Trois mois de silence.

Il y a exactement 15 jours, j’ai senti avec émotion que ma vie prenait un tout autre tournant, qu’une nouvelle page de mon histoire allait s’écrire, qu’une vie prenait vie dans mon ventre. De la joie oui, que j’en ai ressentie, une profonde joie, et la promesse d’une grande aventure qui débute à trois, où chacun de nous va apprendre, grandir et se découvrir. Te voilà enfin, mon évidence, mon grand amour, mon enfant.

Je m’étais toujours imaginée nager dans un océan de bonheur le jour où j’apprendrais que je suis enceinte, mais la réalité peut vite dépasser nos espoirs : tiraillements dans le bas du ventre, émotivité à tout va, douleurs à la poitrine, règles fantômes, douleurs aux ovaires, angoisse, difficultés à profiter de l’instant présent et fatigue permanente. Le bonheur de l’instant laisse vite place aux craintes pour l’avenir.

Et voilà que tu es mon grand secret, pour les semaines à venir, comme une folle histoire d’amour interdite qu’il faut garder cachée afin qu’elle n’en reste que plus belle.

Il est difficile de rester sur cette retenue, de devoir faire comme si rien ne se passait, de faire comme si notre vie n’avait pas été chamboulée du jour au lendemain. J’aimerais pouvoir vivre mes émotions quand elles se présentent à moi à chaque instant de la journée, pouvoir poser tout un tas de questions aux femmes qui m’entourent et qui ont vécu cette expérience, pouvoir sourire bêtement aux gens parce que je suis simplement heureuse sans que cela paraisse étrange. J’aurais aimé rester focalisée sur ce bonheur instantané que j’ai ressenti en apprenant ta présence, mais la solitude dans laquelle je me suis sentie plongée au plus lointain m’a rendue rapidement très triste.

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Tu es mon grand secret sur lequel je veille au plus près, telle une mère que je suis déjà et qui veut protéger son petit. L’univers nous met un cadeau venu du ciel dans le ventre, mais sans notice, ni explications, ni règle du jeu, il te reste juste le peu de confiance que tu as en toi et ton intuition de jeune mère, en laquelle il te faut te fier dès à présent si tu ne veux pas te laisser envahir par la peur.

La peur telle une petite abeille qui vient me rendre visite de temps à autre en ces trois mois de silence : peur d’une fausse-couche, peur de te perdre du jour au lendemain, peur de l’annoncer et que cela nous porte malheur. Comme si le fait de trop parler de toi, de parler de ta merveilleuse arrivée allait rendre cela vraiment réel, et que cette réalité vienne nous frapper de douleur de plein fouet si l’on te perdait du jour au lendemain. Alors je te chuchote ces quelques mots doux au quotidien, telle une douce brise qui vient caresser ton âme pour te protéger de toute cette peur irrationnelle en ce début de grossesse.

L’optimiste que je suis garde grands les yeux ouverts, pour comprendre que ceci n’est pas qu’un rêve, le coeur confiant et plein d’espoir, je crois fort en cette belle histoire d’amour qui ne fait que débuter. Je n’aurais jamais cru ressentir un amour si fort et si intense pour un être dont je viens juste d’apprendre l’existence. Savoir que l’on porte la vie en soi est un sentiment magnifique à vivre, ponctué de fortes émotions telles des étoiles filantes qui viennent faire scintiller notre coeur et qui pour toujours nous feront ressentir qu’en cet instant, on vit quelque chose d’incroyable et d’unique.

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