Avec tout ce qui se passe ces temps-ci par rapport à l’infection virale dont on entend parler sur toutes les lèvres, je n’ai pu m’empêcher de réfléchir sur l’étendue des réactions humaines qui y sont associées.
Selon l’approche cognitivo-comportementale très reconnue en psychologie, on dit que les comportements sont influencés par les pensées et les émotions, et que ces trois composantes sont en constante interaction. Je crois que le climat de peur et les réactions, parfois inusitées, le prouvent bien actuellement. Mais où est la limite des comportements humains?
Commençons par revenir sur une étude de psychologie sociale réalisée en 1971 par Philip Zimbardo, qui démontre à quel point le cerveau humain est tristement malléable. La célèbre expérience de Standford prenait, en guise d’échantillonnage, un groupe d’étudiants ordinaires particulièrement stables émotionnellement à qui était assigné individuellement un rôle de gardien ou de prisonnier. Le but était de démontrer quelles étaient les réactions dans un contexte donné et comment celles-ci pouvaient être à l’opposé des valeurs préconisées par les sujets à la base. Les étudiants se sont rapidement appropriés leur rôle, à un point tel qu’il en résultait des comportements dangereux (pour connaître le protocole d’expérimentation en détails et l’étendue des résultats obtenus qui sont fortement intéressants, tu n’as qu’à faire une recherche rapide sur Internet).
Quand je réalise que des gens sont prêts à se battre pour mettre le grappin sur un rouleau de papier de toilette XXL (un bidet, au pire des pires, ça existe aussi, you know), je pense que l’inquiétude est compréhensible.
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Durant mes études, je me suis familiarisée avec l’approche structurelle, une approche très connue en sociologie et préconisée par les professionnels en travail social. Celle-ci indique que le changement social passe par une modification des structures plutôt que par l’adaptation de l’individu à ces dernières. En termes simplifiés, ça veut dire que pour changer X, il faut intervenir sur l’origine de X. Par exemple, prenons une personne en situation de pauvreté. Amener la personne à utiliser les ressources d’aide alimentaire et vestimentaire peut diminuer les conséquences, certes. Par contre, il faudrait peut-être penser à réviser comment l’État met en action son plan de lutte contre la pauvreté ou si les mesures d’aide financière gouvernementale sont réalistes, compte tenu du contexte économique actuel.
Faisons le parallèle ici avec ce qui se passe actuellement. On peut se laver les mains le nombre de fois qu’on veut, on peut s’enfermer chez soi pour écouter Netflix sans arrêt pendant deux semaines pour éviter la transmission du virus et fuir comme la peste (ou devrais-je dire comme le COVID-19, ça fait plus in) les endroits où se retrouvent 250 humains. Sauf que si on ne limite pas les entrées et sorties au pays, est-ce que c’est réellement efficace?
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Donc, l’origine de mon angoisse n’est pas de me presser à obtenir la recette maison de Purell. Elle est davantage orientée vers l’hyperactivité versus l’inactivité humaine qui prennent forme actuellement.
J’aimerais conclure en mentionnant qu’il ne faut pas nous oublier, nous, les employés des secteurs publics, parapublics, communautaires et privés qui veillent à prendre soin de la santé populationnelle tout en nous mettant nous-mêmes à risque. Quand j’entends des gens dire: «oui, mais vous autres, vous n’avez pas le choix de travailler, vous faites partie des services essentiels», je ne peux contrôler ma pilosité brachiale qui se dresse d’un cran. J’ai envie de répondre que, nous, les soldats de première ligne, ne sommes pourtant pas obligés de mettre notre sécurité en danger en raison des mesures préventives qui nous sont descendues au compte-goutte dans des délais tardifs expliqués par une transmission optimale de l’information à l’univers bureaucratique d’en haut.
Sur ce, je termine en vous rappelant de ne pas oublier d’être prudents, mais par-dessous tout, n’oubliez pas de demeurer humains.