Vous rappelez-vous l’époque où on allait vers quelqu’un dans la cour d’école et qu’on lui demandait simplement : «veux-tu être mon ami?» Ainsi, on se liait d’amitié avec un autre petit humain jusqu’à ce que la phrase fatidique arrive «si tu es ami avec X, je ne suis plus ton ami». C’était si facile «dans l’temps». Aujourd’hui, les relations d’amitié sont plus complexes, elle se bâtissent au fil du temps, des conversations, des pleurs, des rires et des confidences. Depuis que je suis en sixième année du primaire, je participe à un projet de recherche chapeauté par une université à Montréal. Je vous épargne les détails, mais en gros, chaque année, je dois remplir un questionnaire qui porte sur toutes les sphères de ma vie dont mes relations amicales. Dans cette section, il y a un tableau avec dix cases dans lesquelles je dois inscrire les noms de mes «vrais» amis. J’ai toujours trouvé cet exercice intéressant parce qu’à ce moment, j’étais obligée de réfléchir à la nature, la solidité de mes relations interpersonnelles, chose que je ne fais pas nécessairement au quotidien.
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Je pense qu’en vieillissant, cet exercice devient encore plus important, car nos amis, vous savez ceux que nous pouvons compter sur les doigts d’une main, sont comme une deuxième famille. Il est bien rare que mes amis et moi passons plus d’une semaine sans s’envoyer un message texte ou un émoticône pour prendre de nos nouvelles, pour se dire qu’on est là. Récemment, dans mon article Devenir une adulte, je vous parlais de l’importance de choisir ses amis et d’assumer ses choix. Eh bien, je vous en parle encore aujourd’hui, car je pense que choisir d’être ou de ne plus être en relation avec quelqu’un, c’est, en quelque sorte, une façon de prendre soin de soi. C’est assez étrange de penser qu’un jour, on rencontre un être humain et que celui-là, parmi tous ceux qu’on a déjà rencontré ou qu’on rencontrera, on le choisit, on le choisit pour faire partie de notre vie. En le choisissant, se crée entre nous un lien qui peut être de la grosseur d’un fil ou encore avoir la solidité d’une chaîne. Et c’est, selon moi, à travers ce fil ou cette chaîne que nous évoluerons nous-mêmes, que nous arriverons à nous affirmer, à mettre nos limites et à accepter que les autres ont également les leurs. Je suis bien consciente, en écrivant ces lignes, que ce n’est pas chose facile. Je laisse derrière mois 26 anniversaires et j’ai parfois encore de la difficulté à m’affirmer sans ressentir de culpabilité. Vous en ressentirez peut-être aussi, mais essayez quand même. Affirmez-vous d’une façon qui vous ressemble, c’est ça qui va faire grandir vos relations. Il peut vous arriver d’avoir peur de dire ce que vous pensez réellement, d’avoir peur de décevoir, mais rappelez-vous que les réactions/émotions d’autrui ne vous appartiennent pas. Surtout, ne prenez pas pour acquis que les gens réagiront de la même manière que nous lorsque confronté à la même situation. Permettez aux autres de vous voir tel que vous êtes en vous affirmant, ils y survivront!
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C’est à travers ce type d’échanges, cette capacité à s’affirmer et dire à l’autre la façon dont nous nous sentons, que nous permettons au fil de se transformer en chaîne. Ce sont ces situations, au cours desquelles la relation est mise à l’épreuve, qui solidifient le lien qui nous unit à l’autre.
J’ai la chance d’avoir des amis qui sont toujours là pour moi, à leur façon et je m’efforce, en retour, d’entretenir du mieux que je peux les chaînes qui nous unissent, parce que la façon dont j’entretiens ces chaînes sont, selon moi, le reflet de la personne que je suis devenue grâce à eux.