepreneure. Et je pose en sous-vêtements dans les créations de mon amie Sofia Sokoloff. Voilà. Je suis bien.
Le look:
Soutien-gorge - Sokoloff Lingerie
Photos - Eva-Maude TC