Déjà toute jeune, j’ai le souvenir que ma mère me racontait des contes où toujours, il y avait une princesse qui en venait à être « sauvée » par un prince. Toujours elle ne s’accomplissait que par la présence de ce sauveur sorti tout droit de l’inconnu.

Cendrillon pour commencer, pauvre jeune fille… Son père décède en la laissant avec une belle-mère acariâtre et deux demi-sœurs égoïstes. Elle est alors traitée comme une servante, devant récurer, cuisiner, coudre, nettoyer, etc. Arrive un bal auquel le prince se doit de se choisir une épouse, il lui faut choisir une jeune femme qui deviendra la future reine. (Alors qu’après avoir regardé « The Crown », on sait bien que ça ne fonctionne pas ainsi la royauté, mais bref, continuons)Je passerai ici les détails que nous connaissons tous, mais apparait ensuite la bonne fée marraine qui transforme notre Cendrillon en magnifique princesse (qui d’entre nous n’a pas secrètement rêvé que notre propre marraine ait de tels pouvoirs?). Donc bref, elle finit par être sauvée par ce superbe prince charmant qui fait d’elle la jeune fille la plus heureuse du monde. Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants.

Poursuivons avec Blanche-Neige; son père décède (notons au passage que les pères ont la fâcheuse manie de souvent mourir dans les contes de fées) et laisse notre pauvre jeune fille avec une belle-mère qui ne supporte pas que sa belle-fille soit plus belle qu’elle (selon les dires de son miroir magique), demandant à ce qu’elle soit tuée (rien de moins qu’un meurtre). L’homme chargé de l’exécuter n’y arrive pas et enjoint notre belle à fuir pour sa sécurité. Une fois de plus, nous connaissons la suite, mais notre belle, cachée au fond de son cercueil, endormie, est finalement sortie de son sommeil éternel par le baiser d’un prince qui passait par là par hasard. Ils partirent, se marièrent et elle eut une ribambelle d’enfants, étant heureuse jusqu’à sa mort.

Je terminerai avec la Belle aux Bois Dormant. À son baptême, oh malheur, trois méchantes sorcières ne sont pas invitées, mais décident d’y aller quand même dans le but d’offrir un mauvais sort à notre Belle. Par malheur, le jour de son 18e anniversaire, elle trouve au fin fond du grenier un rouet et s’y pique le doigt plongeant ainsi tout le royaume dans le sommeil (il ne restait qu’UN rouet, et elle a trouvé le moyen de le trouver et de se piquer le doigt!?!?). Heureusement cette fois encore, un prince sur son étalon passait par là et alors qu’il la vit (endormie au grenier???), il l’embrassa et tout le royaume sortit de sa léthargie. Il est fort heureux pour elle que le prince ait décidé de grimper au grenier on s’entend... S’ensuit le traditionnel; ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants.

fille dos robe blancheSource image : Unsplash

J’arrêterai ici puisque mon propos est déjà très bien expliqué. J’ai grandi, ainsi que plusieurs autres jeunes filles, avec ces histoires à dormir debout. Dormir debout alors que ces histoires auraient dû bercer mes nuits de rêves. Vraiment?? Je ne crois pas à la censure, je suis d’avis que nous devons tous avoir une voix et qu’elle mérite d’être entendue. Mais j’ai grandi alors qu’on avait gravé en moi ces balivernes selon lesquelles une jeune femme était fragile, menacée et qu’elle devait être sauvée par un homme. Dès leur plus jeune âge, on raconte aux filles qu’elles ont besoin d’un homme pour arriver à survivre et/ou simplement pour devenir quelqu’un.

Je suis dans la quarantaine et je pensais que le féminisme était dépassé, que nous avions gagné toutes les batailles déjà. Triste m’est d’admettre que la lutte est loin d’être finie. J’ai longtemps rêvé au prince charmant, à MON prince charmant. L’homme idéal qui viendrait changer ma vie simplement par sa présence. L’homme parfait pour moi qui me couvrirait d’amour, d’attention, serait beau et fort comme un Dieu. Mais cet homme, il a été construit de toutes pièces dans ma tête de petite fille et il n’existe que dans les contes de fées.

À toutes les filles et femmes qui lisent ce texte, je dis; TU es forte, TU es intelligente, TU as tout en toi pour réussir sans avoir besoin d’un homme pour te sauver. Le monde est à TES pieds et il t’appartient, avec ou sans homme.

Je terminerai avec un petit conseil de matante; « arrêtons de raconter de telles histoires à nos jeunes filles et montrons-leur dès la tendre enfance qu’elles peuvent arriver seules où elles le désirent ». Parce que jusqu’à aujourd’hui, je n’ai encore rencontré aucune fille qui, avec un prince, « se maria, eut plein d’enfants et vécut heureuse jusqu’à la fin de sa vie ».

Source photo de couverture : Unsplash
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