Je travaille dans un refuge pour animaux domestiques. Oui, c'est ce travail que tout le monde rêve d'avoir, celui dont tout le monde me dit : « Tu as tellement de chance de passer tes journées à travailler avec des animaux. »

Aujourd'hui, j'en ai assez d'entendre à quel point je suis chanceuse. J'ai décidé qu'il était temps de briser les tabous.

Travailler en refuge est effectivement valorisant. Tu passes ta journée à sauver de petites créatures et à consacrer ton temps pour leur offrir la possibilité de trouver une nouvelle vie plus heureuse.

Cependant, lorsque tu es employé dans un refuge, cela implique également...

Accueillir des animaux abandonnés chaque jour pour des raisons qui laissent souvent à désirer.

Par exemple :

  • Je déménage demain, le 17 octobre, et je ne peux pas emmener mon chat avec moi.
  • Je suis allergique à celui-ci, donc je garde mon autre chat, mais pas lui.
  • Il endommage mes divans et je suis fatigué de cela.
  • Je n'ai pas les moyens de le stériliser, et il fait pipi partout dans la maison.
  • Mon nouveau compagnon n'aime pas les chats.
  • Mon chien aboie constamment, et cela me rend nerveux.
  • J'ai acheté le chien il y a 3 mois, mais je trouve que c'est trop prenant.
  • Je l'ai acheté il y a 1 mois, mais je veux partir en voyage et ne peux pas le prendre avec moi.
  • Il a besoin de voir un vétérinaire en urgence, mais je ne veux pas payer.

Ces raisons variées reflètent la triste réalité des animaux abandonnés, souvent confrontés à des circonstances difficiles dues à des choix impulsifs ou à des situations changeantes de la part de leurs propriétaires précédents. Heureusement, il y a aussi des citoyens compréhensifs, généreux et très responsables. Certains abandons sont également motivés par des raisons très valables et réfléchies.

En plus de ces raisons, qui démontrent souvent un manque de jugement de la part des personnes acquérant un animal, nous, les employés du refuge, sommes également confrontés à ce genre de commentaires :
  • Comment ça des frais d'abandon? Effectivement, car nous sommes un OSBL et demandons une contribution au citoyen pour prendre en charge le bien-être de leur animal.
  • Comment ça tu ne peux pas le prendre tout de suite? Malheureusement, avec la quantité d’abandons nous ne pouvons accepter tous les animaux immédiatement, car nous sommes limités en places.
  • C’est beau, je vais l’euthanasier à cause de toi! Sérieusement du chantage parce que vous êtes irresponsable?
  • Je vais le foutre dehors pi tu t’arrangeras avec! Ouf... mais encore...
  • C’est ta job de prendre les animaux alors fais-le… Mon travail est de sauver les animaux effectivement, mais le nombre d’irresponsables est plus grand que le nombre de places possible, alors on les prend tous, avec un délai plus que raisonnable.
  • Société protectrice des animaux mon cul, tu ne veux même pas sauver le mien... Sans commentaires.

En plus de tout cela, il y a des personnes qui nous mentent en pleine face, agissant comme si nous étions incapables de voir au-delà. Par exemple, une personne prétend avoir trouvé ce chien il y a seulement deux jours, alors qu'en quelques minutes, nous découvrons des photos de cette personne avec l'animal remontant à deux ans sur les réseaux sociaux.

Et je suis désolée de vous apprendre que cette personne est peut-être plus proche de vous que vous ne le croyez, car des situations comme celle-ci avec des chats et des chiens se produisent toutes les semaines.

Classe aisée, classe moyenne, personnes à faible revenu... Tous les types de personnes abandonnent des animaux au refuge chaque semaine.

Sans oublier les animaux laissés devant la porte du refuge en été à 40 degrés comme en hiver à -30 degrés. Les journées qui commencent par un appel masqué d'un citoyen à 5 heures du matin, affirmant avoir laissé un animal dans une cage devant le refuge,  nous obligeant à nous lever en hâte pour aller chercher le pauvre animal qui lutte peut-être pour survivre dans le froid extérieur. Arriver en pleurant parce que l'humain te déçoit encore et encore. Les animaux qui arrivent blessés, percutés par une voiture, ou dont la peau colle aux os parce que leur famille considère qu'étant un chat, il a le droit de sortir en toute liberté à l'extérieur.

Et malgré tout cela, se lever chaque matin avec la conviction qu’aujourd'hui, tu vas aider plusieurs animaux à trouver la paix et le bonheur.

Te rendre au travail chaque matin en espérant que cette journée sera une journée sans noirceur, dans laquelle beaucoup de compagnons trouveront une famille aimante pour la vie. Travailler toute la journée en te répétant pourquoi tu fais cela. Aller pleurer dans les toilettes de ton travail parce qu'un autre animal négligé est arrivé, ou parce qu'une personne t'a simplement poussé à bout, mais que tu as gardé ton sang-froid devant elle. Finir ta journée en étant fier d'avoir été en mesure de faire une différence pour toutes ces petites bêtes qui méritent sans l'ombre d'un doute une meilleure vie. En espérant avoir apporté la petite puce à l'oreille à un citoyen pour qu'il devienne un peu plus responsable.

Le soir, en rentrant à la maison, se remémorer tous les animaux qui sont à ton travail et chercher constamment des solutions pour leur offrir un meilleur environnement.

Tout cela pour un salaire très peu élevé, car au fond, tu travailles pour un organisme à but non lucratif et les budgets ne permettent pas un salaire plus élevé. Donc oui, J'ADORE mon travail parce qu'il est valorisant au final. Mais non, travailler en refuge est loin d'être facile. C'est un travail très exigeant. Le personnel en refuge est exceptionnel. Ce sont des personnes qui s'y attachent grâce à leurs valeurs et à leur amour pour les animaux.

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