Aujourd'hui, j'ai pris la route des ruines de Hampi en Inde dans la région de Karnataka. Étant un site fortement achalandé par les touristes, les habitants locaux ont l’habitude de voir déambuler des gens de partout dans le monde. Toutefois, cet ancien royaume hindou au décor hors du commun accueille non seulement des habitants des villes avoisinantes, mais également des gens venus du pays en entier pour admirer ces vestiges impressionnants. Ainsi, tous ne sont pas familiers de côtoyer des étrangers. En résultante, des enfants qui accourent pour me saluer et me demander mon nom, un phénomène dont je ne peux me lasser. De voir ces petites mines joyeuses parler toutes en même temps pour me poser 1001 questions, ça donne toujours droit à des moments précieux.
Après la visite de quelques ruines et temples, j’aboutis au sommet de ruines surélevées sur une montagne d'où l'on peut contempler la ville avec une vue de 360°. Décidément, cet ancien royaume hindou s’étalait à des milles à la ronde. D’ici, on peut voir les temples encore érigés aujourd’hui, mais également un nombre impressionnant de vestiges qui nous laissent imaginer l’immensité de ce site datant du XIVe-XVIe.
Je continue mon chemin quand s’approche soudainement une dame âgée qui me demande si elle peut prendre une photo avec moi. J'accepte volontiers, et me prête tout de même au jeu lorsque j'aperçois une quinzaine de personnes non loin derrière elle. C'est à ce moment même que j’ai pris le rôle d’une vedette au sens propre, car tout le monde s’est mis à rire nerveusement et à s'approcher de moi, et au sens figuré, car je suis devenue l'actrice d'une scène dont je n'aurais pu rêver mieux. Être entourée de locaux à rire et à communiquer sans comprendre un seul mot de l’autre figure assurément parmi les moments que je qualifie de pur bonheur! Je monte les escaliers pour rejoindre le reste de la famille. Tout le monde est fébrile et ricane nerveusement, y compris moi. Ils parlent tous en même temps dans une langue qui m'est totalement inconnue, le kannada. Ça a d’ailleurs causé un immense fou rire lorsque je leur ai dit que je venais du Canada. Enfin, aucun moyen de savoir s’ils ont compris que je venais de ce pays ou si j’essayais simplement de répéter le nom de leur dialecte avec mon accent. Décidément, je ne parle pas le kannada et l’anglais est loin de leur être familier! Je suis surprise de voir que même les jeunes adultes de ce groupe ne parlent pas anglais. On prend quelques photos puis les adolescentes me font signe de les suivre. Dans tous les cas, je dois également sortir du temple. Je me retrouve donc à prendre le chemin, main dans la main avec ces jeunes et le reste de la famille qui nous suit. Nous formons un bel amalgame d’êtres humains. Laissez-moi vous dire qu'on a fait sourire bien des gens sur notre passage, à la fois les touristes, mais également les locaux, chacun se questionnant sur la mixité de notre groupe. Une quinzaine de locaux qui s’amusent et qui rigolent avec une touriste occidentale, ça ne passe pas inaperçu.
On aurait dit que le temps s’était arrêté. Tout était si naturel. Je n'avais aucune idée précise d'où nous allions, mais nous étions sur une route qui mène aux ruines seulement, et où l’on croise beaucoup de touristes et de locaux. C'est dur à expliquer en mots, mais quel sentiment de bonheur et d’harmonie j'ai pu vivre. Je me suis plu à surfer sur cette vague d’inconnue et de joie contagieuse. Un mélange d'excitation, de bonheur, de bien-être, et d'ouverture les uns envers les autres, faisant fi de la barrière de la langue qui nous séparaient, et vivant simplement ce moment qui s’offrait à nous. Durant cette heure à marcher à travers les ruines, ils ont tenté de me poser une tonne de questions, mais en vain dû à la barrière de la langue. À partir de ce jour, je me suis promis de traîner mon guide des dialectes de l'Inde sur moi en tout temps. Notre chemin s'est séparé au dernier temple où nous avons échangé sourires et accolades pour les filles, et avons chacun reprit notre chemin respectif.
J’ai le sourire fendu jusqu’aux oreilles rien que d’y penser. Un moment qui figurera assurément parmi les plus beaux souvenirs que j’aurai pu collectionner pendant ce voyage. Un moment de grâce, où l’ouverture et la volonté d’apprendre à connaître l’autre surpassent tout.
Avec tout mon amour,
Marie-Laura XOXOX