« It's a damn cold night / Trying to figure out this life… » — Avril Lavigne

Vous est-il déjà arrivé de traverser une mauvaise journée et de vous retrouver, volontairement, à faire jouer une liste de lecture qui vous crève encore plus le cœur ? Une liste de lecture uniquement composée de chansons qui vous ramènent pile là où ça fait mal, mais qui, pourtant, vous font du bien ? Eh bien, moi, oui ! Honnêtement, ça devrait être complètement illogique : pourquoi plonger encore plus profondément dans la tristesse quand on pourrait chercher à se remonter le moral en écoutant autre chose ? Même si c’est un réflexe plutôt contradictoire, c’est en fait beaucoup plus naturel qu’il n’y paraît.

Le paradoxe ultime : se rendre plus triste pour aller mieux

Quand on va mal, notre première idée n’est pas toujours de vouloir fuir l’émotion. Au contraire, on peut avoir besoin de la vivre pleinement avant de pouvoir en sortir plus léger. Écouter de la musique triste, c’est en quelque sorte une manière d’entrer dans ce qu’on appelle une catharsis émotionnelle : ce moment où l’on se permet de ressentir intensément ce qui nous habite, entièrement, sans filtres et sans retenue. 

La musique agit alors comme un miroir, un reflet fidèle de ce à quoi notre monde intérieur ressemble à cet instant précis. Elle met des mots et des mélodies sur ce qu’on peine à formuler. Paradoxalement, il arrive qu’on se sente plus compris en entendant ces mots chantés par un parfait inconnu que par les gens qui nous entourent. L’entendre à travers la voix de quelqu’un d’autre (même si cette voix est celle d’un étranger à l’autre bout du monde) nous permet de ne pas nous sentir aussi seuls.

Crédit: Pexels

Pour mieux comprendre ce qu’on ressent

« And I will try to fix you » — Coldplay

Si ces chansons nous touchent autant, c’est parce qu’elles nous forcent à nous arrêter. Dans un monde dans lequel tout va vite, où l’on nous pousse à « passer à autre chose » le plus rapidement possible, à vivre dans le déni plutôt que de faire face, ce temps d’arrêt, même si douloureux, est aussi un geste de courage. Il nous aide à prendre conscience de nos émotions, à les affronter et, progressivement, à nous réconcilier avec nos états d’âme. Ces mélodies deviennent un refuge temporaire, puisqu’avant de chercher à se réparer, il faut trouver ce qui est cassé… Il n’y a pas de raccourcis vers la guérison, mais parfois, la première étape, c'est de s’asseoir dans sa peine, avec une chanson en guise de couverture.

Se laisser bercer par la nostalgie

« I had all and then most of you / Some and now none of you. » — Lord Huron

Et il y a ces chansons qui nous ramènent en arrière, directement vers les peines du passé. Des souvenirs, ravivés à l’aide de quelques notes, qui font monter en nous des émotions qui ne nous habitent plus, mais qui s’invitent le temps d’un refrain. La nostalgie en profite et s’installe, elle aussi… Souvent accompagnée d’une certaine beauté. Se rappeler ce qu’on ne croyait pas pouvoir traverser, mais qu’on a surmonté, qui on ne pensait plus pouvoir être, mais qu’on a su retrouver… Pouvoir réécouter ces chansons sans me laisser envahir, c’est pour moi, chaque fois, une petite victoire ; c’est honorer le chemin qui se dresse derrière moi et que j’ai su parcourir.

Crédit: Alison Leedham

« Just a second, we're not broken, just bent. » — P!nk

Écouter de la musique triste quand on est triste n’est pas si fou comme idée après tout. C’est, au contraire, une manière saine et humaine d’apprivoiser ses émotions. Se laisser porter par une mélodie mélancolique, c’est accepter qu’il existe dans la tristesse une forme de douceur et, parfois, la première étincelle de la guérison.

Alors, votre liste de lecture crève-cœur, elle ressemble à quoi ?
Photo de couverture via Ivan Samkov
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