Deux semaines se sont écoulées depuis les dernières aventures de mon dernier article. La raison de cette absence de nouvelles, c'est que je souhaitais prendre une pause d’écriture afin de ne pas trop réfléchir à toutes les questions que l’on se pose lorsque nous ne sommes pas dans une routine de vie et surtout, loin de tous nos repères. Au final, ces deux semaines ont été les plus mouvementées de mon périple, ce qui aura eu comme répercussion de me provoquer plusieurs réflexions sur le sens de la vie et sur ce que je souhaite vraiment recevoir d’elle. J’ai écrit recevoir, car je crois que la vie nous donne positivement ou négativement ce qui est la conséquence de nos faits, pensées et gestes.
Source : Kven Efimero
C’est aussi pendant ces deux semaines que je me suis le plus souvent dit qu’il était temps de revenir, que j’en avais marre d’être loin de mes amis, qui me manquent finalement plus que je le prévoyais. On ne choisit peut-être pas notre famille, mais nos amis forment la famille que l’on choisit. Mes amis, ils sont irremplaçables et personne ne peut arriver à leur cheville. (Coucou, les amis!)
Mais commençons du début… lorsque j’ai quitté l’appartement de mon premier couchsurfing host, les plans pour la suite de mon voyage étaient très nébuleux. J’avais cinq jours devant moi pour du moins figurer une place où dormir d’ici le début de ma deuxième expérience de couchsurfing. Originalement, j’étais supposé me rendre à San Francisco pendant une semaine, soit du 10 au 18 août, pour visiter la ville davantage et surtout, pour assister au concert de Lady Gaga. Mais la ville ne m’a pas tant charmé lors de ma première visite, comme je t’ai déjà dit. Alors l’envie d’y retourner n’était pas vraiment présente. J’ai donc écrit à ma deuxième host si je pouvais devancer mon arrivée. Cette demande représentait ma première option.
J’ai aussi fait des demandes de hosting pour pouvoir me rendre à Santa Monica pendant une semaine. Juste parce que « pourquoi pas !? » Celles-ci représentaient ma deuxième option. Et puis, le gars chez qui j’avais demeuré pendant mes vacances d’il y a deux ans, à San Diego, m’avait offert, en juillet, de rester chez lui pour la semaine. Étant maintenant un résident d'Oakland, ville voisine de San Francisco, cette troisième option allait ainsi me permettre de vivre mon plan original. Je lui ai donc écrit afin de savoir si c’était toujours valide, son offre.
Au bout du compte, personne de Santa Monica ne m’a répondu, ce qui est fréquent (et désolant) sur le site couchsurfing.com, mon ami ne pouvait finalement plus m’héberger et ma deuxième host a répondu positivement à ma demande. J’avais donc un plan en poche.
Source : Kven Efimero
Pendant les cinq jours au Airbnb que je m’étais réservé lors d’une crise de panique survenue après mon arrivée chez mon premier host, je m’étais dit que j’allais faire TOUT ce que je ne m’étais pas encore permis de faire en tant que voyageur solo. En même temps, j’avais en tête de laisser la vie me surprendre, et non, tenter de la contrôler, comme j’ai toujours eu la fâcheuse habitude de faire.
Je me suis donc rendu, un certain vendredi soir, après avoir vidé ma réserve d’alcool, dans un nightclub du quartier Hillcrest afin de danser et de m’amuser. Ça peut paraître absurde, mais je n’étais jamais allé danser tout seul. Jamais. Ma timidité expliquant cela, pendant ce vendredi en question, elle s’était camouflée derrière beaucoup trop d’alcool. Dans l’ensemble, je n’étais pas très à l’aise au départ, déambulant comme une personne cherchant son chemin (ou un faux ami) dans le bar au complet, verre à la main. Toutefois, lorsque j’ai remarqué que plusieurs dansaient tout seul, je me suis joint au groupe et le plaisir a pris toute la place de mon peu d’aisance.
On m’a demandé d’où je venais, après quelques compliments sur mon visage. On m’a demandé si je voulais un autre verre. J’ai acquiescé. On a dansé ensemble sans s’prendre la tête, sans qu’on veuille quoi que ce soit de l’autre. La soirée a finalement été agréable puisque même si l’alcool m’a certes aidé, je suis parvenu à m’accorder le fait de juste vivre le moment. Le lendemain matin fut moins agréable, cependant, avec un mal de tête séjournant dans mes tempes. Mais bon.
Après un café noir et deux advils, je me suis dirigé vers la Silver Strand Beach, sur l’île de Coronado, même si le temps était nuageux. Une fois sur les lieux, j’ai eu l’étonnante surprise de découvrir que j’étais complètement seul. Fait à noter que cette plage est divisée en deux. Il y a une partie avec des sauveteurs et une autre partie où personne ne surveille les activités des gens. La partie non surveillée est reconnue pour être souvent désertique. C’est pendant cette journée, dans une solitude exemplaire, que j’ai beaucoup réfléchi et où dans ma tête, les émotions étaient à fleur de peau.
Un aussi long voyage, ça te confirme certains points de ton identité, de ta personnalité. Ça te détruit aussi ce que tu traînais sur les épaules pour rien. Tu passes par une gamme variée d'émotions, tellement variée que tu as parfois l'impression de te perdre émotionnellement. Puis te retrouver pour te reperdre et te retrouver de nouveau. Ça te fait évoluer plus vite qu'en temps normal. En même temps, j'pense pas qu'il y ait un temps normal d'évolution. Tout le monde a un rythme différent qui change à mesure que la vie avance et se diversifie. Je vais donc juste dire que mon rythme a atteint une nouvelle vitesse.
