Ça commence tout petit.

Du duvet un peu foncé sur la lèvre supérieure. Quelques poils sur le menton. Des commentaires pas si le fun des membres de sa famille ou à l'école. Et voilà, un traumatisme et une fixation sur mes poils de face!

J'ai toujours été assez poilue, et ce, un peu partout. J'accuse sans aucun doute mes origines italiennes lointaines. Mais c'est quelque chose que j'étais capable d'accepter. Jusqu'à ce que ça se rende à mon visage. On dirait que c'est franchir la limite de ce qui est considéré comme ''acceptable''. Du poil sous les bras, c'est devenu relativement standard, même si ça peut en choquer quelques-uns à la piscine. Mais une moustache foncée et forte, c'est trop!

Au début, je teignais ma moustache et mes favoris afin que ça paraisse le moins possible. Après, j'ai eu le malheur de commencer la crème épilatoire. Je me suis rapidement retrouvée avec une barbe bien fournie au niveau du menton et du cou. Je devais mettre de la crème épilatoire chaque deux-trois jours pour me sentir bien mentalement. Je ne laissais pas la chance à ces méchants poils d'apparaître, je les tuais aussitôt.

Évidemment, ma peau n'était pas particulièrement fan de ce processus. Elle était irritée et sensible au point de faire des gales. La crème était en train de me bruler la peau.

Je devais cesser. À ce stage, j'avais deux choix :

Accepter ces poils ou investir pour les enlever.

J'ai choisi la deuxième option.

Je ne suis pas déçue de l'avoir fait. Ça m'a couté, et ça me coûte encore, une petite fortune, mais je me sens beaucoup mieux dans ma peau.

Je me maquillais tous les jours, pour essayer de cacher ces poils ou, du moins, attirer l'attention ailleurs. Maintenant, je ne me maquille que rarement, lors d'occasion. Ce qui laisse à ma peau un peu de repos.

Dès que je voyais une repousse, je devenais complexée et complètement paranoïaque. Et c'était pire lorsque j'allais en date Tinder. Ces messieurs que je ne connaissais pas ne devaient jamais connaître mon lourd secret. Mon présent copain ne m'a jamais connu à ce stade. Ça ne le dérangerait pas, j'en suis certaine, mais je suis contente de ne pas me sentir mal de me faire embrasser dans le cou.

Après avoir fait plus d'une heure d'électrolyse par semaine pendant un an et des séances ici et là par la suite, selon mes besoins, je peux dire c'est une décision qui a changé ma vie. Et je n'exagère même pas. Ne pas avoir à me soucier de mes poils au visage, c'est une charge mentale que je suis contente de m'enlever.

Mais je respecte absolument ceux qui décident de s'affirmer.

Je ne pense pas que les gens réalisent que c'est beaucoup plus commun qu'ils ne l'imaginent. Je pense aux commentaires sur les photos de Safia Nolin, qui affiche ses poils de visage au grand vent! Ils sont terribles. Ils sont méchants. Ils sont gratuits. Pour quelque chose qu'elle, et toutes les femmes dans la même position, n'ont aucun contrôle! C'est n'est pas un souhait qu'on fait au génie dans la lampe!

Alors, autant être bien avec ce qui nous est donné. Personne n'a besoin de se faire rabaisser ou critiquer par les autres pour des décisions sur son propre corps.

L'excès de pilosité est également une conséquence du syndrome des ovaires polykystiques (SOPK), un trouble hormonal de plus en plus répandu, mais pas encore tout à fait compris. Le SOPK peut également entrainer des troubles de fertilité, des complications métaboliques et autres inconforts. À ce jour, il n'existe malheureusement pas de traitement curatif, comme l'origine du SOPK est encore relativement inconnue.

Tout ça pour dire que, si tu as des poils au visage, tu n'es pas seule. Et que c'est vraiment normal. Personne n'a le droit de te faire sentir mal pour ça. Et ce que tu en fais, c'est ta décision à toi et à toi seule.

Source de l'image de couverture : Unsplash
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