Je ne sais par où commencer pour partager ce qui m’habite au moment où j’écris ces lignes. Je me sens inspirée, mais les idées, les pensées et aussi les émotions se bousculent à l’intérieur de moi. Comment faire de l’ordre dans cet amas d’énergies mélangées?

Si jusque-là, c’était l’incompréhension, la révolte, l’indignation, la désolation et tous leurs semblables qui me donnaient l’envie de dénoncer tout ce que je perçois et ressens face à notre mode de vie autodestructeur, aujourd’hui, une bouffée d’air frais parfumée d’espérance me permet enfin d’expirer, et de penser : « ça y est ».

Ça y est, c’est le début de la fin.

J’observe, j’écoute, je m’ouvre, j’échange avec ce et ceux qui m’entourent, et je ne peux que penser qu’enfin, nous avons des raisons de croire à un avenir plus lumineux, plus doux, plus harmonieux.

Ironique, peut-être, après la semaine politiquement surprenante (ou pas?) que l’on vient d’observer chez nos voisins du sud. Mais c’est peut-être bien, au contraire, un bon exemple pour appuyer cet espoir du « début de la fin ».

Car, après tout, quels sont les éléments à l’origine du changement? Qu’est-ce qu’une motivation, si ce n’est, non pas de l’ordre du simple désir, mais plutôt d’une extrême nécessité?

Le malaise.

Le malaise qui augmente, et qui n’a pas fini d’augmenter, faisant augmenter avec lui ce mal-être que transpire toute notre belle humanité aux soins intensifs.

Je ne suis ni voyante ni prophétesse, mais, en ce jour où j’écris, il me vient ce sentiment de soulagement, comme s’il m’était enfin donné de croire que notre monde est réellement en train de changer, un individu à la fois…

Car si nous critiquons nous-mêmes, depuis quelques décennies déjà, la société aliénante que nous avons nous-mêmes façonnée, je pense qu’enfin, de plus en plus de consciences s’éveillent désormais, faisant naître avec elles plus que de simples critiques, mais un réel passage à l’acte. Si la génération précédant la mienne a grandement contribué à créer ce mode de vie basé sur l’efficacité en nous dénaturant de notre essence « d’êtres humains » pour nous convertir en « faire humains » (dixit un être cher), je suis convaincue que la mienne est et sera l’amorce de sa chute.

Oui, le malaise grandit, je ne peux que le constater.

Et si pas plus tard que la semaine dernière, je me désolais encore de voir et de penser que l’on critique trop sans bouger le petit orteil, aujourd’hui, une fenêtre d’espoir me pousse à observer tout ce qui est déjà en train de s’actualiser dans cette poursuite du bonheur qui dépasse l’utopie ou un concept New Age.

Et bien que ce mal-être soit déplorable, il est souhaitable et nécessaire. Car une fois le point de non-retour atteint, la Vie en nous ne peut que trouver une nouvelle et meilleure façon d’émerger. Voilà ce que j’observe.

Encore combien de réformes des systèmes qui structurent notre société seront nécessaires, combien de départs en burn-out, dépressions ou démissions de nos proches verrons-nous, combien d’années s’écouleront, avant de reconnaître qu’il faudra plus que des réformes et qu’une bonification de nos congés maladie? Je l’ignore… mais la détresse qui teinte tous ces mouvements n’est que trop observable et de moins en moins évitable.

Nous, « les jeunes d’aujourd’hui », sommes ceux qui commencent à dire que c’est assez.

Ralentir, nous devons ralentir, c’est à la mode de le penser, mais encore peu de le faire. Mais ça viendra, j’en demeure convaincue. Il suffit d’écouter et d’observer pour constater que de plus en plus d’entre nous quittons le navire des emplois à temps plein qui nous tiennent comme esclaves dans une famine de réel bien-être, de paix et de ressourcement.

Je suis l’une de celles dont les valeurs d’amour et d’aide aux autres m’ont encouragée à essayer de trouver ma place en œuvrant dans ce système de « santé » publique, mais qui doit admettre que l’expérience ne permet pas de prendre soin de ma propre santé, et du bien-être de ma famille. Ironie du sort!

Car qu’est-ce que la santé, si ce n’est que la vie, et la qualité de celle-ci?

Nous voulons cesser de survivre, pour commencer à vivre. Nous voulons voir grandir nos enfants et nous sentir suffisamment présents et à leur écoute. Nous voulons avoir le temps de prendre le temps. Nous voulons prévenir pour ne plus avoir à guérir. Nous voulons cesser d’être pressés, pour davantage apprécier.

Si le fameux personnage de Tyler Durden (Fight Club, 1999) affirmait que « nous sommes les enfants oubliés de l’Histoire, on n’a pas de vrai but ni de vraie place », et dont le cynisme me rejoignait à l’époque, j’aurais envie de lui répondre que nous sommes plutôt tout le contraire, que nous et ceux qui suivront seront ceux qui travailleront collectivement à mettre fin à la « grande Dépression » que sont nos vies.

Et le changement que l’on souhaite voir n’est rien que - mais à la fois tout - le changement que l’on peut soi-même incarner. Et ce changement, il s’opère, lentement, mais sûrement. Quand on prend le temps d’observer et de s’intéresser à ce qui est inspirant, on constate que plusieurs personnes se prennent en main pour apporter le changement qu’ils espèrent à leur vie, et que ces changements rayonnent tout autour d’eux. Ce serait ici un bon moment pour placer cette citation de Gandhi, souvent utilisée, mais si pleine de vérité : « sois le changement que tu veux voir dans le monde ».

Si certains disent qu’une telle façon de penser résulte d’un manque de réalisme de ma part, je sais que d’autres sauront y trouver ne serait-ce qu’un soupçon de vérité et d’espoir.

Pour la simple raison que je crois à la grandeur de la force cachée en chaque être humain… oui, même toi qui me lis!
Image de couverture via Pexels
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