Une manche à la fois, une partie à la fois, jusqu'à la fin

Jusqu'à cette finale, un samedi du mois de septembre, qui nous a ému au complet. Ce moment a marqué l’histoire et nous nous en souviendrons. Nous ne faisions que regarder, mais je te jure que nous partagions chacune des émotions, à chaque point. Hommage à toi, Leylah Fernandez. 

Pour y avoir jouer tout mon adolescence, j’ai un immense respect pour le tennis.

C’est le seul sport où tu dois débattre des centaines d’échanges contre une seule autre personne. C’est une confrontation entre deux déterminations, deux concentrations. C'est un duel de rapidité, de force physique et mentale.

Un sport où souvent, tu ne sais pas l’heure exact de ton match et encore moins l’heure à laquelle il se terminera. Si tu rates, c’est ta faute. Si l’autre réussit, c’est que tu lui as permis de réussir, que tu n’as pas fait la bonne chose. Et tout ça, devant un pays qui rêve avec toi. 22547 spectateurs attentifs à tout, à chaque mouvement. Parmi eux, des vedettes mondiales, des dizaines de photographes. Ta défaite ou ta réussite diffusée à travers le monde. Ça, c’est l’ultime définition de la pression. Mais quand tu réussis, et tu l’as fait, il n'y a qu'un mot : WOW!

Et du haut de tes cinq pieds cinq pouces et de tes dix-huit années complètes de vie, au cœur de ton anniversaire, tu es allée affronter tout cela. Seule. Et tu sais quoi? Tu nous as tous amenés avec toi et tu nous as tous renversés, un coup à la fois.

Au début, nous voyions cela comme de la chance.

Un parcours qui s'est étiré jusque dans la Quizaine. Osaka était déjà un exploit, mais sortir avec le titre de troisième mondial et championne de l'événement? C'est là que tu as attiré l'attention de tout le public. Il voulait apprendre de toi. Parce que, pour toi, perdre un point, une partie, une manche, ça ne te dérangeait pas. Tu ne fais que penser à la suite, au suivant.

J'image que c'est ça la définition ultime d'être dans le moment présent. Merci pour cette leçon.

Puis New York s’est mis à t’aimer et moi, encore plus. Parce que tu souris dans les moments de haute tension où ton parcours est en danger de se terminer. Parce que tu oses demander à une foule de se lever pour toi.

Alors comment fais-tu, Leylah?

Pour ne pas flancher. Pour trouver la force. Pour agir de façon parfaite sous la pression, devant des millions de gens et dans un autre pays. Pour accepter si rapidement un court échec et te retourner vers la prochaine petite victoire. Une chose à la fois. Ça prend une force que le commun des mortels ne possède pas, mais tu nous as bien appris que c’est possible d’y parvenir. Un pas à la fois.

Sans être la plus grande, probablement une des plus petites, tu nous as appris que la grandeur du coeur vaut bien plus.

Sans avoir la plus grande expérience, tu as misé sur ton envie de te battre plus fort pour compenser.

Sans avoir les coups les plus puissants, tu as réussi à placer la balle aux endroits où ton adversaire devenait vulnérable.

Mais en ayant ce charisme, une ville souvent hostile a acquiescé à ta demande et t'a soutenue.

En ayant cette résilience, chaque fois que tes adversaires te croyaient au bout du rouleau, tu les surprenais et tu les repoussais.

C’est parce que tu sais qui tu es et ce dont tu es capable que tu souris alors qu'une foule entière retient leur souffle. Ce magnifique sourire est à la fois un baume et une infusion d’espoir pour tous ceux qui ont à se battre dans leur quotidien.

Du fond du cœur, merci, Leylah, vraiment et sincèrement.

Merci de m’avoir permis de me raccrocher à mon sport de jeunesse. Merci de ton charisme, de ton courage. Mais surtout, merci de nous avoir rappelés que lorsqu'on y croit, le possible survient. Alors, quand est ton prochain match?

Source de l'image de couverture : Unsplash
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