Je réponds à un message pendant que je mange.
Je scroll en attendant que le micro-ondes sonne.
Je lis une notification en traversant la rue.
Je suis là… mais pas vraiment.
Comme si mon téléphone était devenu une extension de moi-même.
Toujours joignable. Toujours réactif. Toujours connecté.
Mais à quoi, exactement?
Plus je suis en ligne, plus j’ai l’impression de me déconnecter.
De moi. Des autres. Du moment présent.
Tout devient flou, fragmenté, rapide. On passe d’un stress à l’autre, d’un onglet à l’autre, d’une tâche à l’autre, sans jamais vraiment atterrir nulle part.
Et pourtant… j’ai l’impression que je devrais être capable.
Travailler plus. Répondre vite. Gérer mon budget, mon horaire, ma santé mentale.
Être présente pour les autres, efficace au travail, informée, disponible, agréable.
Reste calme, sourie, performe, gère-toi… même quand t’es à bout.
Mais à l’intérieur, ça tire dans tous les sens.
Je me sens surchargée. Et vide en même temps.
Comme si j’étais là sans être là.
Parfois, je me rends compte que je ne respire même plus profondément.
Je retiens mon souffle sans m’en rendre compte.
Je suis tendue sans savoir pourquoi.
Comme si mon corps essayait juste de survivre à une journée de plus.
Et je me demande…
C’est ça, la vie adulte?
Toujours courir. Toujours produire. Toujours absorber. Toujours répondre?
Est-ce qu’on est devenus des antennes ambulantes?
Connectés au monde entier, mais incapable de se sentir ici?
J’ai envie d’arrêter. Juste un instant.
Pas pour tout fuir.
Mais pour me retrouver.
Respirer un peu. Regarder autour de moi. Sentir le vent sur mon visage sans penser à mes courriels en retard.
Parce que parfois, vivre, c’est juste ça.
Éteindre l’écran.
Fermer les yeux.
Se rappeler qu’on n’est pas des robots.
Tu n’as pas à être disponible tout le temps.
Tu n’as pas à prouver ta valeur chaque minute.
Tu as le droit de ralentir. De décrocher. De dire "j’en peux plus".
Et si t’as oublié comment revenir à toi,
je te rappelle doucement :
Tu es encore là. Même dans le flou. Même dans le bruit.
Et ça, c’est déjà énorme.
Photo de couverture via Tommy van Kessel