Je me suis toujours dit que, dans la vie, c’est important de souligner les petites réussites lorsqu’elles arrivent. Pour certaines personnes, ça peut être aussi anodin que d’avoir été capable de sortir de la maison, par exemple. Pour d’autres, ça peut être d’avoir été capable de prendre le transport en commun, ou de se remettre à s’entraîner. Je trouve important de s’arrêter, de se rendre compte du chemin qu’on a parcouru jusqu’à maintenant, et de se féliciter. Ça fait du bien, ça encourage, c’est rempli de bienveillance envers soi-même. 

C’est donc une de ces petites, mais ô combien importantes, réussites que j’ai envie de vous partager aujourd’hui. 

Cet été, je me suis acheté un maillot deux-pièces, et je me suis baigné. Dans une piscine, avec du monde autour. Et pas qu’une fois, même quelques-unes ! Ça peut paraître banal, mais dans mon cas, c’est un énoooorme pas dans la direction de l’acceptation de soi. J’ai passé mes étés, depuis que je suis au secondaire, à me dire que je n’aimais pas me baigner l’été, alors qu’en vérité, je ne voulais simplement pas avoir à me mettre en maillot de bain, à me mettre à découvert. Ça signifiait, selon moi, de montrer à tout le monde ce que je tentais de cacher avec mes vêtements ; mon ventre, mes cuisses, mes vergetures, mon p’tit gras, ma poitrine trop proéminente à mon goût, etc. Je me contentais de me tremper les jambes dans l’eau, en disant aux gens qui m’entoure : « Oh, non ça va, je tolère super bien la chaleur, je n’ai pas envie de me baigner ! », alors que la sueur me dégoulinait dans le dos et perlait sur mon front. Les quelques fois où je suis entrée dans une piscine, c’était vêtu d’un maillot une pièce, avec des shorts, et il fallait que je sois seule (à l’exception de mes entraînements en natation, là où je me sentais plus en « sécurité », puisque les autres utilisateurs de la piscine y étaient pour nager, et non pas pour me regarder). 

Au mois de mai, j’ai vécu une de ces journées où tout va bien, où la confiance en soi est à son maximum. J’ai navigué sur les internets, et j’ai commandé un maillot de bain. Un maillot à mon goût : jaune, ma couleur préférée, une couleur qui me fait sentir bien et de bonne humeur ! 

Puis vint LE jour, où je l’ai porté pour la première fois

J’ai décidé de mettre de côté mes pensées concernant l’opinion des autres, et de plutôt profiter de la piscine. Il faisait beau, il faisait chaud, j’étais avec mon amoureux, ma sœur et mon frère, c’était réellement la journée parfaite. On a fait un de ces fameux tourbillons (où tout le monde nage en rond dans le même sens, jusqu’à se faire emporter par le courant ainsi créé) des figures dans l’eau, on s’est fait bronzer, on a mangé une sandwich à la crème glacée, bref, ce fut un après-midi mémorable. 

En repensant à cette journée, je me suis rendu compte que ce n’était pas si pire que ça, porter un maillot, et surtout, que ça me manquait vraiment, de me baigner en été ! À quoi bon passer des heures à se préoccuper de son apparence, de comment notre corps va gigoter si on n’est pas trop habillées, alors qu’on peut seulement en profiter ? 

La fois d’après, j’ai vraiment pris un temps pour m’observer dans le miroir

Avec mon p’tit maillot jaune et mon p’tit teint un peu plus bronzé que d’habitude : J’ai vu mes vergetures, ma cellulite qui apparaît quand je fais certains mouvements, mes courbes qui ne sont pas toujours ce que je voudrais qu’elles soient. Et ça devait être également une de ces belles journées (je vais commencer à croire qu’elles arrivent plus souvent qu’avant !), car je me suis trouvée réellement, vraiment, sincèrement, étonnamment, belle. Et la baignade fut encore excellente. 

Le message qui pourrait en ressortir, je crois, c’est qu’il ne faut pas hésiter à plonger la tête première (ouf, quel jeu de mots) dans des choses qui nous rendent inconfortables, à sortir de notre zone de confort, et surtout, à se féliciter pour ça.

Après, je vous le dis, on se sent comme un p’tit poisson dans l’eau. Un petit poisson jaune, pour ma part !

Image de couverture par Étienne Girardet
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