- Vous seriez coupable de quoi, exactement?

- Coupable de… de tout!

- Ça, ça ne veut rien dire. Soyez plus précise.

- Coupable d’avoir du plaisir, d’être libre. Coupable d’être heureuse!

- Et pourquoi seriez-vous coupable d’être heureuse?

- Parce que. Ça fait chier les personnes qui ne le sont pas.

- Mais est-ce que leur malheur est de votre responsabilité?

- Oui, non, j’sais pas…

- Donc si je comprends bien, vous préférez être malheureuse par solidarité aux malheureux que d’être heureuse et partager votre bonheur avec ceux qui y sont réceptifs?

- Formulé de même... J'avoue que c'est con.

Oui. C'est con. Car tu n’es pas responsable du malheur des autres. Tu n’es responsable que du tien. Alors cesse de t’empêcher d’être heureuse pour ne pas froisser les frustrés et nourris plutôt ton bonheur. Ainsi, tu auras l’énergie pour alimenter celui des autres. Non mais. Tous les grands agents de bord de ce monde le disent : mets d'abord ton masque d’oxygène si tu veux aider autrui à mettre le sien. C’est bête de même.

Source: My Airline Flight

Penser à soi n’est donc pas l’expression d’un égoïsme malsain. C’est une question de survie. Un mécanisme naturel de préservation. Qui permet un réel altruisme. Un altruisme sans sacrifice de soi. Sans culpabilité. Sans cacher un syndrome du sauveur.

Vouloir sauver les autres. Les sauver de leurs malheurs, de leurs blessures, de leurs manques. Leur manque d’amour, surtout. Apaiser les inquiets, réparer les brisés, aimer les mal-aimés. Ça te flattait l’ego. Ça te divertissait de tes propres bobos. Ça t’a pris du temps pour comprendre que cette aide que tu offrais aux autres est une aide dont tu avais toi-même besoin. Que les besoins des autres n’étaient que le reflet des tiens. Une salvatrice, donc, en attente de son sauveur. De son chevalier galant. Mais dis, princesse, sauve-toi toi-même, ok? Sors de ta tour, saute sur ton cheval et va galoper dans l’herbe sauvage. Get a fucking life.

Car tu es grande, maintenant. Tu n’es plus cette enfant dépendante et démunie. Tu es pleine d’outils. Pleine d’idées. Pleine de plein d’affaires vraiment belles. Alors sors dehors et montre-les. Ose prendre ta place. La tienne. Pas celle d’un autre. Oui, ne fais pas comme. Ni contre. Parce que ce n’est pas en se définissant comme ou contre quelqu’un qu’on devient soi-même.

Maudit. Tu as perdu tant de temps et d’énergie à essayer de fiter dans un cadre trop étroit pour toi. Maintenant, ça suffit et fais ce dont tu as envie. Ce qui te fait vibrer. Ce qui t'enthousiasme. Que ce soit écrire des textes psycho-pop, partir vivre en Californie, faire une retraite de méditation, te mettre au vélo d’hiver ou te lancer en affaires. Go! Tu en as le droit. Oui, tu as le droit de faire ce qui te rend heureuse. Parce qu’au cas où tu l’aurais oublié, tu as le droit d’être heureuse malgré le malheur. Tu as le droit d’être née dans un pays riche et en paix malgré la pauvreté et la guerre. Tu as le droit de boire de l’eau potable en tournant simplement ton robinet même si des milliers de gens sur la planète n’ont pas ce privilège. Tu n'as pas à te sentir coupable pour le beau que tu as et que tu es. Au contraire, réjouis-toi, sois reconnaissante et partage-le. Applique-toi à le faire grandir.

Certes, ton courage et ta joie froisseront les âmes les plus aigries. Mais ils inspireront celles qui n’ont pas perdu tout espoir. Et surtout, ils réjouiront les âmes heureuses. Car les gens vraiment heureux sont toujours heureux d’accueillir quelqu’un de nouveau dans leur clan. Il n'y a personne qui va dire: "Bon, en v'là un autre!" Alors vas-y. Choisis ton camp. Choisis ce qui est bon pour toi. Ce qui te fait du bien. Même si ça implique d’aller à contre-courant. De sortir du troupeau. Surtout si c'est un troupeau qui se dirige vers un précipice. Car nul besoin de rester dans un avion qui va s’écraser. Sauve ta peau. Mets ton masque d’oxygène et saute! Tu en as le droit. Le devoir. Oui, permets-toi la vie et le mouvement. Arrête de t’arrêter toi-même. Car l’immobilité ne va bien qu’aux morts.

vie_mort

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