Je vous ai déjà mentionné ma peur d’être oubliée par un auteur avec qui j’ai rendez-vous pour le Salon du livre de l’Estrie* (voir ICI). Et bien, ma peur s’est concrétisée le jeudi 21 septembre dernier, à 9h du matin, alors que j’avais rendez-vous avec l’auteur Matthieu Simard au café Les oubliettes (avec un nom de café pareil, j’aurais dû m’en douter!) Car à 9h30, j’étais toujours seule devant mon thé. J’ai donc envoyé un petit rappel d’existence à l’être attendu et espéré… « Oh merde!, m’a-t-il répondu, j’me pensais mercredi! Attends-moi, Catherine, j’arrive! »
Trente minutes plus tard, Matthieu Simard faisait son entrée dans un flot d’excuses. À peine assis, il était déjà pardonné. Car fan de lui depuis une dizaine d’années, ce n’était pas quelques minutes d’attente qui me feraient le détester.
J’ai découvert la plume de Matthieu Simard en 2005, grâce à son premier roman Échecs amoureux et autres niaiseries (Stanké, 2004), un roman qui m’avait fait rire aux larmes alors que j’étais en pleine peine d’amour. Dix ans plus tard, en 2015, vivant une autre destruc-triste peine d’amour, j’ai relu le roman Échecs amoureux... Suivi de Ça sent la coupe (Stanké, 2005), Douce moitié (Stanké, 2006), Llouis qui tombe tout seul (Stanké, 2006) et La tendresse attendra (Stanké, 2011). Encore une fois, la plume drôle et sensible de Simard m’a aidée à panser mes plaies. Et quelle ne fut pas ma joie lorsque j’appris que le roman Ça sent la coupe serait porté à l’écran avec, en vedette, nul autre que mon humoriste fétiche Louis-José Houde (voir ICI). Tout est dans tout, comme on dit. Ainsi, quand j’ai vu que Matthieu Simard serait au Salon du livre de l’Estrie afin de présenter son tout nouveau roman Ici, ailleurs, je n’ai pas hésité une seule seconde pour prendre rendez-vous avec lui.
Source : https://www.facebook.com/deux.t/
Ayant Matthieu devant moi en chair et en os, je m’en suis donc donné à cœur joie en le bombardant de mille et une questions. La première?
- Matthieu, avec Ici, ailleurs… et pardon pour mon jeu de mots facile ici, mais… tu amènes tes lecteurs vraiment ailleurs, non? Premièrement, tu fais parler deux protagonistes, un homme et une femme, alors que tu nous as habitués, avec tes autres romans, à être dans la tête d’un seul narrateur. Deuxièmement, tu présentes une histoire qui se déroule à la campagne, alors que ton écriture est généralement plus « urbaine ». Troisièmement, tu nous tires davantage des larmes que des sourires. Et finalement, tu flirtes avec le fantastique… Donc dis-moi, depuis ton dernier roman, qu’est-ce qui s’est passé au juste?!
- Ha ha! C’est vrai qu’Ici, ailleurs est fort différent de mes autres romans. Mais ce changement s’est fait naturellement. Je ne me suis pas assis chez moi en me disant « je dois changer, je dois faire différent ». Je suis tout simplement allé là où l’écriture me portait en respectant ce que j’avais envie de dire et de la manière dont j’en avais envie. Cette liberté-là est hyper importante pour moi quand j’écris, c’est-à-dire que je préfère de loin écrire ce qui me plaît d’abord en espérant que ça plaise aux autres par la suite, que d’écrire dans l’objectif de répondre aux attentes d’un lectorat déjà conquis.
Est-ce qu’Ici, ailleurs réussira à conquérir un bon nombre de lecteurs? Assurément. Du moins, pour ma part, bien que le roman parle d’une réalité loin de la mienne, la magie a opéré. Car dans Ici, ailleurs, Simard met en scène un couple qui déménage en campagne pour se donner un second souffle. Rapidement, les protagonistes, Simon et Marie, font face aux questions suivantes : comment se rapprocher l’un de l’autre tout en taisant la douleur? Comment renaître de leurs cendres dans un village qui se meurt? Et comment fuir leurs propres malheurs dans un lieu qui les submerge avec les siens? Car peu importe où l’on est, ici ou ailleurs, la vie est loin d’être un long fleuve tranquille, et tout lieu, tout être humain, portent en lui des joies, oui, mais également des peines incommensurables, voire insurmontables.
Dans Ici, ailleurs, le drame vécu par le couple est révélé au compte-gouttes et fait monter quelques larmes. Il est toutefois allégé avec des pointes d’humour placées ici et là, et des personnages colorés (certains qu’on aime même détester). Par conséquent, malgré une ambiance lourde plus que légère, le roman ne donne aucunement envie de se faire hara-kiri. Au contraire. Pour ma part, sa lecture m’a donné le goût de profiter de la vie, la mienne, ici, maintenant.
C’est donc à la seconde près que j’ai profité de mes deux heures passées en compagnie de Matthieu Simard, un auteur que j’aurai le bonheur de revoir au Salon du livre de l’Estrie, à Sherbrooke, le samedi 14 octobre, non seulement lors de séances de dédicaces, mais également lors d’une discussion sur les régions, les traditions et le repli sur soi**.
En me quittant ce jeudi 21 septembre à midi, c’est avec un clin d’œil et un sourire en coin que Matthieu m’a dit qu’il serait au Salon du livre de l’Estrie, le bon jour, à la bonne heure, et nulle part ailleurs, promis.
Crédit photo : Sarah Scott Photographie
* Pour la programmation complète du Salon du livre de l’Estrie (SLE) : ICI.
Pour rester au courant des activités du SLE : C'est ici.
** Pour rencontrer Matthieu Simard au SLE :
Les séances de dédicace auront lieu le samedi 14 octobre de 10h à 11h, de midi à 13h et de 14h à 15h.
La discussion sur les régions aura lieu le samedi 14 octobre, de 15h30 à 16h30 : détails ici