Vivre le mal du pays dans son propre pays

À toi qui a vécu le mal du pays dans ton propre pays... J’ai décidé de t’ouvrir la porte sur mon histoire. 

J’ai une crotte sur le coeur et j’ai décidé de vous la partager (Vous êtes V. I. P. pas mal ou je vous prends pour des psychologues.)

Avant tout chose, avoir le mal du pays est... Être nostalgique, ressentir de l’ennui, de la tristesse. Ressentir un sentiment de manque lorsque nous sommes loin de chez nous. 

Il y a de ça quelques années, j’ai décidé de partir de la maison et d’aller vivre à plusieurs centaines de kilomètres de ma famille. Sur le coup, je me disais qu’il était plus que temps que je parte, que je devais vivre mes propres expériences, que je devienne indépendante, que je devienne ‘’une femme’’. Je comptais les semaines, les jours, les heures.... Tout ce qui sonnait dans ma tête quand je pensais à ce moment, c’était : YOUHOU !!! Partir, a été plus difficile que je ne le croyais. Moi qui me croyais ''prête''. Quel blague de m... Je revois encore ces scènes avec ma maman, qui avait beaucoup de mal à laisser partir sa petite dernière de la maison. Je revois aussi celle avec mon père, qui a été très touchante. Aucun mot n’a été prononcé à ce moment, il m’a juste prise dans ses bras et nous avons laissé couler plusieurs larmes. Crois-moi, si tu avais vu cette scène dans un film, tu n’aurais pu t’empêcher d’essuyer tes yeux de façons répétitive. Je partais d’une petite ville, pour aller dans une qui comptait six fois plus de gens. Cela en fait des gens autour de toi, quand tu n’y es pas habituée. Prête à attaquer cette nouvelle vie, cette nouvelle ville, je me suis lancée dans cette aventure. Je croyais que tout allait se faire ''naturellement'', emploi, vie sociale. Tu sais, cette grande naïveté que tu as à 21 ans...elle m’a joué un méchant tour. Je me prenais pour qui ? Wonderwoman, probablement. S’habituer à ma ville adoptive a été difficile, pour être honnête, je n’y suis pas encore habituée. C’est franchement étrange le sentiment de ne jamais croiser quelqu’un que tu connais. (Bon, au début tu te dis que c’est vraiment agréable, mais ça passe ben vite ce sentiment). Tu finis par te sentir seule en Jésus C**.

Un vrai bouilli d’émotions ; 

Habiter loin de sa famille et de ses amis, donne naissance à un lot d’émotions plutôt surprenantes et imposantes. OUI tu en manques des évènements, un peu trop même. Étant près de ma famille, c’est difficile pour moi de ne pas pouvoir aller souper avec elle sur un coup de tête. Ces moments de famille que nous avions l’habitude de partager, se sont changés en vidéo du vendredi soir de mes parents qui célèbrent la fin de semaine, aux appels Facetime du samedi matin. Ça m’a pris facilement, plusieurs mois avant que les ‘’Au revoir’’ ne se terminent pas par des échanges de larmes. À mon grand malheur, ces épisodes refont surface depuis quelques temps, quand je tourne le coin de ma rue. Le bonheur que je ressens quand je vois enfin l’affiche Rivière-du-... après plusieurs heures de route à chanter à tue tête ma playlist de Céline Dion (''I drove all night to get to you'''... très souvent même) et le ''fichu'' gros pincement au coeur qui me frappe chaque fois que je revois celle de Trois-R... (Scoop : vous savez presqu'où j’habite...) Je me stationnerais sur le bord du chemin et j’irais enlever cette affiche qui fait seulement me rappeler que je suis donc ben loin de mon monde. Personne n'a besoin de savoir où est-ce qu’on est rendu sur la route... franchement ! J’AI LE MAL DU PAYS DANS MON PROPRE PAYS ! 

Un agenda trop rempli; 

Prévoir ta fin de semaine, c’est devenu vraiment compliqué. Ce n’est pas un agenda dont tu as besoin, mais d’un clone.. (Je m’excuse encore pour les fois que je n’ai pas averti tout mon monde que je descendais...) 48 heures, comment es-ce possible qu’en 48 heures, tu puisses faire la route aller et retour, passer du temps de qualité avec ta famille, réussir à dormir une nuit qui a le moindrement de sens, socialiser avec tes amis qui ne font pas tous partie des mêmes ''gang'' (des déjeuners par ci, des ''cafés-jasette'' par là, ça finit plus...) Je m’en excuse, mais je suis tout simplement incapable de tout faire. Tu finis par te sentir mal de ne pas passer du temps avec tes amis, mais tu finis par te sentir mal de venir chez tes parents pour juste dormir ? ... J’AI LE MAL DU PAYS DANS MON PROPRE PAYS ! 

Ce petit bonheur ; 

Ah, mais tu sais la joie que je ressens lorsque j’arrive dans ma ville natale... ben c’est rien à comparer à la joie que je puisse avoir de retrouver mes parents, ma soeur et sa colonie de vacances (bon ok j’exagère, elle a seulement deux merveilleux et trop beaux enfants), mon chien qui sile, tellement il est content de me voir ou tout simplement, car il sait que je vais lui donner une ''GS'' (langage utilisé par mes parents pour pas que mon chien comprenne qu’on va lui donner une GROSSE SURPRISE), mon lit, la nourriture de ma maman (je ne comprends toujours pas pourquoi mes recettes ne goûtent jamais comme les siennes ?) Mon fleuve, oui j’ai décidé que c’était le mien ! Sérieusement, ceux qui disent qu’ils voient le fleuve eux aussi à Trois-R..., bonne blague, je suis sincèrement désolée, tu as un ruisseau BRO, tu n’as rien vu encore. C’est si beau, si paisible, si ressourçant. J’AI LE MAL DU PAYS DANS MON PROPRE PAYS ! 

Malgré tout, je suis fière de l'avoir fait. C’est une expérience à vivre, vous me direz et j’en suis bien d’accord. Je crois que c’est important de partir, d’essayer de nouvelles aventures. Tu prends un coup de maturité hallucinant en faisant ce genre d’expérience et c’est à ton avantage. Tu apprends énormément sur toi-même et sur la vie en général. J’ai compris rapidement que cela demandait beaucoup d’organisation d'avoir autant de responsabilités aussi jeune. Surtout, j'ai enfin compris mes parents quand ils me disaient que j'étais si chanceuse d'être aux études et d'habiter avec eux... Papa, maman, vous aviez tellement raison (évidemment).