Des fois, on se trompe. Parce que l’erreur est humaine. Et l’horreur aussi. Alors on se trompe de candidat pour qui voter. Et une planète entière tremble.
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Des fois, on se trompe tout bêtement de chemin. On prend à droite au lieu de prendre à gauche… Et ça crée un petit «frette» entre soi et madame GPS. Ou son copilote.
D’autres fois, on se trompe de mot. On dit «salaud» parce qu’on hésite une seconde de trop entre «salut» et «allo». Ou encore, on écrit «pipi» au lieu de «pipe» dans un sexto. À cause du maudit auto-correcteur. Mais c’est quand même moins pire que de «jouir» le mauvais prénom dans le feu de l’action.
On se trompe également au travail. Peu importe l’emploi. Peu importe la fonction. Peser sur «Répondre à tous» quand il ne le fallait pas… et faire ainsi savoir à tout le bureau ce qu’on pense du patron. Incluant le patron. Avoir un gigantesque blanc de mémoire lors d’une importante présentation. Se tromper de dossier à classer. Commettre une erreur d’orthographe gênante. Remettre beaucoup trop de monnaie. Administrer le mauvais médicament. Échanger par mégarde des bébés à la pouponnière…
Que ceux qui ne se sont jamais trompés lèvent la main! Et que ceux qui ont levé la main avouent qu’ils viennent tout juste de se tromper. Parce que oui, on se trompe tous un jour ou l’autre. On a tous encerclé «A» au lieu de «B». Dit «sontaient» au lieu de «étaient». Massacré les paroles d’une chanson. Ou pris quelqu’un pour quelqu’un d’autre. Y compris soi-même.
Et que dire de l’amour, vaste territoire de la tromperie… Car qui n’a jamais offert son cœur à la mauvaise personne? Cette personne qu’on finit par laisser après plusieurs trahisons. Qu’on reprend malgré tous les «je ferais pas ça si j’étais toi…». Qu’on relaisse parce que merde, on s’est trompé d’y avoir encore cru. Mais qu’on rereprend parce que «C’est pas ma faute, je l’aiiiime…». Et la danse avance-recule continue ainsi jusqu’à épuisement. Parce que se tromper une seule fois, des fois, ce n’est pas assez. On a besoin de se cogner la tête à plusieurs reprises contre le même mur afin de mûrir.
Ou penser avoir rencontré l’amour de sa vie… Mais se fait dire non dès le départ : «J’t’aime pas.» Ou se faire dire non des années plus tard : «J’t’aime plus.» Oui, après des années de vie commune, rien ne protège contre ces mots tant redoutés. Ces mots qui, lorsqu’entendus, doivent être une simple erreur de prononciation, non? Car la ligne est si mince entre «J’t’aime plusss» et «J’t’aime plu»… Mais non. Pas d’erreur. C’est bel et bien une négation. L’amour de sa vie plie donc bagage. Et de son côté, on se voit obligé de tourner la page. Voire de la déchirer.
Sans compter les innombrables scénarios d’infidélité mettant en vedette celui qui cocufie, le cocu et l’autre. Ou les autres. Tous traîtres et trahis.
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On se trompe également sur ses proches. Sa famille. Ses amis. Ceux qu’on connaît depuis si longtemps, qu’on ne prend même plus la peine d’apprendre à connaître, même plus la peine de questionner… Car à quoi bon? On sait ce qu’ils vont répondre! Ainsi, penser que le familier, le connu, ne peut plus surprendre. Par conséquent, condamner les autres à rester ceux qu’ils ont été au lieu de s’intéresser à ceux qu’ils sont vraiment. Penser pour eux sans jamais valider ses hypothèses. Se bâtir des conversations entières où ils disent ce qu’on pense qu’ils vont dire si on leur dit ce qu’on veut leur dire, mais qu’on ne leur dira finalement jamais. Un jeu de relations fictives où la marge d’erreur est énorme.
Comme parent, on se trompe aussi. Le nombre de fois où on se demande si on dit la bonne chose au bon moment. S’il faut intervenir ou pas. Priver de dessert ou non. Si les valeurs qu’on inculque à son enfant sont réellement adéquates ou si elles sont une bête réplique de celles qu’on s’est fait inculquer. Et avoir peur que de petites erreurs en deviennent des grosses. Qu’à cause d’une parole, d’un jugement, d’un moment d’inattention ou d’impatience, son enfant devienne délinquant. Toxicomane. Fasciste. Violeur. Tueur en série.
Et finalement, on se trompe sur soi-même. On se croit comme ceci, pas comme cela. Capable de ceci, incapable de cela. On s’invente des histoires, on se sécurise et on s’emprisonne dans ses propres mensonges. On fait du déni. Tête dans le sable, doigt dans l’œil. Qui plus est. On se trompe si on doute trop… ou si on ne doute pas assez. Car l’erreur de jugement n’est jamais bien loin d’une trop grande certitude. Et quand la faute est révélée au grand jour, l’orgueil en prend un coup. On se retrouve à genou, face contre terre. Ou à la télé, en train de s’excuser.
Source: http://ici.radio-canada.ca/
À écouter: http://quebec.huffingtonpost.ca/2016/11/10/rafael-jacob-excuses-election-trump_n_12897548.html
On se demande alors comment on a bien pu en arriver là. Où s’est-on trompé? Depuis quand est-on dans la mauvaise direction? On se traite d’imbécile. On s’auto-flagelle. On se tord d’avoir tort. Et on croit ne jamais pouvoir se pardonner.
Toutefois, contre toute attente, on se relève. On reprend la route. Avec l’impression de marcher dans la boue... Mais malgré tout, on continue à mettre un pied devant l’autre. Puis tranquillement, la boue se transforme en terre ferme. On a de nouveau le pied solide. Léger. Et s’ouvre à soi de nouveaux paysages. L’erreur est devenue apprentissage.
Se tromper n’est donc pas mauvais en soi. Car une mauvaise décision pousse à la réflexion et peut mener, avec un peu d'intelligence et de chance, à une heureuse transformation. N’apprend-on pas de ses erreurs? Alors espérons maintenant que d’ici quatre ans, les Américains auront bien appris leur leçon.