Je me suis questionnée, j'ai pleuré une SHOT, j'ai médité et j'ai finalement décidé d'écrire! C'est bien réel, oui oui, toi: la petite fille ricaneuse, enjouée, avec qui tu peux faire 1001 activités, avec qui tu peux parler, parce qu'elle a vécu toutes les péripéties du monde, avec qui tu peux te sentir écouté et compris, avec qui tu peux t'ouvrir et surtout avec qui tu peux avoir du fun! Et bien cette fille a un trouble mental. Ça me prend tout mon courage pour l'admettre et l'accepter, mais tout compte fait, je suis bien la mieux placée pour en parler! Pour parler de ce qui se passe dans mon corps et dans ma tête. À toutes ces personnes qui m'ont jugée, qui m'ont pointée du doigt ou qui ont été méchantes. À toutes ces personnes qui, à mon tour, j'ai pu blesser, pointer du doigt ou juger une fois dans ma vie. J'ai un trouble mental et c'est plus fort que moi, je ne contrôle pas toutes mes actions ou mes paroles. Le trouble de la personnalité limite, vous connaissez? Et bien ça se résume en un trouble caractérisé par une impulsivité majeure et une instabilité marquée des émotions, des relations interpersonnelles et de l'image de soi. Une fois le diagnostic posé, j'ai remis en question ma vie, mon bien-être et ma perception de moi. Pour tous les gens qui m'entourent, ils devront composer avec ce trouble. Pour ma part, je devrai accepter et continuer d'avancer.
Je ne suis pas comme les autres et ça, je le sais depuis longtemps. Je ne connais pas personne qui peut faire quatre heures de gym et se sentir bien et pleine d'énergie encore après.
Avec du recul, je remarque que mon trouble m'a apporté beaucoup d'épreuves: l'orthorexie (trouble alimentaire), l'anxiété de performance, la dysphorie (trouble de l'humeur), le comportement compulsif (entraînement extrême), les distorsions cognitives multiples, le stress de perfectionniste et j'en passe. Ma vie est remplie de tourments et avec les années, j'ai pris des mesures pour m'aider. J'ai commencé à trouver des solutions par moi-même, j'ai remarqué que la routine et un horaire précis calmaient mes angoisses. J'ai ensuite réalisé que l'entraînement m'apaisait. Mes troubles ont rapidement pris le dessus et mes solutions devenaient des complications pour les gens qui m'entourent. Mes ami(e)s, parents et copain voulaient me défaire de cette routine établie qui me brimait dans ma liberté et dans la leur. Les heures au gym augmentaient de mois en mois. Les gens qui comptent pour moi essayaient de me faire réaliser que le corps humain a ses limites et que mes articulations finiraient par lâcher. Mais j'étais souffrante et ignorante.
femme assise mental stress angoisseSource image: Unsplash
Ça prend du courage pour consulter. Ça prend une force de caractère incroyable pour accepter. Finalement, ça prend une détermination pour vouloir changer et améliorer sa qualité de vie. Je suis malade, il n'y a pas de pilule miracle pour me soigner, mais j'ai du courage, un caractère de cochon et une détermination de feu. Je ne suis pas diabétique et c'est ironique de demander à ces personnes d'arrêter de se piquer et de s'administrer de l'insuline. C'est stupide de leur dire: bon, ça suffit petite fille, tu es assez grande maintenant et apprend à gérer ton sucre toute seule sans avoir besoin de toujours te piquer ou de traîner ton petit sac partout où tu vas, ça m'énerve! Tout le monde qui verrait cette situation trouverait ça utopique. Et bien, c'est la même chose pour moi, je ne pourrai jamais cesser de trouver des solutions pour réduire mon anxiété que ce soit par la mise en place d'un horaire, d'une routine, d'une alimentation saine ou de contrôler mon entraînement.
Je ne suis pas bipolaire ou dépressive. Ce type de maladie mentale peut se traiter par une médication adéquate et ainsi leur faire voir la vie du bon côté. Ils peuvent vivre dans la société normalement sans jamais que personne ne s'en aperçoive. Non je ne suis pas de cette catégorie, je suis dans une classe à part, mes petits trucs seront ajustés selon mon humeur du moment, selon ma journée. J'aurai des rechutes, je ne serai jamais parfaite et les gens qui m'entourent devront jongler avec tout ça. Je me sens parfois si mal d'être comme que je suis, de faire vivre ça aux personnes que j'aime. J'aimerais être différente, être normale, mais j'ai une maladie mentale et je dois vivre cette phase d'acceptation afin évoluer. Le dire au grand jour me donne les larmes aux yeux, mais je sais que je ne suis pas la seule qui vit avec un trouble mental refoulé, je sais que je peux aider et je sais aussi que chaque personne a le droit d'être aidé pour passer au travers.
psychologue table santé mentaleSource image: Pexels
Plus on parle de maladie mentale et plus la société sera ouverte à ces gens, comme moi qui souffrent en silence.
En écrivant ce texte, je ne cherche pas la pitié, la critique, le jugement. Je veux tout simplement passer comme message que tout le monde peut être touché et qu'en mettant les efforts, en allant chercher l'aide nécessaire et en s'équipant de bons outils, on peut parvenir à s'épanouir.
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