Le printemps est arrivé. Les terrasses ouvrent. Mes amies voient soudainement tout le potentiel masculin qui se promène dans les rues. Elles roucoulent, mettent leur jolie jupe et prennent un verre, déjà en chasse. Et moi? Je me retrouve dans cette situation où j'ai cédé à leur demande pour les accompagner.

Je me casse la tête lorsqu'il est question du style vestimentaire

Source:  deanplease.com

Je ne sais jamais quoi mettre dans ce genre de resto-bar branché du centre-ville. J'y pense plusieurs jours à l'avance. Ce que j'ai de plus propre parvient à peine à signifier à la planète que j'ai vingt-deux ans. Fait vécu : j'entre dans un restaurant en même temps qu'un couple dans la trentaine. Je les laisse entrer avant moi. L'hôtesse les avertit que les enfants ne sont pas autorisés dans le restaurant parce qu'on y vend de l'alcool. Ils se retournent et les voilà tous les trois en train de me fixer. Je dois dire à ladite hôtesse, qui doit avoir fêté son dix-huitième anniversaire la semaine dernière, que je suis majeure. Je fais mon plus beau sourire, mais à l'intérieur de moi, je suis insultée. J'ai connu les premiers ordinateurs avec la connexion téléphonique ma grande! J'ai du vécu!

Les dépenses me donnent le vertige

C'est fou ce qu'une gang de filles (ou de gars, je n'en doute pas!) peut dépenser pour une soirée. L'une de mes amies s'est payé un maquillage pour l'occasion et une autre possédait les faux cils les plus longs que je n'avais jamais vus. Sans parler des faux ongles. Déjà que la nourriture peut me coûter cher, je n'ai pas l'argent à mettre sur une mise en plis parfaite. Je me sèche les cheveux au séchoir, passe un coup de brosse, applique une couche de mascara. Voilà l'investissement que je peux mettre. Ah oui, j'utilise aussi un petit truc : je mange un peu avant d'aller au restaurant.

Les conversations me font sentir à côté de la track

Source: stayclassysupernatural.com

Entendons-nous, j'adore mes amies, mais parfois leurs conversations m'exaspèrent. Entre les régimes, leur nouveau salon de coiffure (sans oublier le nom de la teinture qui doit être un copier/coller d'une couleur de peinture chez Rona), et la marque de leur nouvel outfit, je me questionne sur l'utilité de ces discussions. On pourrait parler de nos projets de vie, de ce qui nous a faire rire cette semaine ou encore d'un voyage qu'on rêve de faire. À la place, je les entends parler de diètes, de manucures et des bars où elles sont sorties dernièrement. J'aime prendre soin de moi, j'aime prendre un verre, mais là, j'atteins un niveau de girly-tude qui me dépasse totalement. Mes régimes se résument à manger tout ce que je veux, les manucures à cesser de me ronger les ongles et les bars à une soirée Netflix dans mon salon, avec une bière. Fin de l'histoire.

Cruiser n'est pas une seconde nature

Source: seventeen.com

Je ne sais pas cruiser. J'ai l'air coincée et je gigote tout croche. Mon sex appeal s'est exilé en Antarctique. Je me sens aussi à l'aise que de jongler avec des scies à chaîne devant une foule de mille personnes. Mes amies flirtent avec les serveurs et les beaux gars comme si c'était la chose la plus naturelle au monde. Moi, je souris si on me regarde un peu trop longtemps, mais c'est tout. Je n'ai pas la confiance qu'il faut pour aborder l'homme de mes désirs. Je croise les doigts pour qu'il sache magiquement que je suis intéressée.

Je me compare à toutes ces femmes qui semblent savoir où elles s'en vont

Source: vanityfair.com

Il y a des messieurs en veston cravate au bar, de jolies femmes bien habillées qui savent où va leur vie. Moi, je n'arrive même pas à savoir de quoi aura l'air ma semaine. Je me sens comme un chien dans un jeu de quilles. Elles jacassent de leur sac, de leur linge, de la marque, bref, tout y passe. J'ai des amis qui ont déjà des promotions, une nouvelle voiture alors que moi, je suis fière de m'être levée tôt et d'avoir fait mon lit et mon ménage.

Le printemps est arrivé. Les terrasses ouvrent. Mes amies voient soudainement tout le potentiel masculin qui se promène dans les rues. Elles roucoulent, mettent leur jolie jupe et prennent un verre, déjà en chasse. Et moi? Je me retrouve dans cette situation où j'ai cédé à leur demande pour les accompagner. Et le scénario se répète, à l'infini.

Crédit photo de couverture: cosmopolitan.com

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