On s’est connues à un moment de nos vies où rien n’avait de sens, où nos émotions gagnaient le meilleur de nous-mêmes et où nos décisions étaient aussi judicieuses que de porter un bikini pour faire une excursion en Alaska.

On pourrait dire qu’on s’est rencontrées un peu par hasard, un concours de circonstances, mais j’aime me dire que nous avons fait connaissance parce que nous le devions, et non parce que nous le pouvions. Il y a quelque chose de spécial, de beau, dans les amitiés que nous développons lors de notre parcours à l’école secondaire. Nous connaissons qui nous sommes, mais également qui nous étions, pas parce que nous nous le sommes raconté, mais bien parce que nous l’avons vécu ensemble.

Lors de nos peines d’amour, nos ruptures amicales, nos réussites et nos échecs, nous avons été là l’une pour l’autre, à distance, en partageant nos larmes de peine et de joie. Au fil des années, on s’est vues grandir, tomber, se relever, évoluer, on s’est aimées dans nos pires et nos meilleurs jours, sans jugement, et je trouve ça magnifique.

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Notre relation a toujours été un peu spéciale. Parfois les gens n’aimaient pas être avec nous, parce que nous étions un peu dans notre bulle, et sans le vouloir, ils se sentaient parfois exclus. Souvent, on ne comprenait pas notre relation, on nous demandait de part et d’autres pourquoi nous restions amies, on nous disait qu’on essayait trop fort. Mais toi et moi, on est de celles qui comprennent l’importance de cultiver nos relations afin d’éviter qu’elles ne se fanent, et qui tentent de les raviver lorsque cela se produit, plutôt que de seulement les jeter et les remplacer.

Nous avons eu notre lot de hauts et de bas, mais au final, nous ne restions jamais fâchées bien longtemps. On se partageait tout, dans les moindres détails, on se faisait lire nos courriels et nos textos, parce que « n’en parle à personne », ça ne s’appliquait bien évidement jamais à nous. Tu étais et tu es encore, une des seules personnes avec qui je suis à l’aise dans le silence, avec qui nous n’avons jamais rien besoin de planifier, parce que même une journée passée entièrement dans ta chambre à ne rien faire peut être totalement géniale.

Inévitablement, le temps a passé, et la vie nous a rentré dedans, à coups d’études, de relations plus ou moins toxiques, de manque de temps, et de changements. Un solide coup. Au fil des semaines, on se voyait et parlait de moins en moins, on investissait notre temps auprès de d’autres personnes. Lorsque l’on se voyait, ce n’était plus du tout pareil. Nous qui avions l’habitude de se comprendre avec un simple regard, il nous était maintenant pratiquement impossible de communiquer adéquatement.

Comment trouver les mots pour parler à quelqu’un qui ressemble à ta meilleure amie, mais qui donne pourtant l’impression d’être une pure étrangère? Comment était-elle devenue une étrangère?

Le temps passé sans toi a été difficile, je te ne le cacherai pas. Je me suis souvent demandée ce que nous avions fait, ou pas fait, pour en être arrivées là. Je vivais beaucoup d’insatisfactions dans mes relations interpersonnelles, pour la simple et bonne raison que personne n’était toi.

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Je pensais avec nostalgie à notre relation d’avant. Je me sentais comme une ado en peine d’amour, et j’avais l’impression de tomber solidement sur les nerfs de mon entourage. Ce qui m’apportait bien entendu la réflexion que si c’était à toi que j’en parlais, tu saurais me comprendre et tu aurais les bons mots. Mais je ne pouvais pas t’en parler à toi, bien évidement. Lorsque je racontais de vieilles histoires, personne ne comprenait mes références. J’essayais soigneusement d’éviter les souvenirs dont tu faisais partie ou de nommer ton nom, mais lorsque je faisais cela, ça me faisait penser à Voldemort, et donc Harry Potter, et donc à toi (toi qui me lis, en ce moment, tu dois me trouver un peu intense, mais c’est pas grave, parce que je sais que elle, elle comprend).

C’est là que j’ai compris que j’avais tenu notre relation pour acquis. À ce moment, j’ai commencé à apprécier les autres pour ce qu’ils étaient, et non à être irritée de ce qu’ils n’étaient pas. J’ai pris la résolution de développer mon concept de la gratitude, puis j’ai vu une différence immense sur mes relations, mais aussi sur qui je suis et qui j’aspirais à devenir. Ce temps (beaucoup trop long!) m’a permis de me remettre en question et de grandir, de développer de nouvelles relations, d’apprendre à faire davantage confiance aux autres malgré mes blessures et surtout, d’apprendre à demander de l’aide.

Puis, un jour, on s’est retrouvées. Après tout ce temps, plusieurs hésitations et bien des craintes, mon chemin a retrouvé le tien. Je me suis surprise à vouloir te raconter tout ce que tu avais manqué, à vouloir te remettre ta place légitime dans ma vie, intouchée, ta place de confidente, de thérapeute, de partner in crime (mais surtout de visionnage en rafale et de magasinage)... Bref, ta place de meilleure amie.

Je veux que tu saches que même après tout ce temps, et toutes ces épreuves, tout ce temps manqué, je suis fière de toi et d’avoir eu le privilège de te voir, toi, qui était une jeune adolescente impulsive et un peu insécure, devenir la magnifique jeune femme forte que tu es aujourd’hui.

N’oublie pas que « tu es ma personne. Tu seras toujours ma personne ».

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