C’est dans l’avion au retour que j’écris ces lignes, un peu émotionnelle je dois dire, ces deux dernières semaines m’ont été plus que bénéfique, nécessaire. Les derniers mois ont été des montagnes russes de stress en hauteur, et d’énergie en baisse. Je n’avais plus l’impression de vivre, mais de survivre. Mon bien-être se présentait sous forme de consommation et d’anxiété, la party animal en moi ne ressentait plus le party, mais seulement un instinct de survie. J’avais sincèrement besoin de ce voyage, seule, pour me recentrer, me retrouver, être bien et penser à moi pour une des rares fois des 10 derniers mois.
J’ai toujours été workaholic, maintenant je connais mes limites, il y a une différence à travailler beaucoup pour réussir, et se briser pour y arriver.
J’essaie excessivement d’être au top tout le temps, de tout faire rapidement, de répondre instantanément, d’être la meilleure employée, la meilleure associée, la meilleure partenaire d’affaires, la meilleure toute possible, surprise : le possible c’est notre limite. Je me sens mal de ne rien faire une journée, je me sens mal d’avoir une journée de congé, je me sens mal de ne pas répondre au téléphone, je me sens mal de dire aujourd’hui j’ai congé, demain je vais tout régler. L’anxiété et la survie viennent de ma vie de tous les jours, vivre et bien-être proviennent du fait que je voyage seuls. J’ai eu mon point de rupture en voyage, le moment où j’ai commencé à enfin me sentir bien, zen, avec l’envie de vivre le bonheur et de ne rien faire. De me donner le droit d’avoir du repos, d’avoir un vrai bon sentiment de bien-être, à jeun aussi. Partir dans un autre pays, sans rien avoir réservé ou organiser à l’avance, à réserver mon billet d’avion six jours avant mon départ, pris des assurances la veille, fait mes bagages le matin même, ce sentiment d’excitation de ne pas savoir ce que demain sera fait, avec mon sac à dos et des inconnus pendant deux semaines, c’est ça que j’appelle vivre.
Je recommande de voyager seul au moins une fois dans sa vie, peu importe de quelle façon.
Pas obligé d’aller dans des auberges jeunesse, sac à dos sans réservation, sans itinéraire, dans un pays où tu ne comprends pas la langue non plus. Choisi ce qui te convient, surtout pour ton premier voyage solo, choisi un pays qui te rendra à l’aise et en sécurité, déplace-toi peu, vérifie ton itinéraire avant au besoin, réserve au minimum tes premières nuits, mais vivre un voyage seul, c’est se retrouver et être bien face à soi-même, c’est réapprendre à s’aimer, c’est sortir de sa zone de confort et apprendre ses limites. Partager et être entouré de gens de partout dans le monde c’est juste « priceless », enivrant.
J’ai adoré mon voyage, j’étais au Mexique, un voyage relativement facile ayant été dans la partie touristique du Yucatan.
N’empêche que j’ai vécu au jour le jour, rien de décidé, rien de réservé. Et contrairement à ce que la plupart peuvent penser, aucun stress lié à ce fait. Au contraire, je n’avais pas d’obligation ; pas de stress de devoir me déplacer absolument tel ou tel jour, pas de stress à être pressé de tout faire selon mes plans, pas de stress sur le fait que je suis restée à une place plus longtemps parce que je m’y sentais bien. Je décidais simplement de faire ce que je voulais, quand je le voulais, et ça, c’était du bonheur pur.
Un bon rappel sur ce que je devrais tenter de faire dans ma vie de tous les jours également, prévoir l’important, mais vivre le restant.
Et c’est avec une zénitude que je reviens dans mon p’tit Québec, prête à reprendre où j’en étais, à apprécier les moments et prendre un peu plus le temps. Je suis prête à être la party animal que j’étais, celle qui a du plaisir, pas celle qui survit. Certain te diront que voyager solo tu apportes un sentiment de solitude, mais c’est absolument faux, et c’est en le vivant que tu le comprends.
Je suis prête à continuer mon voyage, à la maison. Bienvenue 2023.
Image de couverture de Holly Mandarich