Tu as demandé de recevoir du beau en abondance (voir Montée de laid). Tu as formulé ta demande de manière claire. Concise. Pour éviter tous malentendus. Une phrase simple. Sujet, verbe, complément. « Je veux du beau. » Point.

Eh bien du beau, ce n’est pas tout à fait ce que tu as reçu… Pourtant ta phrase était grammaticalement parfaite. Le problème? La définition du mot « beau ». C’est que la beauté est relative, non? Et qu’elle est dans l’œil de celui qui regarde… Clairement, tu as le regard fatigué. Embrouillé. Voire les deux yeux collés. Ou c’est ton rhume que tu traînes depuis un mois qui t’empêche de voir plus loin que ta morve au nez. Car les faits marquants de ta semaine sont loin de correspondre à tes critères de beauté : le robinet de ton évier de cuisine est brisé, ta sécheuse t’a lâchée, tu t’es tapée une date poche et ta carte de crédit a été piratée…

- Madame Courchesne?
- Oui.
- Ici Eddy de la Banque Royale.
- Ah.
- Êtes-vous au Mexique présentement?
- Non… Mais j’aimerais ça!
- C’est que quelqu’un y fait présentement des achats avec votre carte de crédit.
- Hein?!!
- Ne vous inquiétez pas, je viens de bloquer votre carte. Aucun frais ne vous sera chargé.
- Génial! Merci!
- Il n’y a pas de quoi, Mme Courchesne. Je suis là pour vous protéger.

Quand Eddy a raccroché, tu t’es quasiment mise à pleurer… Un homme? Là pour te protéger? Wow. Si ce James Bond du crédit t’avait invitée à aller prendre un verre, tu lui aurais dit oui sans hésiter. Et de ces temps-ci, tu n’as pas le « oui » facile…

Oui, ces derniers temps, tu as le piton collé sur le « non ». Tu t’es même diagnostiquée un Terrible two tellement que ton besoin de dire non est criant. Dire non pour tout et pour rien. Non à tout ce qui ne te tente pas. Surtout à tes obligations… Ton patron te demande d’être responsable d’un nouveau projet? Non. Faudrait que tu te pointes à la réunion syndicale de ta section? Non. Faudrait que tu ailles au gym? Non. SamGrandBlond76 t’invite à aller prendre un verre? Non. Non, non et non. Pourquoi? Parce que « raison ». Parce que tu as deux ans d’âge mental. Voilà pourquoi. Qu’on te laisse bouder en paix, maintenant.

Petite fille, bouder

Source: http://felieetsesmonstresgentils.com/

Sauvage. Tu te sens sauvage. Comme la petite crisse de deux ans que tu étais qui refusait de prêter ses jouets parce qu’elle voulait jouer toute seule. La petite crisse qui pleurait pour ne pas aller à sa pratique de patin, le samedi matin à 6h, parce qu’elle aurait préféré regarder les bonshommes à la télé en mangeant ses Froot Loops (Sam le Toucan était tellement cool…). Et le reste de sa journée? Jouer avec ses autos Hot Wheels. Le bonheur dans sa plus simple expression.

Ces derniers temps, cette petite crisse à lulus est bien présente en toi. Chaque jour, tu l’entends te dire : « Heille, la vieille, t’es pas obligée de faire c’qui te tente pas. Tu peux rester au lit, aujourd’hui. Demain aussi. Tu peux rêvasser, t’amuser. Y’a personne pour te dire quoi faire ou ne pas faire. T’es une adulte maître de toi-même maintenant. Libre! »

Libre. Tu as tendance à oublier que tu l’es. Libre de choisir à chaque instant. Libre de changer de vie si tu en as envie. Libre d’aller jusqu’au bout du monde. De te faire teindre en blonde… Car la vie n’est pas une dictature du faire. Une dictature du faire où les « il faut » et les « tu dois » sont des ogres… Des ogres impossibles à rassasier. Qui prennent la forme de besoins à combler. D’attentes à satisfaire. De protocoles à suivre. De règles à respecter. Une mise en boîte constante. Une petite boîte rigide dans laquelle tous les « j’ai tout fait » deviennent des « j’étouffais ». Dire non à ce cercle vicieux du faire qui se cache sous des airs vertueux. Où ta plus grande récompense est d’entendre les autres te dire : « Bon dieu! J’sais pas comment tu fais! ». Dire non à tout ça. Pour te dire oui, à toi. Parce que tu n’es plus une enfant. Que tu peux faire ce que tu veux. Et si ce que tu veux est de ne rien faire, et bien soit! Et sois.

Rien, c’est ce que tu as fait vendredi dernier. Tu as dit merde à tout ce que tu étais supposée faire, à tout « ce qui aurait été bien de », et tu as suivi tes envies. Envie… En vie. Même affaire! Tu es donc restée chez toi. Tu as dansé comme une ado dans ton salon sur le nouvel album de Lisa Leblanc. Tu as lu Les maisons de Fanny Britt. Tu as écrit ce présent texte. Et pour souper, tu t’es commandé de la pizz. Oui, tu aurais pu te préparer un bon souper santé à la Marilou et transformer ta cuisine en couverture du prochain magazine de Trois frois par jour. Mais tu n’es pas Marilou. Et surtout, tu n’as pas à l’être.

Évidemment, vendredi dernier, tu n’es pas allée à ton gym. Tu n’as pas travaillé. Et tu as annulé ton rendez-vous avec SamGrandBlond76 à la dernière minute. Pourquoi? Parce que tu ne le feelais pas, celui-là. Parce que son dernier message était poche. Il t’a écrit : « Ça parle au y’iable! On est voisins! Alors vendredi soir, on pourrait se rencontrer dans une ruelle? ;-) LOL. » Euh… Vraiment? Ça prend-tu des explications? C’est que… Premièrement, « Ça parle au y’iable! », ça fait vraiment colon. On n’est plus à l’ère d’Un homme et son péché même si ça joue encore à la télé. Deuxièmement, « On est voisins! »… Et bien, dans la catégorie « voisins fréquentés », tu as assez donné (voir Mois de marde et Tôt ou tard). Troisièmement, donner rendez-vous à une fille dans une ruelle pour une première date, c’est de mauvais goût. Que ce soit suivi par un petit clin d’œil ou pas. Parce que dans la tête d’une fille, « une ruelle + un inconnu + dans le noir, le soir = agression sexuelle ». Il suffit de lire les journaux et d’écouter un peu les nouvelles. Et finalement, « LOL », ça se passe de tout commentaire. C’est juste non. Non, non et non.

Le mot « non ». Trois lettres. Un son. Quand tu le dis de manière ressentie, tu vibres! Alors la beauté de la vie réside peut-être, en partie, dans ta capacité de prononcer ce petit mot de rien du tout… Car oui, tu peux dire non. Et c'est en disant « non » à ce qui ne te convient pas, que tu pourras consacrer ta vie aux vrais « oui ».

Say no to say yes

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