Qui n’a jamais rêvé d’un autre monde? Un monde dans lequel le rythme de vie est plus sain, plus en lien avec les saisons, avec la nature et avec le cycle de la vie. Un monde dans lequel on a le temps de prendre le temps. Pour s’occuper des siens, pour s’occuper de soi et pour s’enrichir d’expériences et de connaissances diverses. Un monde dans lequel le quotidien ne rime pas avec course folle pour arriver à ses objectifs le plus vite possible, où le chemin parcouru est vraiment plus important que la destination, pas seulement dans des citations sur les réseaux sociaux, mais dans la vraie vie. Un monde pour lequel nous ne sommes pas en compétition constante pour prouver notre valeur comme travailleur, à essayer d’être meilleur que le voisin en voulant faire étalage de sa réussite à grand coup de marques et de matériel souvent superflu. Un monde pour tout le monde, plus juste, plus égalitaire, plus humain. Où la mode serait la culture générale, la bonté, l’actualisation de soi, le partage, plutôt que l’individualisme et l’image; la richesse et l’avidité.

Enfoui au fond de nous-mêmes, ce rêve existe. Cette possibilité que le réel soit différent. Nous avons tous cette lueur de changement, d’espoir, à différents degrés d’intensité qui nous brûle les entrailles. Notre âme, notre connexion avec le monde environnant et notre instinct animal nous le font sentir, quelque chose cloche assurément. Déconnectés de la chaîne alimentaire, suralimentés par des conglomérats agroalimentaires et loins de nos racines, nous nous rendons compte actuellement de notre dépendance extrême envers les grosses entreprises, les réseaux de distribution et plein d’autres acteurs hors de notre portée. C’est en moment de crise, comme nous le vivons tous actuellement, qu’on se rend compte qu’on est peut-être allé trop loin dans l’industrialisation et la mondialisation. Que c’était bien correct, dans le temps, de dépendre plus de sa terre et de la sueur de son front, plutôt que d’un chèque de paie et de la capacité de l’État de faire fonctionner la machine.

Actuellement, pour la majorité confinée, avec des proches qui risquent leur santé en s’exposant dans la prestation de leurs services essentiels, nous avons la possibilité de réfléchir au monde de demain, au monde d’après. Utilisons la détresse palpable, le sentiment d’impuissance et le choc apporté à notre mode de vie pour définir comme individu, mais, surtout, comme société ce que nous voulons apporter comme changements.

planète dans des mainsSource image: Unsplash

Prenons le temps de prendre conscience de la situation, pas simplement à avoir peur de manquer de papier de toilette, mais de vraiment réaliser l’ampleur de la réalité qui nous gifle. Probablement que nous allons sortir de cette crise, pour la plupart, indemnes, avec des relents d’anxiété pour les mois à venir. Mais il nous faut retenir des leçons de ce cri du cœur de la planète. Ce n’est pas qu’un événement isolé. Si nous ne changeons pas nos manières de faire, de produire et de consommer, nous allons être encore victimes des prochaines crises. Qu’il s’agisse de perturbations liées aux changements climatiques, à d’autres virus envoyés par mère nature pour refréner la surpopulation ou à n’importe quel autre incident, nous allons revivre cette même inquiétude, mais à plus grande échelle s’il s’agit d’une situation plus grave et mortelle. Mais avant ces changements, tous aux champs!

En ce moment, les décideurs parlent de plus en plus d’un risque de précarité alimentaire dû au manque de main-d’œuvre dans le secteur agricole. Il me semble que le message est clair. Avec 2 000 000 de chômeurs au minimum en raison de la crise au pays, dont plusieurs centaines de milliers au Québec, il est de notre devoir moral et collectif d’aller aider les maraîchers et autres gens dont dépend notre apport alimentaire. Au lieu de se plaindre que les 16 000 travailleurs provenant de l’extérieur ne pourront pas venir en assez grand nombre pour assurer nos récoltes (on parle même de perte de 70% pour certaines cultures), pouvons-nous nous serrer les coudes? Lâcher nos divans, nos écrans et notre magasinage en ligne pour retourner à la terre? Si nous sommes ici, aujourd’hui, dans la bulle de confort que nous connaissons, c’est grâce à nos ancêtres qui se sont battus contre les éléments de la nature pour se faire leur place, labourer leur terre et faire prospérer notre nation.

champ avec soleil couchantSource image: Unsplash

Pouvons-nous nous montrer dignes d’être leurs descendants en se montrant fort comme eux, en faisant ce qu’il faut pour s’en sortir, pour survivre? Car c’est bien de cela que l’on parle. La viande, les légumes, les fruits et tous les autres produits n’arrivent pas par miracle sur les tablettes, cela prend des bras, du cœur à l’ouvrage et un souci de l’autre pour y arriver. Oui, l’État va lancer des incitatifs, des campagnes de recrutement et d’autres mesures pour y arriver, mais soutenons-nous pour une fois, faisons-en un projet de société comme l’on n’en a pas connu depuis des décennies. La solidarité bat son plein en cette période et c’est magnifique, continuons dans ce sens en soutenant nos producteurs locaux!

Le pouvoir de se projeter en avant, de rêver le monde de demain est infini. Nos ouillères, ce sont nous qui les gardons, pas nécessairement par choix, mais par peur de penser en dehors de la boîte. Voir les incohérences, remettre en question l’ordre établi, les manières de procéder, cela donne le vertige, certes, mais c’est urgent de le faire en ce moment. Il faut apprivoiser notre phobie des hauteurs quand on pense à la multitude de possibilités qui s’offrent à nous avec la si belle planète que nous habitons, les connaissances que nous possédons et l’esprit critique qui nous différencie des autres mammifères. Notre côté animal, plus compréhensif de notre lien avec la terre, conjugué avec notre grande humanité pourrait faire éclore un monde meilleur, plus durable et plus aligné avec notre nature profonde, celle de vivre en harmonie avec notre environnement, comme les peuples ancestraux l’ont fait pendant des milliers d’années.

Tous frères, tous sœurs, en harmonie avec notre univers. Fermettes collectives, ateliers d’apprentissage des travaux manuels de base, ateliers créatifs, soirées musique, cours d’arts divers et activités physiques extérieures. Recyclage, rapiéçage, confections maison, productions locales, voici des pistes à explorer. Retissons notre lien avec notre habitat, balançons nos communautés en recréant un sentiment d’appartenance, en étant fiers d’être Québécois, en réapprenant d’où nous venons, avec le savoir-faire acquis de génération en génération. À ce que je vois actuellement, nous plantons les graines de ce monde de demain, nous retissons notre filet social et nous ouvrons nos esprits. Je vous invite à rêver, rêver grand du futur, car demain, c’est à nous de l’écrire, c’est à nous de réécrire l’histoire.

Source image de couverture: Unsplash
Accueil