Traumavertissement: trouble alimentaire, suicide. Des ressources sont disponibles à la fin de l’article 3 raisons de guérir.
J’ai une tête de cochon. Je n’écoute pas souvent les conseils du médecin et je rejette en bloc les supplications de ma famille à prendre du poids. Je résiste énormément, tant que je ne suis pas convaincue, et cela peut prendre des années. Les raisons de guérir d’un trouble alimentaire abondent pourtant, mais elles peinent à me convaincre de m’engager corps et âme pour me débarrasser de ce nuage noir. Il est si confortable, mon nuage. C’est mon repère de sécurité, il est toujours là, il ne m’a jamais laissé tomber, lui!
(À lire: L'anorexie: un trouble alimentaire et psychologique)
Mais bon, je suis une fille intelligente. Je sais que lentement, mais sûrement, le trouble alimentaire est en train d’avaler mon âme et que bientôt, il ne restera plus rien de la jeune femme ambitieuse et ricaneuse que j’étais. Je me suis donc longuement demandée ce qui me convaincrait de faire confiance au processus de guérison. J’ai cherché pendant des années à me raccrocher à un roc solide pour enfin retrouver mon souffle et rassembler le petit peu d’énergie vitale qu’il me restait. J’ai, je crois, enfin trouvé une partie de ce que je cherchais comme réponse à ma question existentielle, soit « pourquoi guérir? ».
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Les 3 raisons pour guérir
Premièrement, je crois que chaque être humain peut avoir un impact dans la vie des gens qui l’entourent et influencer le cours des choses. Nous devrions trouver le sens de notre vie dans cette particularité individuelle que nous possédons tous: que puis-je amener à mon petit monde? Malheureusement, le trouble alimentaire réduit le sens de notre vie à une quête malsaine et égocentrique, nourrie d’émotions toxiques et entièrement néfastes pour nous-mêmes et notre entourage. Je ne veux pas vieillir et regarder ma vie en pensant que j’ai complètement raté ma mission, aussi petite et insignifiante soit-elle: c’est tout ce que j’ai, c’est la seule chose sur laquelle je peux avoir un peu de contrôle, soit faire un peu de bien autour de moi.
La deuxième raison pour laquelle j’ai décidé de guérir concerne la dégradation notable de mon corps, à un niveau qui est peu envisageable à l’œil nu. Je sens mon corps se désintégrer de l’intérieur et les douleurs sont devenues telles que je n’ai plus un seul muscle, tendon ou os que je peux toucher sans avoir mal. Sans nécessairement être relié aux conséquences des carences alimentaires, qui ne sont pas si importantes dans mon cas parce que je me suis toujours assez bien alimentée, c’est tout simplement une manifestation de l’épuisement psychique et du stress constant imposé à mon corps pendant 15 ans, sans arrêt. Alors voilà, je n’ai aucune autre explication à donner: j’ai mal et j’aimerais que ça cesse. Si ma tête se réconcilie avec mon corps, je pense qu’il pourra guérir lentement et que mes douleurs diminueront.
La dernière raison se rattache à mon désir profond d’avoir un bébé. Je ne parle pas seulement de la fertilité qui devient extrêmement problématique dans les cas d’anorexie, mais plutôt due la volonté d’être une mère guérie et heureuse pour pouvoir élever un enfant de la manière la plus saine possible. En ce moment, j’ai une ombre qui me suit et qui deviendrait dangereuse, m’enlevant l’énergie d’élever un enfant et de lui accorder tout l’amour et l’attention nécessaires. Je veux faire la paix avec moi-même, m’aimer un peu du moins, renouer avec mes vraies passions et retrouver ma propre personnalité, loin de toutes ces pensées intrusives destructrices, pour l’amour de mon futur petit bébé!
Ressources
- Pour les jeunes, il est possible de clavarder avec un professionnel de Tel-Jeunes par courriel, ou par téléphone en composant le 1-800-263-2266
- Pour tous, il est possible de communiquer avec Tel-écoute par téléphone au 514-493-4484
- Pour tous, il est possible de communiquer avec Anorexie et boulimie Québec (ANEB) au 1-800- 630- 0907 ou au 514- 630-0907
- Association québécoise de prévention du suicide
- Si tu as des idées suicidaires ou que tu es en crise, n’hésite pas à demander de l’aide