Comme c'est mon premier long voyage, j'ai pris des décisions alors qu'elles n'avaient pas vraiment mûri. Par exemple, l'arrêt définitif de mon art. Ça me paraissait la chose à faire il y a deux semaines alors que maintenant, j'ai encore envie d'en faire, mais différemment et surtout, de manière plus concise et réfléchie. Je me suis aussi aperçu, pendant cette journée à la plage, que j’avais trouvé ce que je cherchais par l’entremise de ce périple, ce qui faisait en sorte que j’avais l’envie prenante de revenir au Québec depuis quelques jours, mais en même temps, de rester sous les palmiers. « Est-ce que je reviens? Ou je ne reviens pas?» Ceci, perpétuellement, dans ma tête. Bref. Je ne reviendrai pas tout de suite, c’est sûr. Je dois encore explorer certaines facettes de ma personnalité et surtout, vivre d’autres moments méconnus, avant de prévoir un éventuel retour.
Source : Kven Efimero
Pour ce qui est de la dernière partie de ce très long article, j’vous le dis d’avance… ça m’a fait sortir de ma zone de confort à tellement de niveaux alors qu’une désolante mésaventure est survenue. Mercredi dernier donc, je suis arrivé chez ma deuxième host, qui était absente en raison du fait qu’elle était sur la route pour le travail. C’est son mari et deux autres surfeurs qui m’ont accueilli. À mon arrivée, point important ici, je ne me suis pas du tout senti à l’aise.
J’avais l’étrange impression d’être atterri dans une maison close, mais pour hommes, avec la musique au maximum et les jeux de lumière dans le salon. Quatre autres surfeurs se sont joints à nous pendant la soirée, tous masculins. Ils dormaient tous dans la maison. La soirée s’est finalement terminée vers minuit et nous nous sommes tous couchés. Je devais alors dormir dans l’une des chambres, par terre, sur un petit matelas. Tout allait bien.
C’est de vendredi à samedi que mon expérience s’est gâchée, après avoir vécu l'une de mes plus belles journées du voyage. Certes, au matin, ma carte de débit avait été bloquée par ma caisse, mais le problème a vite été résolu, ce qui m'a permis de déjeuner. Ça ne m’a donc pas vraiment affecté. Ensuite, l'un des surfeurs m'a invité à venir me baigner à la piscine privée de l'arrondissement. J'ai accepté tout de suite. On a pris de l'alcool et on a profité de l'après-midi en relaxant et en apprenant plus sur le pays de l'autre. Étant de citoyenneté russe, il ne parlait pas vraiment en anglais.
Les conversations n’étaient donc pas très logiques, mais plaisantes. Après une sieste au soleil, avec toujours le même surfeur ainsi qu’avec deux autres gars de la maison, nous sommes allés à La Jolla pour faire un feu de camp, dormir à la belle étoile et profiter de la vie. Observer l'océan alors qu'il fait nuit est sans doute le plus inexplicable sentiment que j'ai ressenti dans ma vie. Tu ressens comme du mystère qui émane de cette sombre beauté. Tu ressens un effet de grandeur et aussi, un sentiment d’impuissance. Ç’a été magique, ce moment d’observation. C’est à vivre! Bref.
Nous sommes revenus au milieu de la nuit. Je devais dormir dans le grand lit principal où dormait l'hôte et un autre surfeur pour une raison que j’ai mal comprise. En arrivant, je ne me sentais pas bien, intérieurement. J'avais un feeling étrange, qui me disait de partir. Je me suis tout de même couché, sans vraiment dormir. Au bout d'une heure, j'ai senti une main se poser sur mon pénis recouvert de mon pyjama. C'était celle de l'hôte. Je me suis évidemment levé après un peu de confusion dans mon esprit et je suis allé m'asseoir dans le salon où était mon ordinateur, afin de calmer mon inconfort désagréable.
Un peu plus tard, il est venu m'expliquer son geste. Je ne vais pas te dire ce qu'il m'a dit puisque ça lui appartient, mais je lui ai fait comprendre que je m'en crissais de ses raisons, que c'était une agression, point barre, et que donc, j'allais passer le reste de la nuit sur le sofa. Il n'a pas bronché et est allé se recoucher. J'ai passé la nuit à trouver une solution de rechange, qui a finalement été de passer les trois prochaines nuits dans un hôtel pour me trouver un nouvel host et en même temps, recharger ma batterie interne. J'aurais pu m'abattre sur mon sort comme je le fais toujours, genre me demander pourquoi je mérite toujours des mésaventures comme celle-là, mais au lieu de ça, j’me suis juste dit que la vie voulait que dorénavant, j'écoute toujours mes feelings. Chaque événement survient pour une raison et cette raison est d'apprendre.
J’ai signalé le profil de sa femme. Le site a pris ma plainte au sérieux. J’ai aussi rédigé un avis négatif puisqu’il est important de parler de tels gestes lorsque cela arrive.
NE GARDE JAMAIS LE SILENCE, OK?
Jamais et en aucun cas. C’est pour ça que je t’en parle. Sur ce, je passe de super moments de détente dans les hôtels que j’ai choisis… Et la vie continue!