Pour les touts petits, la période des Fêtes est le temps de l’année où on écrit au Père Noël et où on cherche nos cadeaux parmi les récents achats déjà emballés. Pour les grands, cette période de l’année reste le moment où l’on reçoit des biens matériels, certes, mais porte davantage vers la famille.

Au moment de commencer mes préparatifs pour le dernier mois de l'année, je fais un souhait. Celui qui est le plus cher à mon coeur : celui de me souvenir. 

En ce moment, je travaille avec des personnes âgées atteintes de démence, de troubles de santé mentale, qui vivent avec une condition physique particulière et qui n’ont aucuns maux particuliers, mis à part l’âge. Je vois donc la vraie vieillesse. Celle qui démontre la douceur de vieillir en santé et de se rapprocher tranquillement, mais surement, du nombre des 100 années de vie. Tout comme celle qui est difficile à accepter et à vivre. À subir parfois. 

Cela m'a fait réfléchir à quoi pourrait ressembler ma vieillesse à moi.

J'en viens à me dire qu'oublier certaines choses, comme la couleur de la robe de bal, mon premier tatouage, mon code postal, mon âge, mon dernier voyage et même la dernière chanson que j'ai écoutée, c'est très secondaire à mes yeux. Tout comme me demander si je suis allée une ou plusieurs fois à la plage, le nombre de cotons ouatés que j'ai possédés dans ma vie et le dernier livre que j'ai lu.

Cependant, j'aimerais me rappeler du jour où j'ai eu mon enfant. Peut-être pas de la journée précise, mais au moins de la saison. Et j'aimerais déguster encore une dernière bouteille provenant du pays où je suis tombée amoureuse.

J'aimerais ne pas oublier mon film favori et du groupe de musique qui me fait vibrer plus que les autres. Je ne veux surtout pas oublier mon émerveillement devant la première neige, qui s'accumule tranquillement pour recouvrir le sol d'un tapis blanc. Et du plaisir de faire des anges sur cette nappe blanche, tout en sifflotant la chanson que j'aurais voulu écrire. Et avec tout cela, je veux aussi avoir la chance d'insuffler à mon enfant ma plus grande passion : celle de la musique.

Mais je veux surtout ressentir ce bien-être chaud qui me donne l'impression d'avoir bien accompli ma vie. Ce sentiment qui me fera dire, beaucoup plus tard, que je ne voudrais rien changer si c'était à recommencer.

Ne rien oublier de tout cela.

Mais, aussi, me souvenir.

Me souvenir de ma couleur favorite. De la saison que je préfère. De la chaleur qui apparaît au creux de notre estomac lorsqu'on se colle sur quelqu'un. Me souvenir de mon enfant ; son nom, la couleur précise de ses yeux. De me donner la chance qu'iel se souvienne des surnoms que l'on se donne et qu'iel puisse mes les rappeler si ma mémoire fait un jour défaut.

Me souvenir du bonheur de la vie avec iel. Ainsi que de lui laisser l'héritage que je désire tant lui offrir, qui se résume en quelques mots. Réconfort, gratitude, utile, apaisant, mémoire. Ce sont ces mots qui feront qu'on se souviendra de ce que j'ai été. De mes valeurs, de mon émerveillement facile et du bonheur qui m'a entourée.

Ce sont les chansons Si jamais j'oublie de Zaz et Ficelles d'Ingrid St-Pierre qui m'ont fait réfléchir à ce qui comptait vraiment. Ce qui valait la peine d'écrire, pour m'en rappeler toujours.

Et toi, de quoi voudrais-tu te souvenir?

Source de l'image de couverture : Unsplash

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