M. Bélanger, un client de la pharmacie Jean Coutu, est furieux d’attendre 15 minutes de plus pour ses médicaments, pour lesquels il a appelé 15 minutes après l’ouverture et qui ne sont miraculeusement pas préparés.
Ce matin, en se rendant au travail, Ginette a failli griller les feux rouges et percuter un piéton tant qu’elle se dépêchait d’arriver à l’heure au boulot.
Cela fait au moins 5 minutes que Marc attend son café ; il ne cesse de consulter sa montre. « Ces gens-là sont d’une lenteur », dit-il en tapant du pied, car il ne veut pas rater son bus.
Qu’est-ce qui a bien pu se passer pour que l’être humain devienne aussi impatient?
Ces exemples cités ne sont que des échantillons d’une multitude de situations pour lesquelles l’humain fait preuve d’impatience. Je vous épargne mon aventure d’un samedi ; lassée d’attendre dans une file qui ne faisait que grossir à l’épicerie, j’ai fini par laisser mon panier rempli de courses au beau milieu du magasin pour rentrer chez moi. Ah oui ! Bien entendu, je fais partie de ces 99,9 % de ceux qui s’énervent quand cela prend plus de temps que prévu. Je n’en suis pas fière. Néanmoins, ce phénomène m’interpelle et me pousse à me poser une question : comment a-t-on fait pour en arriver là ?
Depuis des années maintenant, j'observe l'évolution de l'homme et de son mode de vie. Que ce soit dans sa vie personnelle ou professionnelle, un dénominateur commun revient constamment : une course à la montre pour atteindre ses objectifs. Tout est chronométré dans l'attente d'un résultat instantané. 15 minutes d'attente deviennent une éternité. Marcher pour faire ses courses dans l'épicerie du quartier devient trop long. Vive la voiture ! Créer du temps pour se relaxer est une perte de temps. Time is money ! Donner une direction à une inconnue dans la rue devient également une perte de temps. Google Maps a été conçu pour cela!
Sans nous en rendre compte, nous vivons quotidiennement avec un démon qui nous dirige : l'impatience.
Être impatient accentue nos émotions négatives. Cela nous rend stressés, anxieux, angoissés et colériques. On a qu'à observer le nombre grandissant de maladies liées au stress, à l'anxiété et à la colère dans le monde., une augmentation de 25% selon un expert de L’OMS (organisation mondiale de la santé) depuis 2020.
Cette impatience nous plonge dans une frustration permanente, ce qui est néfaste pour notre bien-être physique et mental.
En 2024, dans cette société qui nous pousse constamment à nous challenger, à courir à gauche et à droite, n'est-il pas temps de ralentir pour mieux apprécier la vie ? À quoi bon s'énerver dès son réveil pour un problème qui peut être résolu le jour même ? M. Bélanger aurait pu appeler la veille s'il ne voulait pas attendre. Ginette aurait pu se réveiller plus tôt afin d'arriver à l’heure au boulot. Marc aurait pu préparer son café. J'aurais pu passer plus tôt pour éviter la file d'attente à l'épicerie. Parfois, il suffit juste de changer certaines habitudes pour mieux adapter son quotidien.
Je ne sais pas comment on en est arrivé là, mais je suis convaincu d'une chose : il n'est pas trop tard pour y remédier.
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