J’ai toujours été quelqu’un qui pense beaucoup. Trop, peut-être (sûrement). J’analyse tout ce qui m’arrive, les réactions des gens, leurs émotions, le passé, le présent, surtout le futur, j’appréhende, j’imagine des scénarios qui n’ont pas lieu d’être, des choses qui pourraient se passer si j’agis de telle ou telle manière, je questionne mes choix de vie constamment, etc. Ça n’arrête jamais vraiment, là-dedans. Mon petit hamster est un athlète olympique, je suis championne de l’overthinking. J’ai cru intéressant, et un peu rigolo, de vous présenter à quoi peut ressembler mon quotidien avec ce trait de personnalité (une qualité ? On repassera !). 

Anecdote 1

Je suis allée dans un petit casse-croûte, très classique, trois options sur le menu : poutine, hot-dog, hamburger. Je me prends une poutine. Je vois un employé la faire de façon désinvolte, ça prend cinq secondes et j’ai ma poutine. Je m’installe à une table avec mon copain et ses amis, et au moment où je m’apprête à prendre ma première bouchée, je vois deux (pas un, deux) petits poils noirs épais. Des poils de barbe.

La grande question : est-ce que je retourne à la caisse pour le dire et avoir une autre poutine ? Ou est-ce que je ne fais qu’enlever les deux petits poils et manger ma poutine comme si de rien n’était ? Mes yeux se promènent entre les poils, la caisse, l’employé. Est-ce que je veux vraiment aller déranger les employés et la file de clients pour changer ma poutine ? Au fond, deux petits poils, ça n’a jamais tué personne. À moins qu’il n’y en ait plein d’autres cachés au travers du fromage et des frites. Ark!

En même temps, mon copain a pris une poutine aussi et elle a l’air très correcte. Finalement, j’ai enlevé les deux petits poils et j’ai mangé ladite poutine, en essayant d’oublier le fait que la barbe de l’employé en question n’avait pas l’air très nette. 

Anecdote 2

La dernière fois que je suis allée chez la coiffeuse, j’ai voulu faire changement de l’habituel ombré blond que je demande toujours. J’avais préparé des images d’inspiration pour montrer ce que je voulais. En arrivant au salon, je parle avec la coiffeuse pour lui montrer les images, et elle me pose des questions pour détailler encore plus ma demande : la largeur des mèches, si on veut que ça débute dès le cuir chevelu ou plus bas, est-ce qu’on coupe les cheveux, est-ce qu’on fait un dégradé, etc.

Je m’efforce de répondre à tout le plus fidèlement possible à ce que je veux, mais je reste un peu vague, en me disant que la coiffeuse est une professionnelle et doit sûrement mieux comprendre ce que je veux que moi-même. Trois heures et deux cents dollars plus tard, j’en suis ressortie avec une coupe et une coloration dont je n’étais pas satisfaite du tout. La coiffeuse me montre le résultat final et me demande si je suis satisfaite, ce à quoi je réponds : « Oh oui, c’est exactement ce que j’avais en tête ! », pour ne pas la froisser. Je lui ai même laissé du pourboire. 

Anecdote 3

Je prends régulièrement les transports en commun, même si je déteste être à proximité des gens. Une fois, j’étais assise bien tranquille au fond de l’autobus, et au fil des arrêts, celle-ci se remplissait. J’ai donc inévitablement eu des voisins. Un de chaque côté. Nos cuisses et nos bras pouvaient se toucher. Je pouvais sentir leur odeur, entendre leur respiration. Après quelques arrêts, des places se sont libérées. L’un de mes voisins en a profité pour changer de place. Un arrêt plus tard, d’autres places se libèrent.

J’ai donc deux choix : rester à ma place, où j’ai encore un voisin très collé, ou changer de place et être libérée des odeurs et des bruits corporels d’inconnus. Pour toute la durée de mon trajet (qui était tout de même d’une bonne trentaine de minutes), je suis restée assise près de mon cher voisin. Pour la seule et unique raison que je ne voulais pas qu’il pense qu’il sentait mauvais ou qu’il était louche. Pour ne pas le froisser. 

Anecdote 4

Dans un cours à l’université d’une durée de trois heures, une fois, j’ai eu faim. J’ai donc plongé ma main dans mon sac, à la recherche d’une petite collation, et il en est ressorti une belle pomme. Je me suis mise à manger ma pomme, mais je faisais correspondre mes croquées à des bruits précis (un élève qui tousse, le professeur qui parle plus fort, des discussions guidées en classe, etc.) parce que je ne voulais surtout pas que les gens m’entendent, et se retournent, et me fixent. Ça m’a donc pris une bonne demi-heure pour terminer ma pauvre pomme, qui était rendue tout oxydée à la fin de cette épreuve. Or, ça ne s’arrête pas là.

Une fois ma pomme bien terminée, je ne voulais pas me lever pour aller la jeter, pour les mêmes raisons nommées précédemment (et parce qu’on ne sait jamais ce qui peut arriver : je pourrais trébucher, m’étendre de tout mon long, ou encore ne pas savoir qu’il y a une tache ou un trou directement sur mon postérieur, etc. Bref, la liste de catastrophes est longue !). Ainsi, je suis restée avec un trognon de pomme dans mes mains pendant une autre heure, afin d’aller le jeter à la fin du cours. Je ne vous raconte même pas lorsque je souhaite manger une barre tendre avec un emballage qui fait des « crounch crounch » retentissants ! 

Anecdote 5

De façon générale, il me passe parfois (même souvent) des pensées très aléatoires par la tête qui me font pleurer de façon très soudaine. Du genre : imagine si mon chat meurt, et que mes parents m’appelaient pour me l’annoncer à l’instant, ce serait tellement triste ! Ou encore : et si mon copain arrêtait de m’aimer, genre maintenant ? Ou bien : hey, c’est bien vrai ça, un jour j’aurai plus de parents, ils vont mourir. J’imagine des scènes tristes, des moments tristes, ou bien encore des moments de pures joies (le nombre de fois où je me suis fait demander en mariage dans ma tête est assez gênant. Mais je suis prête maintenant à toute éventualité !).

Finalement, ce ne sont que des exemples de choses, de pensées, qui roulent quotidiennement dans ma petite tête. Bien que cela puisse être extrêmement épuisant parfois, c’est également très stimulant, lorsque c’est dirigé vers des choses spécifiques : par exemple, j’ai de l’imagination pour mille, des idées de projets pour les cent prochaines années, etc. 

N’empêche que le petit hamster-athlète pourrait parfois se reposer !

Image de couverture par Kim Green
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