Tu sais ma fille, la vie c’est loin d’être l’image que tu t’en fais présentement. Tout n’arrivera pas toujours comme tu le souhaites et même que parfois… rien ne va arriver comme tu aimerais. Tu vas, trop rapidement, remarquer que la vie peut être franchement plus difficile que dans les dessins animés. Aujourd’hui, tes chagrins durent quelques minutes et j’arrive encore à prendre ta peine pour la transformer en petit bonheur. Mais il viendra un temps où, même avec toute ma détermination, je n’arriverai plus à te consoler aussi rapidement.
Même si j’aimais, je ne peux pas prévoir tout ce qui t’arrivera.
Je n’ai pas la garantie que ta vie sera heureuse et je ne peux surtout pas te dire que tu en sortiras épargnée. Tu auras assurément des peines d’amour qui te sembleront infernales. Tu vivras quelques échecs et, si tu es comme ta mère, tu te mettras tellement de responsabilités sur les épaules que ton dos aura de la difficulté à te soutenir. Peut-être que tu perdras un de tes proches… peut-être même que c’est moi qui devrai te quitter. Mais ma fille, si tu as ma chance, tu seras faite de résilience et ta génétique fera de toi une petite humaine née pour nager dans le bonheur. Si tu as ma chance, tu comprendras assez rapidement… qu’il va juste falloir que tu en reviennes.
Je ne minimiserai jamais tes émotions.
Je sais que ta tristesse sera réelle et je sais que ta colère pourra être encore plus grande. Mais, à un certain moment, il va falloir que tu en reviennes. La tristesse et la colère ne peuvent être le moteur de ta vie. Il y a un temps pour pleurer et un temps pour rager… mais il viendra un moment où ce sera à toi de choisir entre la lourdeur et la légèreté. Tu auras beau aller chercher de l’aide à chaque épreuve de ta vie, la conclusion de chacune de ces démarches se terminera lorsque tu accepteras que même si le pire peut t’arriver, jamais il ne t’empêche d’avancer. Je ne minimiserai jamais tes réactions. Je te laisserai crier lorsque tu auras mal à la vie. Je te regarderai pleurer le temps qu’il faudra et je te surveillerai lorsque tu décideras de noyer ta douleur dans quelque chose de mauvais pour toi. Mais un jour, il va juste falloir que tu en reviennes… et je serai là pour te le rappeler.
Je sais qu’il t’arrivera de t’accrocher au passé.
Tu te forgeras des souvenirs heureux qui n’étaient, en réalité, pas si glorieux. Tu espéreras que tout redevienne comme avant, alors que l’avant cesse d’exister aussitôt que le maintenant prend sa place. Ma fille, la nostalgie n’a rien de bien utile. Elle t’oblige à espérer une époque qui ne pourra jamais revenir. Peut-être que tu t’enfermeras dans des albums photo et que tu penseras au passé comme quelque chose qui aurait dû rester. Peut-être que tu remettras en doute toutes tes actions ou que tu mettras tous les torts sur le dos de quelqu’un d’autre. Mais, ne te rattache pas à ce qui n’existe plus.
La vie change et encore une fois… il va juste falloir que tu en reviennes.
Image de couverture de Nate Neelson