Tu lui as donné le ciel et la Terre et il les a accueillis à bras ouvert. Tu as voulu le rendre heureux, combler ses moindres besoins et désirs. Tu t’assouplissais sans cesse à ses restrictions au dépit des tiennes. Il faut dire que tu t'es un peu oublié. Tu t’es perdu.
Tu lui préparais son café le matin, tu faisais son lit le laissant propre et sans replis. Lorsqu’il partait pour le travail, tu lui donnais un câlin en lui souhaitant une bonne journée. Tu lui préparais son plat préféré avant son retour, tu planifiais des soirées en amoureux lors de ses temps libres. Tu t’es donné cœur et âme afin de lui plaire et le combler de bonheur, mais qu’en était-il de toi ?
Que t’a-t-il donné en retour ? Pourquoi ne t’es-tu pas gardé un peu d’amour pour toi-même ? Où est passé le « self-care » ?
Imagine un homme seul, assis à un banquet d’une petite chaîne de restauration.
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Il lit paisiblement le journal en buvant son café. Alors qu’il prend connaissance des nouvelles de la veille, la serveuse l’interpelle. « Alors, monsieur, qu’allez-vous commander ? » demande-t-elle. « Ce sera du homard, s’il vous plait. » Le temps passe, sa commande arrive. Il déguste son poisson alors qu’une femme fait son entrée dans le restaurant. Elle s’assoit à ses côtés et lui demande pourquoi il a choisi le poisson. Étonné par sa question il lui répond, tout bonnement, qu’il aime cela.
Mais ça ne fait pas de sens. Comment peut-il aimer le poisson après qu’on l’ait enlevé de son environnement, tué et cuit ? Et tout cela pour satisfaire ses papilles gustatives et sa faim. C’est la même chose avec cet homme qui disait t’aimer. Savait-il pourquoi il t’aimait ? Ou le disait-il par habitude sans se poser de questions ?
Il y a de ces gens qui disent aimer quelqu’un parce que cette personne comble un vide et remplit des besoins affectifs et autres. On prend, on prend, on est rassasié et puis on part. Mais l’amour, ce n’est pas de prendre à quelqu’un, mais c’est de se demander ce qu’on peut donner à cette personne.
La réalité est que l’homme n’aimait pas le poisson. Il aimait seulement ce qu’il pouvait lui procurer, soit un ventre plein. Il a mangé à sa faim sans même laisser du pourboire. Tant que son besoin primaire était comblé, ça lui allait. Il ne se posait pas plus de questions.
Certes, lorsqu’on aime réellement, on se soucit du bien-être de l’autre. Aimer, c’est bien plus que de l’affection, des cadeaux et des services. C’est se dévouer sans s’oublier, mais surtout, ça DOIT aller dans les deux sens. Les sens uniques ne fonctionnent jamais. Dis-moi, comment pouvait-il te rejoindre à mi-chemin ? Il serait allé à contresens.
Tu as bâti les rails de tes propres mains, mais il n’a pas pris le train à la gare et c’est tant pis. L’homme qui mangeait du homard représente la même chose que ton ancien amour. C’était un amour de poisson. Un poison dont tu t’es libéré.