J’ai passé les 11 premiers jours de décembre en Allemagne, après avoir acheté le billet une semaine avant sur un coup de tête. J’ai récemment quitté l’école -trop long à expliquer et Le Cahier n’a pas de vocation à la Dr. Phil- parce qu’en gros je me suis rendue à l’évidence que jamais la médecine dentaire ne me conviendrait comme programme. J’étais pourtant responsable (relativement) et j’avais passé bon nombre d’années à économiser de l’argent dans un CÉLI en vue de financer mes études universitaires dispendieuses. J’avais donc un peu d’argent mis de côté qui financerait dorénavant mes périples, et j’ai jeté mon dévolu sur l’Allemagne pour commencer parce que j’avais vu sur internet des photos de christkindlmarkt, ou des marchés de Noël en français. Comme à mon habitude, je voyage seule même si j’ai l’air d’avoir 15 ans. Alors j’atteris à Munich et j’y passe quelques jours. Je suis complètement jet-lag mais je veux maximiser mon temps ici alors je visite déjà un premier marché de Noël, où je m’arrange malgré moi pour me peter la face avec du glühwein, qui est du vin chaud épicé, une boisson hivernale typique des pays scandinaves et germaniques. Je dis malgré moi, parce que j’ai juste bu un verre mais je n’étais pas top shape et j’ai toujours été petite nature, du haut de mon 1,60m -sans entrer dans les détails, mais selon la charte de l’IMC, je suis en dénutrition-. Je mange dans un restaurant de nourriture classique bavarois et comme je ne comprends rien du menu, je pointe un plat qui à ma compréhension est de la soupe. J’ai en fait commandé une soupe avec une grosse boulette de foie.Il est midi mais tout le monde boit de la bière, et que dire du format des verres! Des bucks de bière gros comme ma cuisse! Je commande une bière radler, qui est un mélange artisanale de bière et de Sprite ou limonade. La radler est la boisson que les chauffeurs désignés boivent lors d’une soirée. En l’espace de quelques jours, force est de constater que la réputation de Munich s’avère vraie : il s’agit d’une ville un peu plus traditionnelle, conservatrice que Berlin. La touche excentrique de mon court séjour dans cette ville est le bar Sehnsucht où une collection de soutien-gorges sont accrochés au-dessus du bar.
De Munich, je me dirige en auto vers Salzbourg en Autriche : en deux temps trois mouvements, on se retrouve dans un autre pays : c’est la beauté de l’Europe je vous dis. Et les mythiques autoroutes allemandes où aucune limite de vitesse ne régit la vitesse de croisière aide également la cause. Mon but étant de visiter le marché de Noël de Salzbourg, je me faisais penser à ma mère pour qui voyager dans différents pays consiste seulement à visiter les quartiers chinois. Elle va à NYC, à Paris, à San Franscico, tout ce qui l’intéresse, c’est voir le quartier chinois. J’étais donc ma mère, mais version christkindlmarkt. Salzbourg est une ville petite, certes, mais ô combien charmante. La ville est bourrée de lumières de Noël, à mon plus grand plaisir de romantique refoulée. Ils ont même un pont où de nombreux cadenas symbolisent l’amour des couples (c’est quétaine! ....je peux bien hate autant que je veux, je le ferais aussi si j’étais en couple, why am I trying to kid myself).
Sur le chemin en revenant pour l’Allemagne, j’arrête dans des petits villages pittoresques dont Saint Wolfgang où j’embarque sur un bateau pour contempler les Alpes en sirotant du glühwein. Les maisons ici sont invraisemblables, on se croirait dans le village du Père Noël. Toutes les filles doivent forcément s’appeler Heidi, porter un dirndl (robe traditionnelle autrichienne et bavaroise), et avoir 2 tresses blondes. J’étais dans un village de lutins et j’adorais ça.
De retour en Allemagne, c’était au tour de Berlin. Je me retrouve à la gare centrale de Berlin. Peut-être je n’ai pas assez pris le train dans ma vie, mais la gare de train berlinoise est futuristique je trouve : je me croirais dans un film où des cyborgs servent d’employés au service à la clientèle.
