*** Le récit suivant se veut humoristique et un peu (à peine) exagéré. Même si il est basé sur une réalité (la mienne), il n’est évidemment pas calqué sur la réalité de toutes les femmes qui accouchent. À lire sans prendre ça trop au sérieux. ***

J’ai 25 ans, c’est ma première grossesse. C’est bientôt la fin. Je suis due pour le 25 décembre et je trouve ça pas mal poche comme date de naissance pour la p’tite chose qui va venir au monde prochainement. En fait, je suis prête à accoucher depuis le 11 décembre. Deux semaines d’avance, il n’y a pas de danger pour le bébé, il est déjà tout formé. Et comme j’ai pas mal haïs ça être enceinte (mais ça c’est une autre histoire), ben j’ai hâte en maudit que ça finisse cette grossesse-là.

Mais les jours passent et rien ne se passe. Le 25 décembre, je suis bien belle et bien ronde dans ma robe de Noël et… on rentre à la maison après le réveillon en famille. Les jours passent et rien ne se passe. Quelques semaines plus tôt, on avait décliné une invitation pour le 31 décembre. On s’était dit qu’avec un nouveau-né, on serait mieux de rester tranquille chez nous. Et bien le 31 décembre, j’étais effectivement bien tranquille chez nous, mais toujours aussi ronde et toujours aussi peu de bébé dans mes bras. Les jours passent encore et rien ne se passe encore.

2 janvier. 3 janvier. Le téléphone commence à sonner et les courriels commencent à rentrer. «Ben là, on veut des photos du bébé! Comment ça s’est passé? Êtes-vous de retour à la maison?, etc.» Il n’y en a pas de bébé, ça ne s’est pas passé et on n’est jamais parti de la maison!!!

enceinte Source image : Unsplash

Mon médecin me demande finalement de me présenter à l’hôpital le 4 janvier en soirée. Je vais me faire poser un ballonnet. Tu ne sais pas ce que c’est qu’un ballonet? Et bien prends deux petites secondes pour y penser. C’est bon, t’es prête! Un ballonet, c’est un petit ballon qu’on t’insère dans le vagin pour faire dilater ton col de l’utérus. Ben oui, des milliers d’années d’évolution de l’espèce humaine pour finir avec un ballon dans le vagin! Pis, avais-tu deviné?

On me renvoi donc chez moi en me disant que le ballonet va finir par tomber tout seul dans les prochaines 12 heures et on me demande de me présenter en salle d’accouchement le lendemain matin à 7 heures. C’est là que ça va se passer. Wouhou!!! Y’était temps.

Et le 5 janvier 2017 sera finalement la plus longue journée de ma vie.

7:00 : Arrivée à l’hôpital

Dans les heures suivantes on va vivre un fil continu d’étapes. On va m’injecter du pitocin, ce charmant petit médicament qui fait démarrer le travail. Je vais signer un document dans lequel je donne mon consentement pour recevoir l’épidurale et je confirme que j’ai bel et bien compris qu’il y a un risque (infime, mais là quand même…) de rester paralysée suite à la procédure. On va m’interdire de manger. On va finalement me permettre de manger, juste un peu, et en cachette de l’autre infirmière qui elle n’est pas d’accord pour que je mange… Je vais être témoin d’un défilé incessant de médecins qui viennent tous se présenter et m’examiner en me disant que sera eux qui m’accoucheront. En réalité, je ne reverrai jamais tous ces médecins. Je vais aller marcher un peu dans le corridor. Ah pis laisse donc faire, j’ai l’impression qu’un truck vient de me passer sur le corps et je ne suis pas capable de faire plus que 3 mètres. Mes parents vont venir passer une bonne partie de la journée avec nous. Je vais passer quelques coups de téléphones à des copines. Mon chum et moi, surtout mon chum, allons faire des siestes. Je vais bitcher sur les maudites folles qui ont décidé d’avoir un accouchement naturel, qui hurlent leur vie de douleur et qui me tapent royalement sur les nerfs à ce moment précis de mon existence. Sérieux, ce bébé-là je l’ai porté pendant 42 semaines (pas 40 là, 42!!!) et il va sortir de mon corps. J’pense pas que j’ai besoin de souffrir pour être plus en symbiose avec lui. La symbiose, ça fait assez longtemps qu’elle dure!

Source image : Pexels 

Mon frère va venir passer la nuit pour me tenir compagnie pendant que mon chum essaie de dormir sur le fauteuil à côté de mon lit. Aux petites heures du matin, je vais réclamer à l’infirmière qu’on me donne pour une 3e fois l’épidurale parce que j’ai mal, j’ai tellement mal. Ma charmante-pas-si-charmante-que-ça infirmière de nuit va me répondre que «c’est normal madame d’avoir mal vers la fin. Je vais vous donner une bouillotte chaude à la place». J’en veux pas de ta cr?$%& de bouillotte!!! Pis t’as quel âge toi? 19 ans!!! Tu sors de l’école et t’as JAMAIS accouché. RAPPELLE L’ANESTHÉSISTE!!!  Mes parents vont revenir le lendemain matin. Et pendant tout ce temps-là, il y a un nombre considérable d’êtres humains que je ne connais pas qui vont mettre leurs doigts dans mon vagin. Ben oui, pendant l’accouchement, ton vagin devient ouvert à tous. C’est charmant comme ça.

