Ma tête, mes pensées soliloquent sur le plancher des rues.

À ce jour, entre le pavé de notre foyer et les chemins sinueux du village, c’est tout ce qu’il nous reste: le plancher des rues, reluisant miroir du printemps qui s’entame et d’un hiver qui s’achève.

Il ne nous reste que ces flocons, devenant gouttes, pour nous rappeler que chaque saison prend fin afin de renaître, chaque année. Un peu comme les souffrances qui nous affligent: celles qui nous asservissent à leur volonté bien unique, distinctive.

Il ne nous reste plus que nos songes, nos propres tempêtes à explorer. Il ne nous reste plus que notre simple espoir sur lequel se repentir.

Le temps est éphémère. La vie est mortelle. L’humanité, dans sa vaste étendue, n’est qu’une poussière qui s’évapore, un peu plus, à chaque bougie soufflée lors  d’anniversaire.

Depuis que nous sommes nés, je meurs.

Depuis que je suis née, l’humanité vit en mourant.

Nous nous éteignons docilement, tranquillement, chaque jour qui passe.

lanternes chinoises lumièreSource image: Unsplash

Nous sommes des lanternes, qui s’enflamment et s’éteignent par le simple souffle du vent. Celui bien plus grand que nous. Une force immense nous affranchit à son simple fantasme, une perversion dont il n’y a point besoin de censure.

Nous sommes confinés à nos existences,  aussi immenses sont-elles. Pourtant, elles sont cloîtrées entre quatre fondations que nous érigeons au fil du temps. Les murs qui grandissent autour de notre demeure, ces murs qui, de plus en plus, nous enferment, semblent me montrer l’immensité d’un monde beaucoup plus grand, beaucoup plus vaste que ce que les  étendues terrestres m’offrent annuellement.

Les transformations sont, de nature, pures. Il en est philanthropique. Elles sont symbole d’un renouveau, d’une révolution, d’une reconstruction. D’une catastrophe en éclos toujours une belle cité… Telle Rome. Mais Rome ne s’est pas construit en un jour, à ce que l’on dit.

Nous y sommes. Il n’en est point de météore, il n’en est point de religion, il n’en est point une réciproque de ce que nous appelons communion.

Notre monde change quotidiennement. Comme le monde de chacun d’entre nous. Nous changeons chaque jour de monde, de vie, de souffle. Un souffle de plus, un souffle de moins. Nos organes se détériorent, se réapprovisionnent et meurent.

Nous mourrons, pour mieux renaître.

Chaque destruction est synonyme de renaissance. Il faut une instabilité, un ouragan pour reconstruire une vie. Reconstruire sa vie. Reconstruire un monde. Il faut des désastres afin de mieux s’orienter. Il faut vivre un inconfort si imposant qu’il nous force à changer.

Nous sommes chanceux.  Nous formons une démocratie.

Celle des plus démunis, des plus amoindris, mais nous sommes les plus nantis. Nous, Québécois, avons une conscience, un imaginaire, un parallèle à cette société. Nous sommes ceux qui mourrons en dernier, comme chacun de nous, puisque les premiers seront toujours les derniers. Le dernier des mondes, le dernier des souffles, le dernier des soupirs. Ce sera le dernier des mondes que nous verrons, pour mieux y revenir.

La patience a des vertus, mais elle n’attend pas longtemps.

Respirer, vivez, car, au fond, c’est tout ce qui nous fait vibrer, vivre. Devenez inconfortable. Devenez incontrôlable. Vous trouverez du confort. Devenez vivant, vous pourrez ainsi mourir en paix. Tous ces « au revoir » et « au plaisir »: la vie, elle, ne possède point de demi-mesures.

étincelleSource image: Unsplash

Je crois que la vie n’est pas seulement qu’une  belle prose.

Je crois que les plumes ne sont pas toujours trempées dans l’eau de rose.

Mais je crois que l’espoir peut faire vivre les plus démunis,

Tout comme l’amour peut sauver des vie

C’est dans les réponses qu’on trouve des questions,

C’est dans ces questions que nous possédons les réponses.

« Car ce n’est pas ces feux qui nous hantent, c’est l’amour. » (Il pleuvait des oiseaux de Louise Archambault, 2020)

Nous avons toujours trouvé les mots,

Les mots d’amour, ceux qui rendent liesse,

Nous avons bien toujours vécu les maux,

Les maux de l’âme, ceux qui nous blessent,

Nous n’avons pas toujours trouvé  l’étoffe de vivre à la surface de ce qui nous affecte.

Nous savons cependant trouver le front de renouer avec ce qui nous déserte.

L’amour, la vie, famille et ami.e.s,

Il en sera toujours vie,

Bien peu funèbre,

Puisque nous vivrons toujours à la surface de ce qui nous excède.

Restez fort, restez humble,

Restez souder, il n’en faut parfois qu’un.

Rien ne dure, rien ne meurt,

Il ne suffit que d’un peuple pour l’appuyer.

Source image de couverture: Unsplash
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