Je pense que la grandeur d’une ville peut être mesurée ou estimée à partir de leur réseau de transport en commun. Il suffit de regarder la carte des lignes de métro et ça nous donne une idée. Montréal est une petite ville, ainsi que San Diego. New York, Berlin et Londres c’est le bagne à comprendre, c’est tellement pas user-friendly la carte de Berlin, je ne sais même pas pourquoi ils la mettent dans les wagons parce que quand je suis squeezé ben raide, je ne vois rien avec ma myopie d’asiatique la petite carte avec des lignes multicolores sur le plafond. Ça aide pas que toutes les noms de stations ici soient Hauhohpthahaughplatz ou Zuöückerburg.
C’est déjà bien que l’Allemand soit composé des mêmes lettres que le Français sinon oublie ça, imagine que je sois en Russie, juste pour m’orienter, je devrais regarder les noms de stations de métro comme si je regardais un hiéroglyphe : je serais la fille qui tient en l’air un papier et qui le compare à l’affiche du nom de la station. Je n’ai jamais payé pour utiliser le transport en commun parce que j’avais lu que c’était officieusement gratuit. Le système de transport n’est pas doté de tourniquets et je ne me suis jamais faite prendre, mais on m’a dit que les controleurs pouvaient être habillés en veston cravate ou en gars de construction avec des bottes d’acier. L’amende est de 40 Euros pour votre information.
Le tram/métro est aussi stylish que les murs de la ville : les guide de touristes ont ça de vrai, le street art est au point...même les bouches d’égout sont notables. Les gens sont nettement différents de Munich aussi, ils sont beaucoup plus hipster. Des parkas militaires et des lunettes à la Harry Potter, j’en ai vu. Chose que j’ai remarqué est que les bottes Ugg si populaires en Amérique sont remplacées par les Timberland beiges : tout le monde en a. Et tout le monde est grand. Oui je suis petite, mais j’ai vu une différence à Montréal et en Allemagne, les gens sont grands. Dans ma chambre d’auberge de jeunesse, j’ai vu la fille avec les plus longs pieds de la planète, j’en suis certaine. De plus, Berlin est tapissée d’affiches partout : concerts par-ci, théâtres par-là, cirque dans 2 jours, etc. Berlin est sans contredit une ville où ça bouge, une ville de jeune: les affiches ne mentent pas, la vie culturelle est bien présente.
Le christkindlmarkt à Berlin, en dessous de la tour Alexanderplatz, était bondé comme le métro japonais où des gens sont payés pour pousser les autres dans les wagons, sauf qu’ici on se poussait mutuellement pour gratis -question de sortir de ce labyrinthe de marché de Noël et éviter de s’engouffrer comme Mario Bros dans un sable mouvant-. Pendant un moment d’acalmie, j’ai pu manger une collation délicieuse. Dans mes souvenirs, les champignons étaient extraordinairement exquis mais peut-être j’avais simplement trop faim.
Je suis quétaine dans l’âme, et je me dis que les photos ne sont jamais aussi belles que ce que la lentille qu’est mon oeil voit, et qu’une photo ne rend pas justice au paysage que je voulais immortaliser. Je n’ai pas mentionné les tas de musées qui sont sur une île, principe très cool en soi, mais que j’ai boycotté parce que je suis assez hippie pour croire que la culture, du moins les musées, devrait être gratuite et accessible à tous. J’ai eu la même réaction en Floride quand je me suis rendue compte que la visite de la maison d’Ernest Hemingway, qui est LE auteur, était payante. Même la visite de l’exposition d’Helmut Newton à Berlin était hors de prix selon moi (32$ canadien), mais au lieu depester et d’étaler mes opinions non fondées sur des notions budgétaires,j’ai pris cet argent pour aller boire de la bière allemande, Berliner Weisse, dans laquelle ils mettent un jet de sirop rouge (framboise) ou vert (aspérule, ou woodruff en anglais - saveur exclusive en Allemagne).