Alors le temps continue de passer et même si plein de choses se passent enfin, ben ÇA ne se passe toujours pas. Même si je me suis présentée à 7h00 le vendredi matin et que mon travail a débuté autour de 8h00, et bien je suis encore et toujours enceinte 24 heures plus tard…

Il est donc 7h00 et quelques le samedi matin. Ça fait maintenant 2 heures que je pousse. Et j’ai mal. Et je suis épuisée.

accouchement Source image : Pexels 

Mes parents sont dans le couloir et m’entendent crier à chaque poussée. Et là, ma mère voit entrer dans le département l’infirmière qui avait passé la journée de la veille avec moi. C’est elle qui m’avait accueilli à 7h à mon arrivée. Elle avait fait un temps supplémentaire et m’avait quitté en début de soirée en me disant que je ne serais plus là à son retour le lendemain matin. Elle revient donc le fameux lendemain matin et je suis encore là.

Ma mère m’a raconté qu’elle l’a vue arriver, regarder au tableau et constater que j’étais encore en chambre d’accouchement. Elle s’est alors exprimée à voix haute, pour elle-même «Elle n’a pas encore accouché!?! Bon, j’ai pas dormi beaucoup cette nuit. Est-ce que je suis assez en forme pour faire un accouchement ce matin?» Et c’est là qu’elle est allée voir son infirmière-chef pour lui demander de la changer de patiente et d’être assignée à ma chambre. Ma mère, elle-même infirmière, était soulagée. Elle savait qu’avec elle, ça allait se passer.

L’infirmière est entrée dans ma chambre et m’a dit qu’on allait faire sortir ça ce bébé-là. Un nouveau médecin est arrivé et m’a examiné. Il a constaté que j’étais épuisée et que je n’y arriverais pas comme ça. Il m’a fait trois propositions. On essaie avec les forceps Heuuuu non!!! J’peux pas croire que ça existe encore c’t’affaire-là, on va finir ça en césarienne Heille! Ça fait 24 heures que je suis ici, on n’aurait pas pu la faire hier ma cr?%&$ de césarienne, je m’en fou moi du trou par lequel il sort ce bébé-là, mais c’est pas vrai que je me vais m’être tapée ET le travail de 24 heures ET la césarienne, on pourrait te redonner une shot d’épidurale pour voir ÇA FAIT 2 HEURES QUE JE DEMANDE JUSTE ÇA!!!

Et c’est comme ça que l’anesthésiste est revenue me shooter et qu’on a poursuivi l’aventure, mon chum, l’infirmière et moi. Entre chaque poussée, mon chum me relâchait les jambes, je tombais à la renverse sur le lit et je m’endormais pendant quelques secondes (ce n’est même pas une blague, je m’endormais réellement l’espace d’un court instant). Et notre infirmière, tel un coach de football, en suivant les contractions sur le moniteur, nous criait des mots d’encouragement juste au bon moment. Go go go!!! Pousse, pousse, pousse. T’es capable. Ça s’en vient. Alors je me réveillais en sursaut, mon chum me relevait le dos et me tenait les jambes et je poussais. J’ai poussé pendant encore plus d’une heure.

Et j’ai fait caca. Ben oui! J’ai fait caca, couchée sur un lit, les jambes écartées, à côté de mon chum, dans la face d’une infirmière, pendant des heures. J’ai fait caca et j’ai donné naissance à un enfant… en même temps!

J’ai finalement accouché le 6 janvier, à 8h43, d’une petite merveille qu’on a rapidement surnommée petite poule. L’infirmière a déposé ma petite poule sur moi et je l’ai aimée tout-de-suite. Et j’ai vomi et j’ai pleuré. Tout ça, le vagin encore bien dans la face d’un médecin qui me faisait quelques points de suture à l’entre-jambe.

naissance Source image : Unsplash

Quand on dit que donner naissance à un enfant c'est un miracle de la vie, je suis bien d'accord. Sérieux, il n'y a rien de normal là-dedans.

Je ne peux pas croire qu'à ce jour, avec les avancées technologiques de notre monde moderne, on ne soit pas encore rendu à la ponte de l'œuf. Ben oui quoi! On fait l'amour le mardi soir, on pond un œuf le mercredi midi, on le met dans une couveuse et 9 mois plus tard hop! notre petit coco sort de sa coquille. (Et c'est en écrivant ces lignes que je réalise que depuis leur naissance, je surnomme tous mes enfants "mes petits poulets". Je pense que je vais partir un regroupement du genre Pour la ponte de l’œuf chez la femme humaine. À suivre.)

Donc, en attendant la ponte et la couveuse, accoucher c’est pas mal donner la vie et faire caca devant des inconnus… en même temps!!

Maintenant, tu sais tout ce qu’il y a à savoir sur l’accouchement vaginal. Bonne chance là!

Source image couverture : Unsplash 
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