Ou comment éviter le burn out d’activités vides de sens pendant le confinement pour faire ce qui nous fait du bien, vraiment.

Apprendre l’espagnol, ranger ses placards, visiter un musée en ligne, repeindre son salon couleur taupe, se mettre au fitness... nous sommes inondés de listes d’idées de choses à faire pour mieux vivre le confinement. Bonne nouvelle, il y a une liste infinie d’activités à réaliser chez soi! Bémol, ces listes sous-entendent inconsciemment, encore et toujours, de rentabiliser notre temps, de veiller à la productivité de notre épanouissement personnel, même en temps de crise. Mais être productif pour quoi faire au juste? Quel intérêt? Quel but? Quel sens? À quoi cela sert-il réellement d’être productif quand on a du temps à revendre à disposition?

Apprendre à choisir ses activités en conscience

Cultiver la curiosité ou chasser l’ennui? Maintenir une vitalité d’esprit ou remplir le vide? Garder sa forme physique ou s’épuiser pour fuir la réalité?

Toutes les activités qui nous sont suggérées çà et là sont en soi d’excellentes idées, voire des opportunités de s’adonner à des passions que nous avions perdu le temps d’assouvir, ou d’autres que nous n’avions jamais eu l’occasion de découvrir auparavant.

La question fondamentale est de savoir pour chacune d’elles pourquoi on le fait, et surtout si cette activité nous fait réellement du bien. On appelle ça faire les choses en conscience, pour s’assurer de ne pas devenir un automate guidé par pilote automatique. Ou plutôt de profiter de cette expérience qu’il nous est donné de vivre pour quitter le mode pilote automatique précisément.

À chacun ses essentiels

Les séances de yoga en direct sur Facebook ça en détend certains, super. Ce qui correspondra mieux à d’autres, c’est peut être de se mettre à jardiner ou à tricoter? Ce n’est pas parce qu’on voit des gens courir dans la rue, qu’il faut tous nécessairement se mettre à courir. Peut être qu’on sait déjà qu’on déteste ça courir? Et c’est correct. Ce serait franchement dommage de se mettre cette pression là en ce moment. Et finalement l’expérience nous enseigne qu’imiter les autres nous amène à des actions complètement insensées et inutiles pour nous. Oui avouons-le, on a tous emboité le pas à la première personne qu’on a vu revenir de la pharmacie avec du papier toilette. Bilan, j’ai un stock inutile de papier toilette pour trois ans à la maison, et qui plus est, que j’ai payé bien trop cher pour des feuilles de papier molletonné. Pour le même prix, j’aurais pu me payer du papier bristol haute qualité. Enseignement de cette crise numéro 1 pour moi : il est plus essentiel de pouvoir être créative en dessinant, qu’en stockant de quoi aller aux toilettes...

dessin peinture page blancheSource image: Unsplash

Arrêtons de vouloir être performants

Nous vivons dans une société de performance constante, et de comparaison aux autres omniprésente. Alors, en ce moment, il est de bon ton d’être performant à gérer le confinement. À qui aura fait le meilleur pain maison? À qui aura réaliser le cake le plus moelleux? Si tu tripes levure, loin de moi l’idée de te décourager de faire ton pain, c’est génial. Je me suis moi même mise à faire des cakes à 35 ans, et je me régale. Et non, en plus, je ne vais pas courir, alors j’espère qu’on sera encore confinés cet été ou alors je relancerai la mode des maillots de bain des années 1940. Je ne vise quoi qu’il en soit en aucun cas les boulangers du dimanche, je trouve que c’est une initiative saine de retour aux choses simples que nous pouvons faire nous-mêmes. Mais il ne s’agirait pas d’un seul coup de déplacer le culte de la performance sur la confection de trois miches multi-grains.. Ni de nourrir la culpabilité de ne pas être productif ou bon gestionnaire du contexte que nous expérimentons.

Accepter l’improductivité même de la situation

On s’est tellement habitués à ces modes de fonctionnement et de rentabilisation, à s’en donner le tournis perpétuel, qu’on a bien du mal à en sortir. Et pourtant il ne font plus de sens en ce moment. La notion de productivité a été inventée pour optimiser les efforts de production dans un temps donné afin de répondre à une demande de croissance.

Le temps s’est élargi. La cadence de production a ralenti. L’optimisation est devenue obsolète dans une période figée sans agenda, nous confrontant à une nécessité de cultiver tout à coup l’instant présent et l’allongement du temps, tout en prenant le temps de s’interroger sur les fameux bienfaits de ladite croissance.

Accueillir le vide pour le remplir de ses essentiels

Il y a une véritable opportunité à saisir ici, dont il serait dommage de se priver par peur du vide.

L’opportunité de lever le nez. L’opportunité de respirer. L’opportunité de prendre du recul. L’opportunité de réaliser qu’on est fatigué peut être. L’opportunité de s’occuper de soi pour y remédier. L’opportunité de réaliser ce qui nous fait vraiment du bien. En laissant de côté la version optimisée de notre double virtuel ultra productif, super héros du quotidien. Bref, l’opportunité de SE FOUTRE LA PAIX un instant. S’autoriser à ÊTRE SOI. À cramer son pain dans le four. À butiner mille projets pour n’en retenir qu’un seul qui nous tient véritablement à coeur. À commencer trois livres pour en lire zéro. À griffonner des idées saugrenues sur des post-it fabriqués de papier toilette. À écrire cet article à partir de post-it molletonnés. En somme, accueillir le vide, pour savoir le remplir de ses essentiels.

vide portes blanches murs blancsSource image: Unsplash
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