On pourra dire que tu m’auras fait vivre un été d’enfer. Je ne savais pas que c’était possible de devenir aussi folle. Folle de vouloir connaîre la vérité. Folle d’avoir de tes nouvelles. Folle d’oser rêver que tu pensais parfois à moi.
Je ne saurai jamais tout ça. Je ne le saurai pas parce que je me suis enfuie. J’ai eu peur et j’ai préféré tout quitter avant que la bombe n’éclate. Je n’aurais jamais été capable de t’avouer que je taimais un peu. Beaucoup. C’est idiot parce que je ne te connaissais pas tant que ça. Juste un peu. Je connais un peu ta vie, ce que tu aimes, ce qui t’énerve, ton meilleur ami. Je parvenais à voir lorsque ça n’allait pas. Ça se voyait sur ton visage. Il se fermait, tu ne disais plus rien. Tes yeux devenaient froids. Tu étais uniquement en vie par les mille et une questions qui se reflétaient derrière tes lunettes. Ces lunettes qui plaisaient à beaucoup de filles. Tu le savais. Tu aimais entendre que tu étais beau avec tes lunettes. Certaines n’arrêtaient pas de répéter à quel point tu étais parfait. Tu aimais ça. Je n’étais pas l’une d’elles. C’est peut-être pour ça que je n’ai pas eu d’attention de ta part. Je ne te flattais pas dans le sens du poil. Oui, j’avais droit à un clin d’oeil, un sourire, mais c’était pareil pour toutes les autres. Tu savais comment t’y prendre. J’étais loin d’être idiote et pourtant je suis tombée dans le panneau. Pas tout de suite. Pas à notre première rencontre. Non, au début, je ne t’avais même pas remarqué. Puis, ça été la surprise. Je croyais que tu blaguais. Le piège était tellement grossier, je pensais que tu voulais me faire une simple blague. Puis, non. Tu étais vraiment comme ça. Charmeur. Charmeur avec une grosse enseigne lumineuse au néon accrochée autour du cou. Pas subtile pour deux cennes, avec autant de classe qu’une enseigne pour un bar de danseuses. Parce que c’est ça que tu faisais. Tu vendais de la marchandise inaccessible au public. Tu nous la faisais miroiter en pleine face, mais on ne pouvait pas y toucher. Enfin presque. Si on y mettait du sien, il y en avait des plus chanceuses que d’autres. Fouille-moi comment tu les sélectionnais, tu ne semblais pas avoir de préférence sur le style ou le genre. C’était comme ça c’est tout. Tout le monde le savait et la vie continuait. Fuck les conséquences : les filles savaient dans quoi elles s’embarquaient. Parfois, ça ne faisait pas de bruit, puis à d’autres moments, c’était un vrai raz-de-marée qui s’abattait sur notre petite communauté. C’était le potin salé du village. Tout le monde le racontait à tout le monde. Tout le monde avait une information que les autres n’avaient supposément pas. C’était comme se retrouver dans un scandale d’un roman d’Agatha Christie : prévisible, mais excitant. Puis le calme revenait. Et on attendait la prochaine histoire. On pariait sur la prochaine fille à tomber pour toi.
Source: L'exception confirme la règle
Et il y avait moi. Moi qui cachais sa jalousie derrière son rire. Qui cachait sa déception derrière mes soupirs de fille qui s’en fout comme de l’an quanrante. Personne n’a jamais su que je n’en pouvais plus de tes histoires. C’était comme voir quelqu’un manger trop de desserts. J’avais mal au coeur à te regarder faire.
Alors j’en ai cruisé d’autres devant toi. J’en ai embrassé d’autres devant toi. J’en ai invité au restaurant devant toi. Je devais me prouver que j’étais capable d’aller voir ailleurs. À chaque fois, je pensais que je m’en étais sortie. Puis, BANG! Tu me faisais un sourire, tu me caressais l’épaule et je redevenais une pâte molle. Un jour, tu m’as même lancé un «je t’aime!» tout spontané avec ton beau sourire à me faire fondre. Je t’ai rendu ton «je t’aime». Pour toi, c’était un «je t’aime» d’amitié, mais moi c’était un «je-t’aime-d’amitié-mais-si-tu-savais». J’ai revisionné la scène toute la journée. Ça m’a fait passer une belle journée. Mais thats it. Parce que le lendemain, tu faisais ces sourires à d’autres filles qui étaient sûres d’être spéciales à ce moment-là. Au moins, je ne me suis pas rendue à ce stade. Je ne suis jamais tombée dans le panneau de la fille «je suis spéciale». Parce que je savais que je ne l’étais pas à tes yeux. C’est ce qui m’a permis de ne pas devenir une masochiste qui voulait connaître les moindres détails de tes dernières fréquentations. J’étais toujours saine d’esprit.
Et me voilà aujourd’hui à la fin d’un été d’enfer à souffler comme si j’avais couru un marathon. Et je déteste courir. Tu m’as prouvé que rien n’est impossible. (rires)
Et le pire dans tout ça, c’est que tu ne remarques rien. Tu ne vois que ce qui te fait plaisir. Ce qui remonte ton estime. Je ne suis pas l’une de ces filles qui disent à voix haute qu’elles te trouvent beau, intelligent, whatever ce que tu aimes entendre. Je le pense, mais je me tais. Tu l’entends bien assez de toutes ces filles, mon opinion ne compte pas dans le nombre. À défaut de qualité, tu aimes la quantité.
Source: SkyRock
Je termine ce texte pour toi, aveugle casanova. Tu ne te reconnaîtras pas dans ces lignes, car à moins d’y mettre ton nom et ton numéro d’assurance sociale, ça ne te sonnera aucune cloche. Comment le pourrais-tu? Tes lunettes ne te servent pas à voir clair, mais à attirer le plus de filles possible.