Des fois, je me regarde aller. Je prends du recul, comme on dit. Et je me rends compte que la médecine vétérinaire n’est pas seulement ma profession; je la vis comme une mission. Celle de partager mon amour des animaux, celle de faire connaitre combien on peut prévenir leur douleur, les aider à être mieux et à se faire comprendre. À travers tout cela, je veux aussi collaborer avec mes consoeurs et confrères et unir la profession. Je suis un peu intense, je pense. ;-) Il suffit de regarder mon compte Instagram pour comprendre. Je suis certaine que d’autres, dans des domaines différents se reconnaissent en moi. Elles défendent aussi une cause, veulent faire avancer les choses et ne ménagent pas leurs efforts. D’ailleurs, dans plusieurs domaines, ce sont souvent les mêmes personnes qui trouvent le temps de s’impliquer. Ce sont elles qui me comprendront à la lecture de cet article.
J’ai conscience de la chance que j’ai d’exercer le métier que je rêvais de faire enfant. J’ai travaillé fort pour y arriver, pour être admise à la faculté de médecine vétérinaire et pour obtenir mon doctorat. J’ai toujours voulu m’impliquer pour une profession qui occupe une si grande partie de ma vie. Ainsi, cela fait des années que je me dévoue à l’Association des médecins vétérinaires du Québec en pratique des petits animaux. Plus de 15 ans! C’est de cela dont je veux vous parler. J’ai annoncé que je ne solliciterais pas un autre mandat en mai. Même si je pense que c’est la bonne chose à faire, en même temps, je ressens de la peine. Celle de laisser dernière moi une étape. Un peu le même sentiment qu’on vit en terminant nos études pour commencer à travailler.
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C’est sur une base volontaire que les vétérinaires s’inscrivent à l’AMVQ. Il ne faut pas la confondre avec l’ordre des médecins vétérinaires du Québec (OMVQ) qui, elle, assure la protection du public. L’association offre entre autres des tonnes de formations continues, des prises de position pour améliorer le bien-être animal, des informations pour les propriétaires d’animaux, du mentorat et du soutien pour la santé mentale des vétérinaires. Je vous ai déjà parlé du taux alarmant de dépressions et du nombre de suicides plus élevés parmi les vétérinaires que dans le reste de la population. Notre profession est malade… Et c’est d’une infinie tristesse. Je vais bien, ce qui ne m’empêche pas de vouloir aider les autres et de faire ma part. Ainsi, tout a commencé alors que j’étais une jeune vétérinaire. Une amie à moi siégeait sur le comité administratif et m’a donné envie de la joindre. Je me souviens combien j’ai angoissé à l’idée que j’aurais pu ne pas être élue… mais mes confrères (je devrais dire mes consoeurs puisque la profession vétérinaire est en majorité composée de femmes, surtout chez les plus jeunes générations) m’ont fait confiance.
Les années ont passées. Je ne pourrais pas compter le nombre de réunions, de projets et comités sur lesquels je me suis impliquée. J’ai pris cela au sérieux. J’ai fait avancer nombre de dossiers et j’ai appris à travers cela. Comme dans toutes les organisations, il y a les projets et… les gens. Où il y a de l’humain, il y a de « l’humainerie», comme dirait ma mère. Cependant, quand les gens sont capables de se rallier à la cause, ça devient de la belle « humainerie ». En plus, je me connais bien et je suis meilleure à travailler en équipe que seule. Plusieurs de mes collègues de comité ont été importants pour moi et m’ont vue au cours de différentes périodes de ma vie. Devant des échecs et la peine ou la honte qui vient avec, devant des succès et la progression qui en découle. Ils m’ont soutenu, encouragé et aidé à faire mieux. Je leur ai quelques fois demandé conseil. On s’est obstinés, chicanés même à quelques reprises, mais on a toujours su se concentrer à atteindre les objectifs de l’organisation. Et, je trouve cela beau. Je me sens un peu coupable de les laisser poursuivre la route sans moi.
Par ailleurs, même si je pense encore que l’AMVQ est une belle organisation qui sert la cause des animaux et aide les médecins vétérinaires, j’ai l’impression d’avoir fait le tour du jardin. Je pense que de laisser ma place permettrait à du sang neuf de développer d’autres idées. Je sais aussi qu’à travers mes multiples projets, je sers encore la profession et les animaux. Sous d’autres thèmes et de manières différentes, mais efficacement. C’est ainsi que j’en suis arrivée à cette décision. Dans n’importe quoi, il arrive que tourner la page, même si c’est la meilleure chose à faire, laisse malgré tout un petit goût amer quand on a apprécié les gens avec qui on a cheminé.
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Il reste que j’admire le dévouement des gens qui s’impliquent, qui, dans leur vie chargée, trouvent encore du temps pour faire progresser une cause, pour donner aux autres et pour vivre leurs valeurs. Ces gens qui oublient les différences de chacun pour se rallier autour d'objectifs communs. Et je veux être une de ces personnes. Maintenant, cependant, dans mon cas, ce sera sous une autre forme que via l’AMVQ… à qui je souhaite encore une longue route!