Vivre avec un problème de peau, ce n’est pas facile. Surtout quand tu es en pleine adolescence. J’ai commencé à faire de l’eczéma vers l’âge de 4 ans. On avait découvert que j’étais allergique au colorant rouge et ça me causait des plaques d’eczéma. Ensuite, les changements de température à chaque saison me causaient des crises sur des endroits différents du corps. D’aussi loin que je me souvienne, ça m’a toujours causé des problèmes de confiance en moi.
Les regards, les malaises, les questionnements des autres. Les gens qui pensent que c’est contagieux. Les gens qui, sans filtre, me demandaient : Oh mon dieu, mais voyons donc qu’est-ce que t’as?
Ce que j’ai? De l’eczéma. Ce que tu me donnes l’impression d’avoir? La lèpre.
Le pire moment, ça a été un après-midi banal lorsque j’avais 14 ans. Je m’en souviens encore comme si c’était hier, je me souviens, 12 ans plus tard, du sentiment qui m’a envahie. La femme (du moment) de mon père m’avait dit : «C’est pas beau ton eczéma sur ta face. Y’a jamais un gars qui va vouloir t’embrasser. Oublie ça avoir un chum.» BAM. Comme ça, à une jeune fille qui traverse déjà des montagnes russes d’émotions avec l’adolescence.
À partir de ce moment, mes pensées quotidiennes n'étaient dirigées que sur ce problème de peau. Ce problème qui grugeait chaque once d’estime que j’avais accumulée depuis la première éclosion de grosses plaques rouges.
Est venu un moment après le secondaire où je chérissais le rêve de devenir ce que je suis aujourd’hui: artiste-maquilleuse. Mais ce rêve-là finissait toujours enfoui, puisque je savais (pensais) que je ne pourrais jamais réussir dans ce domaine avec des problèmes de peau. Qui voudrait d’une maquilleuse avec une peau imparfaite?
Finalement, au fil des années, j’ai appris à vivre avec ma condition et à m’assumer. À 22 ans, j’ai décidé de sortir mon rêve des poussières pour en faire ma réalité. J’ai décidé que c’était assez de laisser les autres (pire, moi-même) dicter ce que je pouvais ou non faire de ma vie. Quatre ans plus tard, je ne cesse de monter dans mon domaine et de montrer aux gens que les talents qui se cachent en moi surpassent la couverture.
Je mentirais si je disais que je vis bien à 100% avec ma condition. Je mentirais si je vous disais que je n’envie pas les femmes à la peau parfaite, que je ne ressens pas de gêne quand je rencontre des gens de l’industrie alors que j’ai des plaques dans le visage ou sur la main.
Aujourd’hui, j’ai le goût de retrouver la (ex) femme à mon père pour lui montrer le bel amoureux qui est dans ma vie. L’homme qui m’accepte telle que je suis et qui me trouve belle malgré tout.