Je sais bien que tu y tenais. Mais le pire est passé. Tu peux enfin respirer à nouveau.
T’auras bûché quelques fois pour éviter de chavirer dans la tempête. Ironiquement, le navire se sera renversé sur des eaux calmes.
C’est fou comme vous auriez pu faire ça autrement. Fallait-il réellement en arriver là? Combien de fois auriez-vous pu seulement vous asseoir et en discuter afin de trouver un terrain d’entente? Une entente de renouveau, ensemble ou séparément.
Eh bien non, y aura fallu que tout explose. Pis là, ben, tu te sens vide en dedans.
Les rôles de fautif et de victime importent peu quand la rupture survient. C’est bien souvent la fin du monde. La fin d’un monde. On est parfois détruit, parfois soulagé. Mais peu importe dans quel camp nous nous retrouvons, c’est souvent un terrain de démolition qui se dresse devant nous. Terrain qu’il faudra nettoyer, évaluer, rebâtir et entretenir. Tout ça ne se fait pas du jour au lendemain. Les lendemains arrivent rapidement et les jours nous paraissent soudainement interminables.
Bien qu’on se soit plaint à maintes reprises et qu’on ait fait part de son insatisfaction de l’autre à qui voulait bien l’entendre, c’était la chose à faire.
Malgré la tristesse et la peur de l’inconnu, il est temps de passer à autre chose. Tu sais bien que ce ne sera pas facile certains jours. Tu recevras des rappels, des messages, des odeurs, des souvenirs à grands coups de nostalgie.
Chacun vivra ça à sa manière. Peu importe la façon, d’un côté comme de l’autre, les tourbillons d’émotions pour tout et pour rien surgiront à tout moment.
Pour sa façon qu’elle avait d'ouvrir grand les yeux lorsque son repas se déposait devant elle au resto ou par les bruits qu’il laissait s’échapper en s’assoupissant juste avant de dormir.
Lorsqu'un semblant de son prénom retentira dans les haut-parleurs de la salle d’attente ou que quelqu’un racontera une anecdote qui s’est passée la même date que son anniversaire, ça te fera lever les yeux ou encore pincer ton cœur. Fait chier, t’avais pas besoin de ça.
Pas maintenant, pas tout de suite.
Ton univers ne sera plus jamais pareil. Mais ça ne veut pas dire que tu ne pourras pas t’en recréer un nouveau, un différent, un plus beau comme tu lui en souhaites autant. À toi de voir. Tu ne pourras pas passer toute ta vie avec ces ressentiments. Ceux qui lacèrent le cœur et qui te font perdre toute joie de vivre, te retenant en tout temps de ne pas gémir.
L’humain supporte bien mal les blessures au cœur. Il les tolère très bien, par contre. Si bien qu’il réussira bien trop souvent à les camoufler et les enterrer sans que plus personne ne s’en aperçoive. Plus personne, même pas toi. Puis elles resurgiront à un moment et pas toujours à un bon.
Guéris-toi. Prends le temps. Sans délai. Juste pour toi. Y a quoi qui presse? Tu y auras cru, à la personne qui était avec toi avant toi. Aie la même foi en toi. La dernière année n’aura pas été de tout repos. Lève ton verre à en obtenir un meilleur.
De toute façon, y a pas de bonne façon de vivre tout ça. Certains fonceront comme s’ils étaient complètement dépourvus de toute émotion alors que d’autres passeront de longues heures pliées en boule à revivre en mémoire tous ces beaux moments sur fond de Lewis Capaldi en arrière-plan.
Qu’importe le chemin que tu emprunteras et que tu te dicteras, t’auras parfois l’impression d’avoir tout perdu. La tête, le corps, le cœur, le souffle, l’appétit, l’inspiration et l’attente du mieux. Mais il n’en sera rien. Durant tout ce temps, il restera toi et qui tu es vraiment. Qui tu veux être et comptes devenir après avoir utilisé le « vous » durant quelques années.
Les amis seront présents, ou du moins ils te le feront savoir. À toi de voir. Leur présence n’éliminera rien sinon de mettre un baume l’instant d’un instant.
Prends-les, ces moments, autant que possible, autant que présents. Ça ne changera rien à cette foutue peine qui afflue en permanence dans tes veines, car, de toute façon, elle y sera encore lorsque, en fin de soirée, les lumières s’éteindront. Elle t’attendra bien au chaud, mais s’estompera lorsque tu ne t’y attendras pas.
Et puis là, tu te surprendras.
Tu te surprendras à de moins en moins y penser, à de plus en plus l’oublier.
Les jours seront moins longs et les nuits meilleures.
Tu t’attarderas davantage à la nouvelle cohorte qui s’amène au bureau. Et si jamais?
Les rires reviendront plus naturellement. Le soleil te fera sourire. Les oiseaux seront tout à coup plus beaux. La musique qui entrera dans tes oreilles ne sera plus pareille.
Tes amis te diront combien ils sont contents de te retrouver, que tu te sois retrouvé. Ils ne t’avaient pas perdu, mais c’est juste que tu agis différemment lorsque ça ne tourne pas rond.
Tu te rendras compte qu’il y a bien plus que tout ça. La rancœur et la frustration feront place au pardon.
Au-delà du malheur d’une telle expérience vécue, il y a toi qui en ressors grandi.
Les gens autour de toi en sont ravis, il y aura de nouveaux défis et de nouvelles propositions de rendez-vous qui se pointeront. L’achat de nouveaux vêtements et l’envie de changer de tête pour accueillir la nouvelle saison et ton cœur en apparence guéri.
Tout ceci se passera dans l’ordre ou dans le désordre, je te rassure.
Mais t’en es pas encore là et c’est OK, donne-toi le temps.
Prends le temps, tout ton temps.
Et du temps, t’en as. Ravale ta tristesse et avance. Sous peu, tes matins iront de mieux en mieux. Tes soirées sous ta couverture préférée seront de plus en plus chaudes. Tourne le dos au passé, essaie de nouveaux chemins parfois même si tu dois les emprunter à genoux. Laisse-toi surprendre à cheminer.
Il n’y aura pas de moment précis où tu te considéreras remis, mais sache que comme personne ne meurt d’amour, eh bien, un jour, tu te surprendras à aimer à nouveau. Et qui sait si un jour la vie ne te prendra pas par les épaules en te chuchotant à l’oreille que c’est enfin ton tour.
D’ici là, pleure, ris, divertis-toi et crie. Y a pas de solutions magiques. Attends. Le temps réussira à te guérir là où tous les moyens artificiels utilisés auront échoué.
Mais surtout, ne t'inquiète pas, tu t'en remettras. S'il te plaît, crois-moi.
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